Tout le monde semble s’intéresser enfin au collège : le HCE, l’institut Montaigne, le PS, l’UMP, les syndicats d’enseignants, le cercle A. Savary, les journalistes spécialisés, les sites et les blogs, etc. Certains ont cru percevoir dans ce phénomène nouveau un frémissement, une prise de conscience de la gravité de la situation, une volonté de remise en cause de l’organisation et du fonctionnement du système éducatif, une exigence de vraie réforme fondamentale. Le fait est que l’ennui alarmant des élèves, le malaise et les difficultés croissantes des enseignants, l’échec persistant de la liaison école/collège, la baisse des résultats ne pouvaient pas rester plus longtemps dissimulés ou ignorés. Le système n’est jamais parvenu à surmonter l’erreur historique, dramatique, du choix de la généralisation du petit lycée napoléonien, réservé à une élite, à l’ensemble des élèves entrant en 6ème avec le collège unique et la massification de l’accès au second degré, plutôt que le choix de « l’école fondamentale » qui avait été proposé par la FEN (Fédération de l’Education Nationale) avant sa disparition. Certes, dans le cadre des lois, règlements et instructions en vigueur, des équipes d’enseignants volontaristes, le plus souvent animées pas des militants des mouvements pédagogiques (CRAP, GFEN, ICEM Freinet), sont parvenues à mettre ne œuvre et à réussir de beaux projets malgré tous les obstacles, mais ces réussites, reposant sur des individus ou sur des groupes informels, ne pouvaient être qu’éphémères, soumises aux aléas des affectations et des engagements personnels des enseignants. On trouve cependant dans les expériences réalisées à la fois des pistes à exploiter dans des contextes nouveaux et des raisons d’espérer. Le cas, devenu justement célèbre, du collège Clisthène décrit par Luc Cédelle dans son livre « Un plaisir de collège » illustre bien les possibilités de « faire le collège autrement » malgré l’impasse qui est faite sur la rupture école/collège et qui est un des problèmes clés à régler dans une éventuelle vraie réforme.