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Depuis une dizaine d’années, la notion d’éducation à la citoyenneté est présente dans les déclarations institutionnelles et dans les travaux de recherche en éducation. Préconisé par le Conseil de l’Europe dès 1997, c’est essentiellement le concept d’éducation à la citoyenneté démocratique (ECD) que l’on rencontre dans les discours institutionnels et dans la littérature de recherche. Autre notion très présente, la citoyenneté active se traduit par la participation des élèves à différents niveaux de la société, de la classe à la ville. Troisième approche, l’éducation à la citoyenneté globale – notion floue, très anglo-saxonne et nord européenne – tend à gommer la dimension politique de l’éducation à la citoyenneté, au nom d’un idéal universaliste. Autre point de tension, la possible contradiction entre les objectifs de l’ECD et une mise en oeuvre orientée vers la citoyenneté nationale, au nom de l’histoire, dans les démocraties récentes, ou des événements d’actualité (attentats de 2001 ou 2005). De ce fait, la réalité de l’éducation à la citoyenneté démocratique n’est pas la même d’un pays à l’autre. Le mode de fonctionnement politique, économique ou social du pays infléchit le mode d’introduction de l’ECD dans les curriculums ou dans l’organisation de l’école. Entre une éducation civique, qui s’accommode de la forme scolaire classique, et une éducation à la citoyenneté active, qui nécessite l’adaptation des emplois du temps, l’engagement des enseignants et la motivation des élèves, les choix éducatifs sont multiples et font l’objet de discussions et d’analyse par les chercheurs. Les compétences liées à l’éducation à la citoyenneté trouvent plus ou moins leur place dans les curriculums, mais entrent souvent en conflit avec les savoirs scolaires et les disciplines. Trop souvent, l’éducation à la citoyenneté est un moyen au service de la paix scolaire ; dès le primaire, les élèves apprennent le « vivre ensemble ». Les enseignants doivent gérer la tension entre chercher à normaliser les comportements des élèves et leur faire acquérir un esprit critique, avec les risques collatéraux de désaccord. L’usage de qualificatifs tels que « démocratique », « active » ou « globale » ne devrait pas faire oublier que le but de l’éducation à la citoyenneté, c’est aussi de former des citoyens, conscients de vivre « dans la cité » avec ses lois, son organisation politique, son histoire et ses diversités.