"Historique." Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), n’a pas hésité à user d’un mot fort pour qualifier la convention signée mercredi 18 septembre, à Paris, entre son organisation et le ministère de l’Education nationale, le ministère des Sports et le ministère délégué à la Réussite éducative. Historique, cette convention, qui vise à resserrer les liens entre le monde de l’éducation et le mouvement sportif, l’est d’abord par l’identité de ses signataires. "C’est la première fois que cette convention est signée avec le ministère de l’Education nationale et le ministère des Sports pour montrer toute la cohérence de l’action du gouvernement autour de la priorité jeunesse", a souligné Valérie Fourneyron, ministre des Sports. Historique, elle l’est encore par son contexte. En pleine réforme des rythmes scolaires, cette convention peut en effet jouer un rôle dans la réussite du dispositif. "A l’occasion de la réforme des rythmes scolaires, nous avons ouvert les portes de l’école pour permettre à plus d’enfants, sur ces trois heures, d’avoir un projet éducatif de qualité où le sport a toute sa place. Avec plus d’enfants qui vont découvrir d’autres activités et avoir ensuite envie de les poursuivre en club", a précisé Valérie Fourneyron. "Cette convention sera communiquée à tous les recteurs et aux directions régionales pour permettre, avec l’aménagement des rythmes scolaires, de la mettre en application. C’est ça, la vraie chance. Le périscolaire va permettre une mise en application de la convention très rapidement", s’est réjoui Denis Masseglia.
Rythmes scolaires… et emplois d’avenir
La plupart des engagements figurant dans la convention visent effectivement à resserrer les liens entre le sport à l’école et le sport en club. Parmi eux, on note : "promouvoir la participation des élèves aux rencontres sportives organisées tant dans le cadre scolaire que dans celui du mouvement sportif" ; "renforcer l’information sur les possibilités de pratique sportive" ; "formaliser en commun des supports pédagogiques" ; "promouvoir la mise en œuvre d’actions éducatives coconstruites" ; ou "favoriser l’utilisation optimale des équipements sportifs". Un autre engagement, plus ambitieux, serait, par sa seule réussite, la preuve que deux mondes qui s’ignorent trop souvent sont enfin entrés dans une phase de coopération : il s’agit de "mettre en place des collaborations entre les enseignants chargés de l’éducation physique et sportive et les éducateurs sportifs des associations et fédérations sportives". Reste à savoir si cette chance "historique" sera saisie. Denis Masseglia y croit : "Ce qui est important, c’est la synergie qu’on a envie d’installer entre deux systèmes qui ne se parlaient pas suffisamment jusqu’à présent et qu’il ne faut surtout pas opposer parce qu’ils sont complémentaires."
Dernier point non formulé directement dans la convention, mais que la ministre des Sports voit également comme une chance à saisir en raison du contexte d’émergence des nouveaux rythmes scolaires : le développement de l’emploi sportif. "Au-delà de la dimension éducative, je n’oublie pas un élément majeur, celui de l’emploi, a rappelé Valérie Fourneyron. Aujourd’hui dans le secteur des emplois d’avenir, nous avons une multiplication de jeunes qui ont envie de construire leur parcours de qualification, d’avoir un brevet professionnel dans le secteur de l’animation, du périscolaire, du sport. Nous pouvons les accompagner à avoir un diplôme, une qualification reconnue et un travail." Il est vrai que le ministère des Sports, qui revendique sur son périmètre 20% de tous les emplois d’avenir signés, fait pour l’heure partie des bons élèves du gouvernement. Et que la bonne entente entre le monde de l’éducation et celui du sport lui procurerait de nouvelles opportunités d’atteindre son objectif de 15.000 contrats.
Jean Damien Lesay