PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

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Synthèse L’apprentissage est-il un outil au service de la démocratisation de l’enseignement supérieur ? En d’autres termes, la création d’une « filière » apprentissage (du CAP au diplôme d’ingénieur) permet-elle aux jeunes les plus défavorisés de s’élever au sein de la hiérarchie des diplômes ?

L’extension apprentissage de l’enquête Génération 2004 du Céreq fournit des éléments de réponse grâce aux données recueillies sur les caractéristiques sociales du public apprenti dans l’enseignement supérieur. Elles peuvent être comparées d’une part à celles des apprentis se préparant à des emplois d’employés ou d’ouvriers et, d’autre part, à celles des étudiants préparant des spécialités de formation identiques.
L’apprentissage a fortement progressé au sein du supérieur: en 2008, celui-ci regroupe plus de 20 % des effectifs d’apprentis. Un premier constat fait tomber le présupposé de l’apprentissage comme « ascenseur social ». Les apprentis du « haut » ne sont pas les apprentis du « bas » : plus le niveau de formation s’élève, plus la proportion d’enfants d’ouvriers dans la population apprentie diminue. Les apprentis du supérieur ont une origine sociale comparable à celle des étudiants. Plus encore, les apprentis du « haut » n’ont jamais été des apprentis du « bas ». En effet, seuls 12 % des apprentis du supérieur sont issus d’une formation par apprentissage.
L’entrée de l’apprentissage au sein de l’enseignement supérieur ne réduit donc pas les inégalités et aurait tendance à les renforcer. L’examen de la répartition sexuée par spécialités mais aussi et surtout par filières de formation le prouve également. La comparaison entre filières révèle que l’apprentissage résiste encore bien plus à la mixité que les formations traditionnelles. L’apprentissage accentue également les inégalités auxquelles sont confrontés les jeunes issus de l’immigration maghrébine. A la différence que, pour ces derniers, l’entrée de ce mode de formation dans le supérieur s’accompagne d’une baisse de leur effectif. Une monographie réalisée dans une université de la région parisienne éclaire quelques uns des mécanismes
producteurs des inégalités constatées au niveau statistique. Les politiques éducatives, marquées par une mise en correspondance quasi mécanique de la formation avec l’emploi, et formulées en termes d’élévation de niveau de formation seraient, en partie, à la source des inégalités observées.
Vouloir accroître les niveaux de formation implique une hiérarchisation des savoirs qui contribue à dévaloriser le « bas », les formations professionnelles (classées aux niveaux V et IV) et à confronter les détenteurs d’un bac pro à un véritable « plafond de verre ». A cette première forme de hiérarchisation s’en ajoute une seconde induite par les pratiques de sélection des entreprises et des établissements de formation.
Le primat accordé à l’entreprise dans le cadre de l’apprentissage conduit à légitimer une sélection axée sur les « manières d’être », tout en participant à sa diffusion au sein même des universités et des IUT. C’est ainsi que les mécanismes de sélection et d’exclusion propres au fonctionnement du marché du travail ne déterminent plus seulement l’accès à l’emploi, mais aussi l’accès à l’éducation.
L’apprentissage est aujourd’hui une stratégie qui tend progressivement à devenir l’apanage des classes intermédiaires contribuant à détourner sa vocation première, celle de permettre à des jeunes d’acquérir un titre de l’enseignement supérieur qu’ils n’auraient sans doute jamais pu acquérir autrement.
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