In le blog de Bernard Desclaux :
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Le centre d’analyses stratégiques vient de publier un rapport intitulé « Le service public de l’orientation tout au long de la vie » (Note d’analyse 302 – Novembre 2012). Le fichier pdf peut être récupéré sur le site en bas de la page.
Que peut-on en dire au moment où la question de la régionalisation de cette politique est à nouveau soulevée ?
L’usager au centre
Cette note s’ouvre sur une définition de l’orientation qui est à rapprocher de la définition européenne formulée lors de la Conférence PETRA, Rome, novembre 1994 :
« S’articulant autour d’un service dématérialisé (un portail internet et une plateforme téléphonique) et s’appuyant sur les organismes dédiés à l’orientation, le SPO s’attache dans ses grandes lignes à faciliter la visibilité, l’accès et la qualité de l’orientation en s’adressant non plus à des publics spécifiques mais à tous les publics. » (p 2), et un peu plus loin : « L’orientation relève de l’ensemble des activités qui visent à aider les individus, à tout moment de leur vie, à faire un choix d’éducation, de formation et de profession. » (p 2)
La définition européenne est : « un processus continu d’appui aux personnes tout au long de leur vie pour qu’elles élaborent et mettent en œuvre leur projet personnel et professionnel en clarifiant leurs aspirations et leurs compétences par l’information et le conseil sur les réalités du travail, l’évolution des métiers et professions, du marché de l’emploi, des réalités économiques et de l’offre de formation ».
Le SPOTLV a donc à mettre en œuvre des services aux personnes et non des dispositifs d’orientation des personnes. C’est là une différence essentielle.
La dynamique régionale
Le CAS remarque que la mise en œuvre sur le territoire du SPO est très diversifiée. Elle s’est surtout appuyée sur la préexistence d’une dynamique locale, régionale. C’est à dire que ce sont les régions qui furent dynamique en l’occurrence avant l’objectif du SPO, alors que l’état maintenait le jeu différentiel de ses différents réseaux. J’ai déjà abordé cette question à propos de la démarche de labellisation :
« Vu le peu d’empressement de ces diverses hiérarchies à soutenir la demande de leurs unités locales, on peut se demander si elles-mêmes se sentent tenues de favoriser, d’inciter, de réclamer, cette participation ?
C’est le problème, sans doute éternel, de l’application d’une politique interministérielle (en France, mais seulement en France ?) : chaque administration attend une manifestation claire de son ministre de tutelle… qui lui-même attends un ordre précis du Premier ministre… Et comme ces politiques se font en général sans moyens supplémentaires propres, chaque administration freine, sans freiner ouvertement, mais très pratiquement, la mise en œuvre qui aboutirait à « détourner » ses moyens propres liés à ses « propres » objectifs.
Ce n’est là qu’un simple constat assez classique de sociologie administrative. » Post publié le 1/7/2011 .
Ce point n’est pas particulièrement développé dans cette note. Il est pourtant fondamental. L’état légifère pour instituer le SPO, mais ne donne aucune directive à ses propres acteurs. Pire, ceux-ci perçoivent ce silence comme le signe que l’état veut se débarrasser d’eux ou procéder à des dégraissages ou des fusions ; ce qui « explique » le peu d’enthousiasme des personnels de terrains. Et ici je ne parle pas que des personnels de l’éducation nationale. Ceux des Missions locales sont également très inquiets.
Les recommandations
Le CAS propose ensuite une série de recommandations. Toutes supposent et développent l’autorité et le pouvoir du DIO. Le Délégué à l’information et à l’orientation chargé d’élaborer une politique nationale en ce qui concerne l’orientation, créé par la loi du 24 novembre 2009 relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie 2004. Les propositions du CAS sont formulées sans prendre en compte certaines déclarations politiques (peut-être trop récentes) concernant le rôle des régions en tant que pilote d’un SPOT (T pour territorial), et le projet qui concerne les personnels d’orientation de l’éducation nationale. Curieux !
Voici ces axes :
Axe 1 : une nécessaire clarification du pilotage national du SPO
« La conception des normes de qualité du SPO établie(24), l’action du DIO pourrait s’articuler autour des deux missions suivantes : l’accompagnement et l’évaluation des structures labellisées. Cette organisation des missions viserait ainsi à positionner le DIO, d’une part, comme un garant des principes du service public par l’entremise d’une évaluation du processus de labellisation et, d’autre part, comme une instance de réflexion, d’appui et de capitalisation des expériences innovantes sur le terrain. » (p. 6)
- accompagner et outiller les structures et les professionnels de l’orientation
- piloter l’évaluation des structures labellisées
- assurer des moyens financiers pour les structures labellisées
Axe 2 : encourager une animation territorialisée du SPO
« Ce positionnement laisserait ainsi une place prépondérante aux CCREFP dans le pilotage et la conduite des politiques d’orientation. »
- adapter les politiques d’orientation au contexte local
- organiser la coordination des structures autour du parcours des usagers
- La mise en cohérence des activités en direction du public
Axe 3 : informer les usagers sur les débouchés des formations et les perspectives d’emploi
Il s’agit de « Rendre disponibles sur le portail “Orientation pour tous” des informations sur les débouchés des formations et former les professionnels de l’orientation à leur usage. » (p. 10)
Donc pour résumer la situation
Un DIO (via la note du CAS) cherche à développer le SPO par une amélioration de son rôle central dans le contrôle du développement du dispositif. D’un autre côté, les régions seraient prêtes (peut-être pas toutes) à prendre la responsabilité de la coordination du SPO sur leur territoire. Et enfin l’un des ministères, le MEN, important dans le dispositif, cherche à se défaire de ses personnels spécialisés dans l’orientation et sans doute les plus qualifiés professionnellement.
Très, très curieuse situation !
Bernard Desclaux