1) Présentation d’Eurydice
Cette séance sera organisée autour de l’intervention d’Anne Godenir, qui a assuré la coordination de l’étude « l ˜ évaluation des établissements d’enseignement obligatoire (écoles et collèges) en Europe », étude réalisée par l’unité européenne Eurydice.
Comme le décrit la couverture des brochures publiées par Eurydice, « Eurydice est un réseau institutionnel qui collecte, met à jour, analyse et diffuse une information fiable et comparable sur les politiques et les systémes éducatifs à travers l’Europe, à tous les niveaux d’enseignement. Les publications proposent des descriptions nationales des systémes éducatifs, des analyses comparatives sur des thèmes spécifiques, des indicateurs et des statistiques. Elles peuvent ainsi utilement compléter les publications purement quantitatives d’indicateurs.
Créée en 1980 à l’initiative de la commission Européenne, le réseau Eurydice est composé d’une unité européenne, basée à Bruxelles et d’unités nationales mises en place par les ministères de l’éducation des pays participant au programme Socrates. Ce sont les unités nationales, généralement placées au sein des ministères de l’éducation qui alimentent les études comparatives comme celle qui vous est présentée aujourd ˜ hui
Les publications d’Eurydice sont accessibles sur le site : www.eurydice.org
2)Le contexte de l’étude
Comme je vous l’ai indiquée lors de notre première séance « l’évaluation des systémes éducatifs en France et en Europe : tendances récentes « l’évaluation des établissements est clairement un des axes prioritaires du développement de l’évaluation, en liaison avec la mesure de la performance des élèves.
L’évaluation des établissements est d’abord un corollaire de l’accroissement de l’autonomie des établissements et de d’une tendance croissante à la décentralisation. La contrepartie de cette autonomie est l’évaluation des résultats. On passerait ainsi d’une gouvernance bureaucratique à une gouvernance par les résultats.
La conclusion de l’étude montre clairement qu’elle se situe dans cette perspective :
« Les deux grands mouvements qui ont marqué la gestion de l’ éducation en Europe ces dernières décennies- la décentralisation des moyens et l’ harmonisation des objectifs au niveau national ou supérieur en matière d’ éducation- sont indubitablement à l’ origine de l’ intérêt croissant porté à l’ évaluation des établissements scolaires. L4 harmonisation des objectifs apparaît a priori consécutive à la décentralisation. Cette dernière ne peut en effet s’opérer en conservant une certaine cohérence que s’il y définition d’objectifs nationaux mais aussi d’un niveau de compétence à atteindre. »
Notons cependant que même si généralement autonomie et évaluation vont de pair , la recentralisation en Angleterre s’est accompagnée d’un développement de l’évaluation et que les pays scandinaves, très décentralisés mais au niveau des municipalités ne pratiquent guère l’évaluation des établissements.
Notons par ailleurs que la recherche montre qu’il existe comme facteur de la réussite scolaire un effet établissement et un effet classe (homogénéité ou hétérogénéité de la classe) et que ces constatations légitiment des évaluations au niveau de l’établissement
3)Les principaux points de l’étude
Anne Godenir traitera des points suivants :
– Aspects méthodologiques : pourquoi l’analyse des modes d’ évaluation des établissements scolaires ?
– Place de l’évaluation des établissements scolaires dans l’ensemble du système d’évaluation
– Critères des évaluations externes avec la distinction des évaluations portant sur le processus et celles sur les résultats des élèves et l’analyse du niveau d’élaboration des critères qui touche à la problématique de la décentralisation.
