In Educavox :
Accéder au site source de notre article.
Les responsables du système éducatif n’ont assurément pas mesuré la gravité des angoisses générées par l’évaluationnite qui ne cesse de s’imposer et de se développer depuis une vingtaine d’années. Pas mesuré non plus ce terrible sentiment d’injustice chez celui qui pense qu’avec quelques minutes de plus, il aurait réussi comme les autres. Stress des élèves : « Demain, j’ai évaluation ». Stress des parents : « Demain, tu as évaluation, préparons-nous ». Stress des enseignants : « Demain commencera le règne de la paperasse avec les tableaux, les statistiques, les enquêtes, les power point… ». Le pouvoir technocratique, le transfert de la culture de l’entreprise à l’école, la vanité des chiffres balaient l’humain et le complexe, exonèrent le pouvoir, quel qu’il soit, de la nécessaire réflexion sur les conditions de la réussite scolaire et sur les pratiques pédagogiques, tendent à culpabiliser les personnes, élèves, enseignants, parents, sans remettre en cause les politiques
Dès l’instant où l’on se permet de critiquer les évaluations, on reçoit des volées de bois vert. On est rangé ipso facto dans le cercle des désobéisseurs, on est considéré comme un dinosaure hostile à toute transformation du système. Comme d’autres font systématiquement appel à des formes de bon sens apparent pour justifier des mesures rétrogrades insensées, on s’appuie sur de fausses évidences pour bloquer les analyses et les débats. Quand on a dit : « il faut quand même bien évaluer ! », certains croient avoir tout dit, ils n’ont rien dit.
Bien sûr qu’il faut évaluer ! A la condition que tout soit clair et que quelques problèmes fondamentaux soient résolus en mobilisant l’intelligence collective et en garantissant la plus large concertation avec les acteurs :
· Que l’on ne fusionne pas l’évaluation du système qui peut parfaitement être réalisée sur des échantillons et l’évaluation des performances des élèves qui est un outil pour les enseignants et pour les élèves
· Que l’on ne confonde pas évaluation et contrôle. Les évaluations à la maternelle, au CE et au CM n’en sont pas.
· Que l’on recherche avec détermination les moyens de rendre ces évaluations positives. Dire ce que sait l’élève, plutôt que de chercher systématiquement la faute, l’erreur, la lacune, la carence… et la stigmatisation.
· Que l’on n’utilise pas les évaluations pour étouffer la pédagogie. Le concept « panne/réparation » fonctionne pour l’automobile, pas pour l’enfant. L’analyse des pratiques qui produisent les résultats reste à faire.
· Que les évaluations soient au service de l’école et pas l’objet d’enjeux politiciens et de politiques de « comm »
Il sera intéressant de voir comment ce problème qui fait que les élèves français sont parmi les plus stressés des pays développés, sera traité dans les futurs projets éducatifs.
Mais vous n’êtes pas obligé d’être d’accord !