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Le care est à la mode en ce moment. Il fait en France l’objet d’un intérêt croissant, y compris médiatique, depuis quelque temps – quoiqu’avec un décalage certain par rapport au reste du monde. Cet intérêt médiatique n’échappe malheureusement que rarement à la caricature – pensons aux procès en « nunucherie », critique certes caricaturale, mais dont l’utilisation politique du care est loin d’être totalement exempte. Le débat étant qui plus est compliqué par l’importation d’un terme anglais, dont les philosophes ont décidé qu’il n’était pas traduisible. A juste titre : le vocable care recoupe un champ de sens vaste (mais convergent), pour lequel toute traduction fixée entraînerait une déperdition de sens : si l’on traduit care par « soin » (to take care), on perd la dimension psychologique de sollicitude, de souci et d’attention (caring about, sens que l’on retrouve dans I don’t care). A l’inverse, choisir « sollicitude » ou « souci » méconnaît le fait que le care est un travail, une activité et pas simplement une disposition. Cette polysémie constitue précisément l’intérêt de la notion, en particulier en ce qui concerne l’enseignement, car elle permet de le penser dans sa globalité ; en effet, sans un certain souci, une certaine attention à ce que sont les élèves, il ne peut y avoir d’enseignement pertinent. Il ne semble pour autant pas possible de résumer l’enseignement au care : celui-ci ne vise pas simplement à s’occuper des élèves, mais également à produire quelque chose. Cependant, une analyse de l’enseignement en termes de care peut s’avérer non seulement féconde, mais utile. Il se pourrait que la revalorisation de l’enseignement passe par une revalorisation plus générale de l’ensemble des métiers de care. Cette revalorisation du care ne peut qu’être bénéfique à l’ensemble de la société, revalorisation dans laquelle l’enseignement joue un rôle central.