PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Le Figaro Etudiant – le 12 décembre 2013 :

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Anne Lauvergeon, présidente du fonds A2i, rend visite aux élèves de l’école de production de l’ICAM de Lille.

Le fonds A2i forme les jeunes décrocheurs aux métiers de l’industrie. Les rencontres organisées mercredi étaient l’occasion de faire un point sur le parcours des 13 000 jeunes ayant déjà bénéficié du dispositif.

 

Créé fin 2009 à l’initiative de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), le fonds Agir pour l’insertion dans l’industrie aide les jeunes décrocheurs à s’insérer sur le marché du travail dans le secteur de l’industrie, notamment en facilitant leur accès à des formations qualifiantes.

«Cette idée est née du constat d’un paradoxe : alors qu’on observe un chômage important, l’industrie manque, elle, de personnes qualifiées» explique Anne Lauvergeon ,présidente du fonds. D’où l’idée d’essayer d’équilibrer ces deux paramètres, en repérant les jeunes en difficulté dans le parcours scolaire «classique» et en leur permettant de se diriger vers des formations diplômantes aux débouchés plutôt sûrs, dans le secteur de l’industrie, auquel les jeunes ne pensent pas spontanément. «Notre but est double», poursuit l’ancienne présidente d’Areva: «Il s’agit d’une contribution sociétale mais aussi de développer des compétences et revaloriser l’industrie».

A ce jour, 13 000 jeunes ont bénéficié des trois dispositifs subventionnés par le fonds Agir pour l’industrie. Un chiffre déjà conséquent, sachant que l’on estime à 150 000 le nombre de jeunes qui décrochent de l’école chaque année, et à 80 000 le nombre de ceux qui abandonnent l’université.

En pratique, le fonds accompagne trois type de dispositifs pour apporter des solutions aux jeunes en situation de décrochage scolaire ou universitaire. Ces actions «visent à prévenir le décrochage ou à donner une seconde chance aux jeunes élèves ou étudiants qui ont décroché.» A ce jour, plus de 110 actions de terrains ont été menées, et soutenues à hauteur de 12 millions d’euros.

Des écoles de production pour les jeunes de 15 à 18 ans sortis du système scolaire

De nombreux jeunes décrochent dès le collège. «Je me suis fait virer de sept collèges en un an» témoigne l’un des jeunes aidé par ce fonds. «Aucun établissement ne m’acceptait» poursuit un autre. Pour ces décrocheurs, âgés de 15 à 18 ans, le fonds subventionne des écoles de production au fonctionnement assez méconnu et pourtant particulièrement intéressant. Au sein des écoles de production, les jeunes produisent des pièces destinées à être vendues, aux conditions du marché. «Parfois, nous pouvons bénéficier de quelques jours supplémentaires pour réaliser les commandes, mais dans l’ensemble nous sommes comparables à de vraies entreprises» explique Gaël Mary, directeur d’une école de production à Toulouse. Les bénéfices dégagés de ces ventes permettent de financer en grande partie la formation des jeunes. Celle-ci est très appliquée, et proche de leur futur métier. Elle leur permet aussi de décrocher un diplôme, CAP ou baccalauréat professionnel. Les jeunes semblent apprécier le concept: «Ici, on apprend des choses, et je ne pensais plus en apprendre un jour après avoir arrêté l’école» témoigne l’un d’eux.

Des sas de remise à niveau pour les étudiants en difficulté ou au chômage

Si la plupart des décrocheurs quittent le système scolaire avant le bac, certains abandonnent aussi l’université en cours de route, et la fondation a également pensé à eux. Elle finance ainsi des sas de remise à niveau pour les étudiants en difficulté ou au chômage. Ces formations de mise à niveau, de courte durée, leur apportent «un socle de compétences générales et techniques ainsi qu’une immersion en entreprise», pour leur permette ensuite d’accéder à un DUT ou un BTS industriel.

Laurent Bigorgne ,directeur de l’institut Montaigne, est convaincu de l’efficacité de ces dispositifs: «L’école souffre en France de quatre difficultés» explique-t-il. Parmi lesquelles «des relations difficiles aux questions d’insertion professionnelle et d’orientation» ainsi qu’un «mauvais système dual, et des problèmes avec l’apprentissage et la formation professionnelle». Pour lui, ce type de dispositif se révèle donc utile pour pallier les manquements du système classique.

Des bourses tremplins pour prévenir le décrochage de jeunes issus de milieux modestes

Mieux vaut prévenir que guérir nous conseille le célèbre adage. Le fonds A2i l’a bien compris, et cherche aussi à prévenir le décrochage. Pour ce faire, elle attribue des bourses tremplins à des jeunes issus de milieux populaires. Chaque lauréat se voit également attribuer un parrain. Julie, étudiante en master ingénierie de l’innovation technologique, en a bénéficié. «Cela m’a permis d’être autonome, et de pouvoir acheter les fournitures nécessaires» dit elle. Mais c’est surtout son mentor qui l’a beaucoup aidée: «J’ai pu échanger avec lui sur mes différents projets universitaires, et il a pu m’aider à décrocher mon stage de master 1» ajoute-t-elle. Son parrain, Sébastien, ingénieur mécanicien, est tout aussi content de cette expérience: «J’avais aussi quelques difficultés quand j’étais jeune, et j’aurai aimé avoir ce parrainage» explique-t-il. Il ajoute: «Cela permet de transmettre les savoirs, c’est très important pour les deux parties.» Julie dit elle être désormais «plus en confiance pour aborder la vie active». Pari réussi, donc, pour le fonds A2i.

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