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INTERVIEW- Ancien directeur adjoint de l’IUFM de Créteil, Jean-Louis Auduc a été membre de la Mission laïcité du HCI. Il a participé à la rédaction du rapport. Pour lui, la montée du communautarisme à l’université est bien une réalité.
LE FIGARO. – Pourquoi la Mission laïcité a-t-elle choisi de se pencher sur l’université?
Jean-Louis AUDUC. – Nous nous sommes intéressés au sujet à la suite d’alertes venues d’enseignants. Port ostensible de tenues et de signes religieux, multiplication d’actes de prosélytisme, propagande dans les universités par le biais d’associations, de stands, refus de se soumettre à un oral présidé par une femme… Indéniablement, on assiste à une montée des revendications religieuses dans l’enseignement supérieur. En décembre 2011, un colloque du HCI en faisait déjà le constat. Les auditions que nous avons menées l’ont confirmé. Lorsque l’on interroge les présidents d’université, ils ont tous un exemple à citer. Face à cette situation, ils semblent démunis. Des universités comme Lille-II ou Montpellier se sont ainsi emparées de la question en élaborant des règlements intérieurs stricts.
Pourquoi une loi est-elle nécessaire?
Parce que le plus grand flou règne dans l’enseignement supérieur! Rattachés aux lycées, les élèves de BTS et de classes préparatoires sont soumis à l’interdiction de port de signes et tenues religieux ostensibles. Les IUT et centres hospitaliers universitaires, indépendants au sein de l’université, ont également le droit d’interdire.
Au total, 35 % des étudiants du supérieur public sont déjà soumis aux règles de la laïcité! Il est nécessaire aujourd’hui de clarifier et d’unifier cette situation par une loi. Tout étudiant doit comprendre que la laïcité est une valeur de la République.
L’Observatoire de la laïcité semble ne pas vouloir s’attarder sur ce rapport…
Je ne vois aucun intérêt à ignorer des problèmes venus de franges minoritaires mais significatives, des communautés juive, musulmane ou évangélique. Dans la République laïque, la religion ne saurait être un objet de débat et de division dans des lieux de partage du savoir.
Point d’étape rapport LAICITe