Salles gérées et animées par les parents dans les établissements scolaires, les espaces-parents sont désormais prévus par la loi. Il reste à les généraliser.
Objectif : créer du lien entre les parents, l’équipe éducative et les enfants.
Nous avons organisé des débats, des ateliers d’arts plastiques, des mères viennent attendre leur enfant en donnant le goûter au petit dernier », explique Brigitte Compain, présidente de la FCPEd’Ile-et-Vilaine et parent d’élève à Rennes. « Certains enfants sont davantage contents d’aller à l’école parce qu’elle devient aussi l’espace de leurs parents. Ils se sentent plus à l’aise, ou plus
en sécurité. » L’idée des espaces-parents, défendue notamment par ATD Quart Monde et la FCPE,part d’un constat : « Un enfant qui ressent entre ses parents et ses enseignants des discordances allant jusqu’à la déconsidération, ainsi que des dissonances entre les savoirs de l’école et ceux de son milieu, se met à redouter l’école et est entravé dans ses apprentissages», explique ATDQuart Monde. Pour y remédier, les parents peuvent s’organiser autour des espaces-parents. Les plus à l’aise avec l’école peuvent devenir des parents-relais pour intégrer peu à peu les autres à la vie de l’ établissement, en leur donnant confiance.
« Cela facilite les échanges»
Pour fonctionner, l’espace doit aussi être bien situé. « Nous l’avons ouvert au coeur de l’établissement, à côté de la Vie scolaire et de la salle des profs, donc nous nous croisons et cela facilite les échanges », indique Rémy Rohrbach, principal du collège Chevreul à l’Hay-les-Roses, dans le Val-de-Mame, où un espace-parents a été créé en 2009. Les parents animateurs tiennent deux permanences par mois et invitent les autres parents à des discussions à thème : « Le cartable, parlons-en ! », « L’orientation, parlons-en ! », etc. Parfois, plus de cent parents se déplacent.
Les enseignants, le CPE sont invités pour tout ou partie de la réunion. « En tant que principal, j’y vois beaucoup d’aspects positifs, poursuit Rémy Rohrbach. Les parents n’entrent pas seulement à l’école pour venir chercher le bulletin ou parce que leur enfant a fait une bêtise, et cela a beaucoup fait baisser l’agressivité. De plus, les parents sont fédérés entre eux, et constituent de
véritables interlocuteurs pour nous, avec près de 80% de participation aux réunions parents-professeurs, ce qui est beaucoup pour un collège en ZEP.Les parents sont force de proposition, et participent à la préparation du projet d’établissement. »
Cela fait longtemps que le ministère loue les mérites des espaces-parents, et la ministre déléguée à la Réussite éducative, George Pau-Langevin, les a encore qualifiés d’« avancée très attendue » lors du congrès de la FCPE,en mai dernier.
Donner les moyens financiers
«Il faut maintenant des actes, affirme Sylvie Fromentelle, vice-présidente de la FCPE, et il faut que ces espaces puissent vivre autrement qu’en s’appuyant uniquement sur des bénévoles; Il faut aussi qu’ils soient accessibles quand les parents sont disponibles, c’est-à-dire souvent quand l’école est fermée. Les textes existent, maintenant le ministère doit donner un grand élan,
porter cela avec les collectivités territoriales.» Y compris financièrement, pour que la généralisation des espaces-parents se fasse dans de bonnes conditions, et sans inégalités territoriales en fonction des moyens des communes et départements.
Dante Sanjurjo