Ceux qui avaient critiqué dans le décret des rythmes son découpage en neuf demi-journées avaient pressenti l’effet « ça ne change rien ! » : pour les enfants autant de temps à l’école, pour les enseignants plus de présence avec la fatigue toujours au rendez-vous. Un effet amplifié par les médias qui s’en régalent !Ils avaient prévenu le ministre que ce découpage n’apporterait que des difficultés et qu’il fallait viser cinq journées pour répartir correctement les temps d’enseignement et d’activités périscolaires et ainsi conserver pour les enfants équilibre et régularité. Le carcan de ces demi-journées a empêché également l’élaboration de projets éducatifs dignes de ce nom, car des plages de temps plus importantes sont indispensables pour les réaliser. Seules quelques dérogations l’ont permis dans quelques villes.
Le plus souvent, les communes ont rempli les 30 ou 45 minutes disponibles sans les penser. Seule une construction conjointe, école et territoire, des temps et espaces éducatifs aurait pu donner un sens au changement de semaine scolaire.
Le contenu des temps d’activités périscolaires (TAP) sur les temps hors enseignement dépend surtout de l’existant sur le territoire. Lorsque les communes ne proposaient rien ou presque rien hors de l’école, elles ne proposent toujours rien ou presque rien et se limitent à assurer la garderie. Seules les communes déjà investies dans le hors scolaire ont pu proposer des activités culturelles.
L’idée que les enseignants aient un temps hors enseignement aurait pu également impulser des projets construits avec les autres acteurs éducatifs… mais le choix du contenu proposé aux enseignants pour ce temps d’activité pédagogique complémentaire (APC) prête à confusion.
Une heure d’activité pédagogique remplace les deux heures dévolues à l’aide personnalisée (AP), mais elle peut être toujours utilisée pour le soutien aux élèves en difficulté ou pour l’aide au travail personnel (les devoirs pour beaucoup). Certes, il reste une autre possibilité : le conseil des maîtres peut proposer une activité en lien ou non avec le projet éducatif du territoire (PEdT), mais sans une volonté particulière de l’équipe enseignante, l’APC peut rester une AP réduite d’une heure.
On pouvait espérer que grâce aux premières expériences, aux remontées des comités de suivi, on réajusterait, on améliorerait, on briserait le carcan des demi-journées et que le décret évoluerait pour les années suivantes. Mais là, c’était sans compter sur le déferlement médiatique qui monte en neige les propos des opposants à la suppression de la semaine de quatre jours.
Opposants de droite comme de gauche ! Qu’ils signent à l’UMP ou qu’ils aient signé l’Appel de Bobigny !
Les premiers sont hypocrites, car ils taisent leur responsabilité : mise en place de la semaine de quatre jours, rapport sur ses inconvénients et une consultation sur les rythmes avec en final un consensus sur le retour à quatre jours et demi, mais laissée sans suite.
Les seconds sont amnésiques, car ils oublient le texte qu’ils ont signé pour améliorer « les rythmes de vie et de travail des enfants et des jeunes ».
L’amertume me gagne !
L’enfant, son éducation et son avenir sont bien loin des préoccupations électoralistes.
Les visées politiciennes à court terme remplacent sans états d’âme la pensée politique et ses projets.
À travers les rythmes, c’est toute la loi d’orientation et de programmation qui est visée. Bien sûr qu’elle est peu refondatrice, juste un peu réparatrice, qu’elle laisse sur sa faim… mais elle roule dans le bon sens.
Une certitude : celle que nous prépare la droite roule en sens inverse !