In observatoire des inégalités 7 janvier 2010 :
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L’égalité des chances est un concept juste, mais aveugle aux inégalités sociales. L’analyse de François Dubet, professeur de sociologie à l’université de Bordeaux et directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (Paris).
L’ouverture continue de l’école secondaire et de l’enseignement supérieur a permis d’accueillir des élèves qui en avaient longtemps été exclus, mais le long mouvement de massification scolaire a déçu. Quand on y regarde de près, le recrutement des élites scolaires ne change guère, la distribution des élèves dans les diverses filières reste déterminée par leurs origines sociales et ceux qui échouent et quittent l’école sans diplômes sont issus des catégories sociales les moins favorisées. Le niveau scolaire s’est déplacé vers le haut, sans bousculer profondément la structure des inégalités. Ceci est d’autant plus choquant que l’égalité des chances apparaît aujourd’hui comme la figure dominante de la justice sociale. En fait, ce sont moins les inégalités entre les divers segments du système scolaire qui nous scandalisent, que les obstacles à la mobilité sociale et à l’égalité des chances offertes aux jeunes d’accéder à toutes les positions scolaires et sociales, aussi inégales entre elles soient-elles. Aussi, tout un ensemble de dispositifs, d’institutions, de chartes de bonne conduites, de réglementations, de déclarations politiques venues de droite et de gauche, et d’appareils statistiques, dénoncent les discriminations dont sont victimes les filles, les enfants issus des « minorités visibles » et les plus pauvres afin de promouvoir l’égalité des chances devant le travail, le logement, la santé, l’éducation…