In Villes Internet – le 3 avril 2013 :
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Les temps humains ont changé avec internet, les outils et les objets numériques. Comme la géolocalisation transforme à jamais l’image de la planète et la relation avec l’espace terrestre, les temporalités et les rythmes de vie des êtres humains sont impactés par l’ubiquité et la synchronicité rendues possibles par les nouvelles technologies. De quoi améliorer et réinventer nos organisations, et l’école aussi.
Du temps passé à se nourrir aux temps de déplacement, du temps de travail au temps des loisirs, tous les rythmes de la vie quotidienne sont questionnés par de nouveaux comportements qui induisent des changements profonds de mode de vie. Les enfants scolarisés n’échappent pas à ces évolutions rapides : ils s’y adaptent probablement plus vite que les autres membres de leur famille.
Comme les pendules ont déserté les gares modernes, les montres sont des outils désuets pour les enfants qui utilisent le "portable" pour mesurer le temps. Ils se servent du groupe comme alerte pour être ponctuel, et, avec les réseaux sociaux, ils relativisent la solitude qui d’ailleurs n’est plus le mal du siècle ! Et, comme les adultes, ils vivent en plus grande mobilité. Il y a 10 ans déjà on le constatait : " La vie quotidienne des familles s’est complexifiée, avec d’une part la multiplication des sphères d’activités des membres d’un ménage (avec la double activité professionnelle, les loisirs et les activités extra-scolaires des enfants), et, d’autre part, l’éclatement spatial des espaces de la vie quotidienne (lieux publics, maisons,…). Il en résulte une recomposition des contraintes de la vie quotidienne des familles allant dans le sens d’une tension spatio-temporelle accrue des programmes d’activités dont la mobilité est un élément central : de la manière dont on programme la mobilité et de l’ingéniosité des enchaînements d’activités retenus vont souvent dépendre la qualité de vie." (Rapport de recherche CNAF 2002)
Cette ingéniosité pour la qualité de vie est au coeur du débat sur les rythmes de la vie de l’enfant et des adultes qui travaillent auprès de lui. La question se pose inlassablement : comment mieux vivre ensemble, comment mieux être ensemble ?
Ce grand débat sur le rythme de vie doit aussi résoudre des souffrances individuelles et sociales, mesurées par le stress, l’addiction aux calmants, les méfaits du travail sur la santé.
Sommes-nous loin de nos débats habituels à Villes Internet sur les usages citoyens du numérique ? Certainement pas. Les enjeux sont les mêmes :
- réorganiser le travail partagé dans les organisations publiques grâce aux outils collaboratifs ;
- simplifier la communication dans la communauté éducative comprenant la famille et la collectivité ;
- compenser la distance avec les objets connectés : se rapprocher des sources de la connaissance, évaluer les informations, produire des contributions sur la base de ses compétences et de son libre arbitre ;
- maîtriser son temps personnel, en respectant celui des autres, et en laissant la place à l’imprévu, aux sollicitations sociales, notamment avec les réseaux sociaux ;
- découvrir l’autonomie en découvrant largement le monde à portée de main ;
- renforcer les valeurs démocratique du service public pour tous
Dans une société qui porte comme jamais des opportunités de réorganisation, c’est bien avec les enfants qu’on peut inventer de nouveaux modes de faire société, d’apprendre et de produire à plusieurs et d’être heureux collectivement.
Reconnaissons que la question des rythmes scolaires est fondamentalement politique, ce politikos qui constitue le cadre d’une société organisée et civilisée, et que cette société est aujourd’hui imprégnée de ses récentes inventions.
Acceptons le rôle de la collectivité, de la Cité, dans ces équilibres à trouver avec les technologies, pour le bien-être des enfants et de tous. Alors nous verrons que cette question est une formidable ouverture, un espoir, pour poser les jalons d’un temps ensemble -enfants, adultes, ancêtres et descendants- où le développement social passe par l’imagination et la création, et donc par des dispositifs de reliance que l’on doit maîtriser pour y construire la confiance.
Nous pouvons profiter de ces nouvelles techniques au services de la société, sans être aveuglés, sans passions, avec des règles et des savoirs faire à s’approprier. Elles nous permettent alors de créer des ponts organisationnels entre les temps de la famille et ceux des groupes proches, entre les lieux privés et publics, entre les anciens et les jeunes, entre les exclus et les élites,… Avec des réseaux relationnels en présentiel et en distanciel, on peut inventer des espaces de passage de connaissances et de compétences dans des territoires et des lieux rassurants, familiers et ouverts.
Cette citoyenneté en progression est plus difficile à vivre pour nous, les adultes, avec d’autres habitudes. Les enfants, eux, ne refusent que l’ennui et les limites, et voient très vite que les écrans sont des espaces vierges à découvrir et à fertiliser pour peu qu’on leur en donne les bonnes clés au bon moment.
A Villes internet avec les Ecoles Internet, nous nous attacherons cette année encore à montrer combien les initiatives locales sont riches et productives.
Quels que soient vos rythmes vous avez jusqu’au 30 septembre pour témoigner dans le cadre du 15ème Label Ville Internet.
Et d’ici là nous ne manquerons pas de nous retrouver pour échanger nos expériences en ligne et lors de Rencontres dédiées à l’éducation.
A très bientôt dans nos réseaux !
Florence Durand-Tornare
Fondatrice et déléguée de Villes Internet