Réduire les inégalités de revenus pourrait donner un coup de fouet à la croissance économique, selon une nouvelle analyse de l’OCDE. Les travaux de l’Organisation montrent en effet que la croissance économique croît plus vite dans les pays où les inégalités de revenus diminuent que dans ceux où les inégalités de revenus augmentent.
L’effet le plus important constaté sur la croissance est provoqué par le creusement de l’écart entre, d’un côté, la classe moyenne inférieure et les ménages pauvres et, de l’autre, le reste de la société. L’éducation est la clé : c’est principalement à cause de l’investissement insuffisant des ménages pauvres dans l’éducation que les inégalités pèsent sur la croissance.
« Ces éléments indiscutables montrent à quel point il est crucial de s’attaquer à l’aggravation des inégalités si l’on veut favoriser une croissance forte et pérenne, et combien il importe de placer cette question au premier plan des débats sur l’action à mener », constate Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE. « Ce sont les pays qui œuvrent à l’égalité des chances dès le plus jeune âge qui parviendront à relever le défi de la croissance et de la prospérité ».
Le creusement des inégalités a coûté plus de 10 points de croissance au Mexique et à la Nouvelle-Zélande ces vingt dernières années, et entre 6 et 9 points aux États-Unis, à l’Italie et au Royaume-Uni. Le même phénomène s’observe en Finlande, en Norvège et en Suède, même si les niveaux d’inégalité étaient moins élevés. À l’inverse, une situation plus égalitaire a contribué à faire progresser le PIB par habitant en Espagne, en France et en Irlande avant la crise.
Selon de nouveaux éléments mis en évidence dans ce rapport, les inégalités agissent principalement sur la croissance en limitant les possibilités d’instruction des enfants issus de milieux socioéconomiques modestes, ainsi que la mobilité sociale et le développement des compétences.
Les résultats scolaires des personnes dont les parents ont un faible niveau d’instruction se dégradent à mesure que les inégalités de revenu sont plus prononcées. À titre de comparaison, ce n’est pratiquement pas le cas, voire pas du tout, lorsque le niveau d’instruction parental est moyen ou élevé.
Les effets des inégalités sur la croissance découlent de l’écart non pas entre les 10 % les plus pauvres de la population mais bien entre les 40 % les plus défavorisés et le reste de la société. L’OCDE estime que les programmes de lutte contre la pauvreté ne pourront, à eux seuls, résorber cet écart. Les transferts en nature et le renforcement de l’accès aux services publics, notamment à des services d’éducation, de formation et de soins de qualité, constituent un investissement social essentiel pour améliorer l’égalité des chances à long terme.
Il ressort également de l’analyse que la redistribution, fondée notamment sur les impôts et les prestations sociales, n’est pas en soi un frein à la croissance, à condition que les mesures prises dans ce sens soient conçues, ciblées et mises en œuvre correctement.
Ce document de travail intitulé Trends in income inequality and its impact on economic growth s’inscrit dans le cadre de l’initiative de l’OCDE relative à de Nouvelles approches face aux défis économiques, un processus de réflexion engagé à l’échelle de l’Organisation sur les causes de la crise économique mondiale et les enseignements à en tirer, en vue notamment de favoriser un processus d’amélioration continue des grilles d’analyse de l’OCDE.
Le rapport (en anglais) et un document de synthèse de 4 pages (disponible en français) sont consultables sur le site www.oecd.org/fr/social/inegalite-et-pauvrete.htm
Pour en savoir plus sur les travaux de l’OCDE sur les inégalités, vous pouvez consulter www.oecd.org/inequality.htm (en anglais)
Plus d’informations sur l’initiative de l’OCDE relative à de Nouvelles approches face aux défis économiques sont disponibles ici : www.oecd.org/fr/naec/
Pour faire part de leurs commentaires ou pour obtenir des informations supplémentaires, les journalistes sont invités à contacter Stefano Scarpetta, Directeur de la Direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE (+33 1 45 24 19 88), Michael Förster, Division des politiques sociales de l’OCDE (+33 1 45 24 92 80), ou Federico Cingano (+33 1 45 24 94 75), Division de l’analyse et des politiques de l’emploi de l’OCDE.
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