In MBlogs – le 14 mars 2013 :
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Loin des débats stériles sur le début du déclin de l’école française, un texte publié mercredi sur le Huffington Post par Gilles Babinet donne un grand coup de pied dans une approche molle du sujet. Le geek qui représente la France auprès de la Commission européenne pour les enjeux liés au numérique, propose une autre approche d’une Refondation de l’école que celle portée par le ministre de l’éducation Vincent Peillon et déclinée dans le texte de loi discuté depuis lundi. Une Refondation 100% numérique.
Celui qui a été nommé « Digital Champion » en juin 2012, qui avait aussi été le premier président du Conseil national du numérique, propose une entrée dans l’école par les tablettes, smartphones et autres ordinateurs, en admettant toutefois que « c’est sans doute moins "sexy" que de "refonder l’école". Mais tellement plus utile… ».
Que propose-t-il donc d’aussi intéressant ? D’abord, il estime qu’ « il ne s’agit plus seulement de se donner bonne conscience en équipant les écoles de quelques ordinateurs », mais de porter une peu plus loin notre regard. Et pan, un coup sur les doigts de Vincent Peillon… « Songeons à la révolution qu’organise l’indien Sugata Mitra, qui a reçu le TED Prize en 2013 », écrit-il avant de développer : Sugara Mitra « a organisé en Inde un learning lab, où des enfants, même parmi les plus pauvres, peuvent apprendre les uns des autres en utilisant toutes les ressources disponibles dans le cloud et en recourant à l’aide d’adultes tuteurs via internet ». Ca c’est de la Refondation ! une reconstruction qui oblige à raser le ministère… « Le numérique est par définition un écosystème décentralisé et flexible, là où notre système éducatif est centralisé -la fameuse rue de Grenelle- et rigide. Le numérique ne donne pas d’avantage particulier aux autorités traditionnelles ni aux corps constitués -il s’en méfie même-, là où l’Education nationale a pour habitude de se référer à l’Inspection générale et fonctionne avec une hiérarchie pyramidale qui se donne l’illusion de pouvoir encore organiser une diffusion générale de ses consignes vers les 800.000 enseignants français… Qui peut croire qu’un tel système fonctionne encore? ». A certains, sa logique fait peur. On le comprends. Mais pour d’autres, effectivement, la révolution de l’école numérique doit passer par là !
Mobilisation générale
Aux yeux de Gilles Babinet « un tel avis de mobilisation générale ne transparait pas clairement dans le projet de loi de refondation de l’école, du moins tel qu’il arrive cette semaine au Parlement. Faut-il alors compter sur la clairvoyance et l’esprit d’entreprise des députés et des sénateurs pour organiser la révolution… numérique? ». La question est posée, mais elle risque de tomber à plat au milieu d’un hémicycle désespérément vide. En fait, le numérique n’est pas absent de la loi, mais il n’est pas central, effectivement parce que l’entrée de Vincent Peillon dans le sujet passe par une révolution des pratiques.
En attendant, cela n’interdit pas à M. Babinet de rêver un peu de vitesse et de méthode. «Faisons le rêve d’un ministère stratège, capable d’aligner demain les efforts du CNDP, des CRDP, du CNED, de tous les organismes dédiés à l’enseignement à distance… Prétendre refonder l’école ne doit pas empêcher de s’attaquer à ces mastodontes dont l’utilité réelle reste à démontrer», lance-t-il dans son texte qui malgré ses accents d’impatience contient une petite dose d’optimisme.
A ses yeux experts, « La France n’est pas condamnée à rester à la traîne dans le domaine du numérique. Elle n’est pas condamnée non plus à voir l’école manquer à sa promesse d’émancipation et d’accès au savoir pour au moins 20% de chaque génération année après année. On attend du ministre qu’il ait les pieds sur terre, mais aussi la tête dans les étoiles. La refondation de l’école, Jules Ferry, la rhétorique républicaine, c’est bien… la révolution numérique c’est encore mieux! ». Jolie chute, non ?
Maryline Baumard