PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Les Cahiers Pédagogiques – le 22 décembre 2013 – billet n°509 :

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L’inspecteur de l’Éducation nationale : « ?C’est étrange, souvent, quand un problème remonte à moi, c’est juste au moment où le directeur est malade.? » Une directrice : « C’est normal. D’habitude, c’est nous qui réglons les problèmes.? » Tout est dit. Manquant de reconnaissance, manquant de temps pour exercer le travail de direction et d’enseignement, débordée de demandes administratives, cette directrice est cependant au cœur du bon fonctionnement de l’école. Elle est aussi au point exact où des visions différentes, contradictoires et conflictuelles de l’école se nouent. Les directeurs seraient désorientés, perdant le sens de la direction.

La fonction est floue ? Est-ce qu’un statut spécifique fera en sorte que ce ne soit pas la directrice qui gère les bons des commandes, fasse l’infirmière de l’élève atteint de gastro, remette le courant électrique, évacue les débris de bouteille de Vodka qu’un mauvais passant a jetée au-dessus du portail en plus du reste ? On pointe là surtout le manque de personnels administratifs d’aide à la direction, d’infirmières scolaires et d’agents techniques spécifiques aux écoles.

Des améliorations des conditions d’exercices sont nécessaires ? Plus de temps de décharge de classe, une meilleure indemnisation financière et un avancement dans la carrière plus rapide sont des mesures nécessaires, mais contribuent toutes à éloigner les directeurs des classes et donc, une fois devenus quasi-patrons, de prendre la voie pentue qui prépare une école libérale sans mettre les freins. On souhaiterait plutôt la simplification administrative, la confiance et plus d’autonomie pédagogique laissée au conseil des maitres et au conseil d’école pour, par exemple, l’agrément des intervenants ou l’organisation du travail.

Sortira-t-il quelque chose des discussions sur ce sujet au ministère ? Rien n’est moins sûr, car seule l’UMP, tranchante, suit un cap clair. Pour l’UMP, le directeur doit être un patron qui recrute les enseignants, qui impose des projets et des manières de travailler à son équipe, qui peut exfiltrer les enseignants récalcitrants. Les écoles devraient aussi s’engager dans la vertueuse concurrence pour attirer les élèves afin d’obtenir des crédits. Cette vision de l’école va à l’encontre de la culture du premier degré issue des mouvements coopératifs, mutualistes, d’éducation populaire, loin de la culture de la hiérarchie. Ainsi, si la directrice est la chef de l’école pour les enfants, les parents, les partenaires de l’école, voire l’inspection, elle n’est pas la chef de ses collègues. Elle donne une âme à l’équipe et au projet d’école, elle anime.

À ce point de la réflexion, il semble que le paradoxe qui fait du directeur à la fois un chef pour les uns et un égal pour les autres soit intenable. Pareillement, la gestion des demandes contradictoires, parfois conflictuelles avec les élèves, parents, enseignants, municipalité, hiérarchie, semble être l’horizon indispensable des directeurs. Sommes-nous dans une impasse ?

Il est peut-être temps d’inverser notre vision des choses : la gestion des conflits n’est pas un problème, mais la définition même de la mission de la direction d’école. L’égalité entre collègues n’est pas un problème, mais la définition même d’une mission où le dialogue pédagogique est sans fin. Le malaise de la direction d’école n’est peut-être que sa définition, son sens étant la recherche constante de l’équilibre en milieu instable. La direction d’école peut-elle avoir un autre sens ?

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