La socioéconomie refuse de réduire les échanges économiques à des individus rationnels se coordonnant grâce à des mécanismes de marchés, et met en évidence le rôle des réseaux, du pouvoir, de la confiance, des institutions… Un nouveau regard bienvenu à l’heure de la crise.
On ne sait pas encore comment le monde se remettra de la crise financière, mais on connaît déjà l’identité des premières victimes collatérales : les économistes. « De toutes les bulles économiques qui ont été percées, peu ont explosé de manière aussi spectaculaire que celle de la réputation de la science économique elle-même », notait récemment The Economist (1).
Les économistes ont en effet été chargés de tous les maux : ils auraient à la fois encouragé les comportements exubérants des agents financiers, échoué à voir venir la crise, et seraient maintenant à court de solutions pour la résoudre ! Le plus étonnant est que les attaques les plus virulentes viennent… des économistes eux-mêmes.
Et pas n’importe lesquels : selon Paul Krugman, prix Nobel 2008, la plupart des travaux de macroéconomie des trente dernières années se sont avérés « au mieux spectaculairement inutiles, au pire indiscutablement nocifs (2) » ! Quant à Uwe Reinhardt, de l’université de Princeton, « une bonne part de la production académique des économistes modernes » lui fait penser à ces « savants du Moyen Âge qui appliquaient le dicton de Saint-Anselme, “credo ut intellegam” : je crois pour comprendre » (3).
Cette croyance, c’est évidemment le socle de ce que l’on appelle la théorie néoclassique (ou standard) : « Des acteurs rationnels (donc calculateurs), cherchant chacun à maximiser leurs intérêts matériels et parvenant à se coordonner de façon optimale grâce à un processus de marché (prix et incitations amenant à prendre les bonnes décisions) (4). »
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