PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Le Blog de Philippe MEIRIEU – 2014 :

Accéder au site source de notre article.


L’année se termine. L’année scolaire. Une de plus. Une de moins. C’est selon. Elle fut difficile et se termine par la tragédie. Une enseignante de maternelle est poignardée, manifestement par une démente. Poignardée devan,t ou en tout cas à proximité, des élèves dont cette enseignante avait la responsabilité. Il s’agit là, heureusement, d’un fait exceptionnel par son extrême gravité. Mais il traduit la difficulté d’une profession, non pas forcément plus exposée qu’une autre, mais surtout caisse de résonance des difficultés sociales et existentielles de ce pays. Des difficultés et de ses conséquences.

Le Ministre de l’Education Nationale a eu raison de rappeler sur les lieux-mêmes où s’est déroulée ce crime, que l’Ecole – au sens le plus large du terme – ne devait pas se replier sur elle-même, qu’elle devait rester un lieu ouvert, un lien social, un exemple du "vivre ensemble". Enfermer l’Ecole, la barricader, la "barbeletiser" ne ferait qu’ajouter au délitement auquel nous assistons et que certains apprentis-sorciers encouragent  !

L’Ecole c’est le plaisir d’apprendre, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Philippe Meirieu co-écrit avec d’autres passionnés*. C’est le lieu des ré-créations, des bonheurs sans limites mais dans les limites d’un cadre fixé par l’enseignant.

L’Ecole a de beaux jours devant elle à condition d’affirmer ensemble, loin des revendications egoïstes et seulement corporatistes, qu’une refondation est urgente. Notamment dans son organisation quotidienne (les "rythmes") et dans son système d’évaluation visant surtout à classer, à trier, à sélectionner beaucoup plus qu’à faire progresser chacun.

L’Ecole doit s’éloigner de ses archaïsmes. Sans croire pour autant qu’il suffirait de passer au "tout informatique" pour transformer la citrouille en carrosse. Un tableau blanc interactif ne suffira jamais, par sa seule présence, à permettre à Noémie ou Pierre de progresser tout à coup plus rapidement qu’avant l’arrivée du "miraculeux" outil dans la salle de classe. La relation enseignant-élève, cette relation qui est au centre de toutes les pédagogies, reste, doit rester et restera le coeur de notre métier. Pour que ce coeur batte bien, sans à-coups, sans faiblesse, il lui faudra entraînement et formation, si possible et même obligatoirement, continue!

Bonheur partagé, limites fixées, organisation quotidienne, lieu ouvert, bienveillance sans laxisme, formation, mixité sociale, évaluation "revue et corrigée", voilà ce que l’année qui viendra vite pourrait offrir à réaliser. Des mots simples pour un vaste chantier. Mais quelles perspectives  ! Le jeu en vaut largement la chandelle  !

Bonnes vacances à celles et ceux qui ont la chance d’en prendre…

Christophe Chartreux

* Le Plaisir d’Apprendre, Philippe Meirieu (et ses invités), Ed. Autrement, Paris 2014

Print Friendly

Répondre