In Myeurop – le 11 juin 2013 :
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A l’heure des conseils de classe de fin d’année, les parents s’inquiètent de l’orientation de leur progéniture à la rentrée prochaine. Passage en classe supérieure ou redoublement conseillé? Dans certains pays d’Europe, la question ne se pose plus.
Ce n’est pas un secret. Selon une étude d’Eurydice publiée en 2011, la France fait partie des pays d’Europe dont le taux de redoublement est le plus élevé. Le débat sur le sujet est assez fréquent. En octobre 2012, sa suppression avait même été envisagée et validée par François Hollande. Finalement, en mars 2013, le redoublement a été maintenu dans le projet de loi du Ministre de l’éducation. Toutefois, il ne sera admis qu’à titre exceptionnel.
La France championne du redoublement…
Le Ministre de l’Education, Vincent Peillon, a pour objectif de réduire "au moins de moitié" le nombre de redoublement en 5 ans. En effet, que ce soit à l’école ou au collège, la France est championne en la matière. En primaire, elle affiche 17,8% de taux de redoublement quand la Grèce est à 2% ou l’Autriche à 4,9%. De même au collège, les taux de redoublement vont de 0,5% en Finlande à? 31,9% en Espagne quand il est de 23,5% en France.
Autres chiffres, 13% des élèves de 15 ans des 34 pays scrutés par l’OCDE indiquent avoir redoublé au moins une fois pendant leur scolarité, quand la France avec un taux de 37 % s’arroge la 5ème place du "podium" des champions du redoublement – après Macao (Chine), Tunisie, Brésil et Uruguay – avec 31,9% des élèves ayant déjà redoublé, d’après l’enquête PISA.
…mais de plus en plus seule en Europe
Ailleurs en Europe, le redoublement n’est plus à l’ordre du jour dans bon nombre de pays ou de villes.
Ainsi, depuis la rentrée 2012, la ville de Hambourg en Allemagne, a purement et simplement supprimé le redoublement dans toutes les classes de la municipalité.
En Allemagne, 23,1 % des élèves redoublent pendant leur scolarité, ce qui coûterait selon les économistes de l’éducation près d’un milliard d’euros par an sans que cela n’améliore réellement le niveau des élèves concernés"
Une décision qui s’inspire du système éducatif d’autres pays européens.
En Norvège, les élèves progressent au fil des mois et des années. Il n’y a pas de rupture de la scolarité d’une année à l’autre et l’hypothése d’un redoublement n’est jamais envisagée.
En Islande, il n’existe pas de législation interdisant le redoublement, mais la scolarité ne doit pas dépasser 10 ans dans l’enseignement primaire et secondaire obligatoire de 6 à 16 ans, ce qui rend le redoublement impossible.
En Bulgarie et au Liechtenstein, la loi prévoit le passage de classe automatique uniquement au niveau primaire.
Le choix du soutien scolaire
Le cas du Royaume-Uni est très particulier. Il n’existe aucune obligation de passage de classe automatique mais seulement un principe fondamental stipulant que "l’éducation doit être appropriée à l’âge, aux capacités et aux aptitudes de l’enfant". Le redoublement y est donc exceptionnel puisque le passage à la classe supérieure ne se fait qu’en fonction de l’âge des élèves.
D’autres pays ont choisi de limiter strictement le redoublement et de privilégier le soutien scolaire. En Finlande où le redoublement est quasi inexistant, les élèves qui ont des difficultés bénéficient de cours supplémentaires dans les matières principales.
Idem en Norvège, où chaque élève a la possibilité de bénéficier d’heures de soutien scolaire données par des assistantes qui interviennent parallèlement aux enseignants dans les établissements, souligne, pour sa part, le magazine Die Zeit.
Selon les différentes enquêtes PISA, qui mesurent les performances des élèves de quinze ans, les pays qui affichent les meilleures performances sont aussi ceux qui l’ont fortement réduit. Pour la Commission européenne, si certains redoublants rattrapent leur retard, la grande majorité d’entre eux ne le font pas".
Du courage monsieur Peillon !
Finalement en Europe, outre la France, seules la Belgique, l’Espagne, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal se refusent à abandonner le redoublement.
Selon l’OCDE, refaire une année ne sert pas à grand-chose. Faire redoubler les moins bons élèves dénote
"une culture où il est considéré que répéter une année apporte à l’élève des effets bénéfiques pour son apprentissage".
Dans la pratique, les statistiques infirment cette analyse, mais, comme le souligne l’organisme international, les avantages supposés du redoublement relèveraient de la croyance ou de la conviction…
Ainsi, alors que le redoublement en Finlande ne concerne que 0,5 % des élèves, le pays arrive en deuxième position du classement mondial PISA de 2009 en sciences et troisième en lecture, après Shanghai et la Corée du Sud.
Mais en France, l’opinion publique n’est pas rangée du côté du ministre de l’Education, Vincent Peillon. Selon un sondage Apel/OpinionWay publié en novembre 2012, le redoublement reste "une bonne chose" pour 62 % des parents et 63 % des enseignants. Si 77 % des parents pensent qu’il peut être remplacé par d’autres pratiques, les professeurs ne sont que 56 % à être de cet avis. Le ministre devra donc faire preuve d’un certain courage politique…