L’école du Chambord en Loire-Atlantique a mis en
place, Ã titre expérimental les « horaires décalés »
pour organiser l’aide personnalisée aux élèves.
Comment le dispositif est-il jugé par l’équipe ?
éléments de réponse d’un adhérent du Sgen-CFDT.
L
e Chambord, fleuron
des châteaux de la
Renaissance désigne
également l’école publique
de Legé (4200 habitants) en
Loire-Atlantique méridionale
(extrême sud du département).
Signe particulier : celle-ci pratique
depuis la rentrée de septembre
les horaires décalés.
De façon pratique cela implique
que tout enfant, de la
maternelle au collège, commence
de façon inchangée sa
journée à 8 H 30, ramassage
scolaire oblige et la termine Ã
16 H 30 pour le premier degré.
Seuls les horaires du midi
se décalent.
Alors que les trois
classes de cycle 2 ont gardé,
comme par le passé, la pause
méridienne entre 11 H 30 et
13 H 30, les quatre classes de
cycle 3 poussent la matinée
jusqu’Ã midi pour reprendre
à 14 heures. Elles travaillent
donc 3 H 30 le matin et 2 H
30 l’après-midi.
L’intérêt de
l’opération réside dans le fait
que les enseignants du cycle
2 et du cycle 1 (la maternelle
se trouve de l’autre côté de la
cour) se mettent à disposition
des classes de cycle 3 entre 11 H 30 et midi pour l’aide individualisée.
De 13 H 30 Ã 14
heures, c’est le contraire, les
enseignants de cycle 3 prêtent
main forte aux collègues
de cycle 2. Dans les deux
cas, aucun élève ne dépasse
les 6 heures hebdomadaires
puisque l’aide individualisée
est comprise dans le temps
scolaire.
Par contre chaque
enseignant assure bien ses 6
heures 30 par jour devant les
élèves, 6 heures dans son cycle,
et 30 minutes en aide individualisée
dans un autre cycle.
SOUTIEN COMMUNAL
Cette pratique n’aurait pu voir
le jour sans l’aval des partenaires.
La commune tout
d’abord qui met à disposition
du personnel de surveillance
une demi-heure supplémentaire
le midi. Qui dit décalage
dit étalement d’horaires de
surveillance.
Elle a également
accepté que des enfants qui
ne déjeunent pas à la cantine
restent sur la cour attendre un
grand frère de cycle 3 Ã sortir
ou reviennent une demi-heure
plus tôt accompagner un petit
frère de cycle 2 Ã revenir.
Sinon, des fratries étalées sur
deux cycles induisent quatre
trajets domicile-école.
Quant au restaurant scolaire,
il a profité de l’aubaine pour
instaurer trois services. Les
locaux devenaient trop petits,
une classe ayant été ouverte
au lendemain de la rentrée.
Du côté des institutionnels,
l’IEN a validé le projet « Ã titre
expérimental ».
Il faut dire
que l’école est la seule de la
circonscription à avoir proposé
les horaires décalés.
RYTHMES SCOLAIRES
Qu’est-ce qui a motivé l’équipe
éducative à mettre en place
d’un tel dispositif ? Ni le
hasard, ni l’esprit d’aventure.
Soyons clair, la nouvelle organisation
de la semaine scolaire,
tout le monde était contre
et aurait préféré fonctionner
sans rien changer, avec le samedi
matin.
Mais la loi s’imposant,
toutes comparaisons
gardées, les horaires décalés
ont été jugés comme la moins
mauvaise des solutions.
Il faut savoir que l’école accueille
une clad (classe
d’adaptation), une des dernières
du département. Celle-ci
fonctionne réellement comme
une classe ouverte, c’est-Ã –
dire que les élèves qui la
composent sont en classe
ordinaire la plupart du temps,
la maîtresse spécialisée intervient
auprès d’eux pour dispenser
l’aide du même nom.
On imagine bien le travail de
cohérence qu’impose un tel
fonctionnement aux enseignants.
À titre indicatif, pas
moins de 20 équipes éducatives
ont égrainé l’année
passée à la recherche de la
meilleur structure (sessad,
EVSH, instituts médico-psychologiques,
orthophonistes…)
Autant dire qu’ici on
fait la différence entre une
aide spécialisée et une aide
individualisée. Pas question
de retrouver les mêmes élèves
sur les deux tableaux.
Un dernier mot sur ce que
l’équipe appelle : « la culture
chambordelaine », une sorte
de sauce commune destinée
à faire passer la pilule des
apprentissages, Ã mi-chemin
entre Freinet et la pédagogie
institutionnelle. Le comité de
gestion de la BCD et le conseil
chambordelain (qui règle la vie
de l’école) en sont un exemple.
Comme toutes les classes
ont des représentants
dans ces instances, celle-ci ne
peuvent plus se dérouler sur
les plages horaires décalées
en fin de matinée ou en début
d’après-midi. Un enseignant
résumait la situation : « les horaires
décalés ont l’avantage
de ne pas allonger la journée
des élèves, mais de fait, ils la
compriment quand même. »
Dominique Moinard