Dans la crise de confiance que traversent aujourd’hui de nombreux systèmes éducatifs, l’éducation s’inscrit désormais dans des perspectives de régulations et dans des exigences de plus en plus fortes en matière de résultats.
La notion de « contrôle », considérée comme archaïque pendant plusieurs décennies, revient en force, sous des formes modernisées, en raison d’enjeux nouveaux, à la fois nationaux et mondiaux. On assiste en effet à une évolution de son rôle et à une redéfinition de son articulation avec les pratiques d’« évaluation » qui se sont elles-mêmes considérablement développées depuis quinze ans et sont devenues un élément constitutif des politiques publiques dans le souci d’améliorer la qualité de l’école.
La Revue internationale d’éducation de Sèvres fait le choix d’étudier cette question en Angleterre, au Chili, en Chine, en France, en Pologne, en Suisse et au Pays basque espagnol, sept systèmes éducatifs différents par leur situation géographique, leur héritage politique, leur organisation et leur expérience en matière d’évaluation et de contrôle. Deux comparaisons européennes permettent de compléter ce panorama.
On observe tout d’abord une multiplication et une diversification des évaluations et des contrôles dont les résultats sont de plus en plus souvent rendus publics. On voit s’accroître également le nombre d’acteurs concernés, tout comme l’influence de réseaux divers, ainsi que des standards nationaux et internationaux. Dans ce nouveau contexte, la « reddition des comptes » s’impose même aux enseignants, dans certains pays.
Cette évolution soulève plusieurs questions : la nécessité de disposer de données précises, pour mesurer les performances des élèves, sert-elle à esquiver la réflexion sur les finalités et les objectifs de l’école obligatoire ? Se dirige-t-on vers des systèmes d’accréditation internationale des évaluateurs, comme cela commence à se faire pour l’enseignement supérieur et la qualité ? Pour des pays comme la France et plus généralement en Europe, quel rôle présent et futur des inspections ?
Le contrôle de l’école et des établissements scolaires est en train de devenir pluriel, fait d’évaluations croisées impliquant des acteurs variés.
C’est un changement majeur : l’état est désormais dans un rôle de régulateur; les relations entre le niveau central et les niveaux locaux se modifient ; les élèves et les familles, les élus et les responsables locaux, les forces vives du corps social, tous joueront un rôle plus important dans la gouvernance.
Dossier coordonné par Alain BOUVIER et Philippe DUVAL.
Auteurs : Matthis BEHRENS, Patricia BROADFOOT, M. Leonor CARIOLA HUERTA, Lorena MECKES, Nathalie MONS, Ferry de RIJCKE, Josu SIERRA, Claude THELOT, Xiaohui WANG, Philip A. WOODS, Jolanta ZAJAC
169 pages – 13,90 €
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Au sommaire
Actualité internationale
• Actualité documentaire
• Ressources en ligne : Une sélection de ressources en ligne sur l’éducation en Asie
• Points sur :
Angleterre : premiers résultats controversés de l’état des lieux sur l’enseignement primaire
Italie : les réformes éducatives au gré des alternances politiques (1999 – 2008)
Dossier
• Introduction – L’évaluation de l’école et le retour des contrôles
• L’évolution du rôle de l’évaluation dans la politique éducative chilienne
• L’irruption de l’évaluation en Chine
• La construction d’un système d’évaluation – Le cas du Pays basque
• Entre le contrôle d’hier et l’évaluation de demain – La supervision pédagogique en Pologne
• Vers un contrôle pluriel de l’école ? Le cas anglais
• La principale faiblesse de l’évaluation et du contrôle de l’école en France
• Autonomie et contrôle du travail enseignant – Une enquête dans les pays européens
• Le rôle des inspections en Europe aujourd’hui
• Les standards de formation, l’anneau de Moebius de l’école suisse ?
• Références bibliographiques
Repères
• Le système éducatif cubain depuis la crise des années 1990
• Le financement de l’éducation en France et au Japon
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