– Evaluation externe des écoles et publications des résultats qui touche à la problématique de l’usage et des destinataires de l’évaluation et à celle de la compétition ou de la concurrence entre établissements
– Evaluation interne des écoles et participation des acteurs (enseignants – parents d’élèves) qui pose la question d’une évaluation purement techniciste ou technocratique et d’une évaluation plus participative
– liens entre évaluation externe et évaluation interne des écoles
– Soutiens offerts aux établissements pour conduire l’évaluation interne
4) Retour sur la situation en France
Ce point a été abordé lors de la première séance. Deux rapports ont été produits sur l’évaluation des établissements
– Un rapport de Pierre Daste et un avis du Haut Conseil de l’évaluation de l’Ecole sur l’évaluation des lycées de janvier 2002, disponibles, sur le site : hhtp://cisad.adc.education.fr/hcee
– Un rapport conjoint des deux inspections générales sur l’ évaluation des collèges et des lycées en France : bilan critique et perspectives en 2004 , rapport qui introduisait quelques éléments de comparaison internationale Ce rapport sera prochainement consultable sur le site du ministère : www.education.fr
Il faut ajouter que La Cour des Comptes dans son rapport sur la gestion du systéme éducatif, dans son chapitre consacré Ã l’évaluation, traite également cette question
Tous ces rapports arrivent en fait à des conclusions similaires :
– Malgré une obligation légale (: « le conseil d’ administration établit chaque année un rapport sur le fonctionnement pédagogique l’ établissement, les résultats obtenus et les objectifs à atteindre » Article L 421-4 du code de l’ Education), La France apparaît comme en retard dans le domaine de l’ évaluation des établissements
– L’avis du haut conseil considère que l’évaluation des établissements est en France une préoccupation récente. Des travaux existent ( évaluation d’établissements par les inspections générales, évaluation de l’enseignement en académie qui inclut des évaluations d ˜ établissements, audit d’établissements à l’ initiative des recteurs’ académie comme à LILLE ) Des indicateurs de performances des lycées ont été mis au point par la DEP à partir de l’ analyse des résultats au baccalauréat Ces indicateurs introduisent une valeur ajoutée des établissements en comparant les résultats des élèves à ceux attendus compte tenu des caractéristiques de la population scolaire de l’ établissement. Mais ils ne mesurent pas encore, en n’intégrant pas un indicateur sur le niveau des élèves entrant au lycée les progrès accomplis au cours de la scolarité (1 )
Surtout l’avis souligne
« l’ absence d’ une démarche coordonnée qui s’ appuierait sur ces travaux pour promouvoir une évaluation effective et globale de chaque établissement . LE haut conseil déplore une fois de plus la faible coordination des travaux, l’ absence de capitalisation de leurs résultats et la modestie pour ne pas dire l’ inexistence de leurs usages par les établissements eux – mêmes »
Le rapport des inspections générales parle d’une » exception française » la faible attention portée à l’ évaluation des établissements « IL analyse les obstacles à l’ évaluation systématique des établissementS. Certaines difficultés résultent du manque de visibilité des établissements en tant que tels ( l( établissement serait moins important que la classe ou le maître, ) D’ autres tiennent à la réticence des acteurs devant l’ évaluation de l’ établissement avec le spectre de la marchandisation ou du consumérisme. D4 autres tiennent à la mauvaise gestion par l’administration du projet d’établissement et à l’ambiguïté des rapports entre l’inspection individuelle, autre exception française et l’évaluation des établissements et des missions des corps d’inspection. IL montre les insuffisances des expériences des évaluations de EPLE réalisées sur initiative académique même dans l’académie de Lille, où elles ont revêtu un caractère systématique. IL propose également des améliorations au systéme statistique.
L’ensemble de ces rapports comme les propositions de la Commission Thélot converge vers une démarche plus systématique d’évaluation des établissements, fondée sur le triptyque, au demeurant classique
– L’établissement propose à un horizon de 3 ans, les objectifs et actions qu ˜il considère comme souhaitables (projet d’établissement )
– La proposition de l’établissement débouche sur un contrat
– le contrat est évalué au bout de 3 ans à partir des indicateurs de résultats, d’une auto évaluation de l’établissement et d’un rapport public des évaluateurs externes
5) éléments bibliographiques
– Le rapport eurydice et celui du HCEE sont accessibles sur internet à partir des sites -mentionnés ci – dessus
– Le résumé du rapport des inspections générales vous sera distribué en séance
– Une analyse rapide faite par l’IGAENR Roger Francoi Gauthier des dispositifs des différents pays est en pièce jointe