PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

in IAURIF :

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La sécurité dans les établissements scolaires est indispensable au bon exercice de la mission d’éducation des enseignants. Or, depuis plusieurs années, les témoignages des personnels (techniques et enseignants) comme les chiffres fournis par le ministère de l’éducation nationale, corroborés par différentes études
sociologiques (Debarbieux 1999), mettent en évidence l’existence d’importants faits de violence (violences physiques et menaces graves) et de comportements incivils, dans les établissements du secondaire. Les lycées de la Région Ile-de-France ne sont pas épargnés par ces phénomènes qui perturbent la vie scolaire et les enseignements comme en témoignent les nombreux appels à ce sujet recueillis par la plate forme du numéro vert de Jeunes violence écoute. Ils amènent, parfois même, les enseignants à se mobiliser pour réclamer "plus de sécurité", "plus de moyens (humains et techniques) de protection" voire à exercer leur droit de retrait.
C’est pourquoi, dès 1998, la Région compétente en matière de lycées s’est engagée dans une politique de sécurisation des établissements scolaires relevant de son patrimoine (délibération n°CR 70.98 du 4 décembre 1998). Soucieux d’assurer la paix et la tranquillité au sein des établissements scolaires pour permettre aux équipes enseignantes d’accomplir leurs missions dans de bonnes conditions, elle finance ainsi l’installation dans les lycées d’une palette de mesures techniques : dispositifs de contrôle d’accès, alarmes anti-intrusion, portails automatiques, volets roulants et systèmes de vidéosurveillance. Par cette approche technique, l’objectif est de réduire dans les lycées les risques d’intrusion, de cambriolage, les dégradations de biens, les vols voire les agressions sur le personnel de la communauté scolaire et les élèves.
La Région, en complément des actions de prévention et d’animation sociale qu’elle finance dans le cadre de la politique de la ville, s’est donc engagée dans une politique de protection et de surveillance de ses établissements scolaires fondée sur une démarche de prévention dite situationnelle. Ce volet de la politique de sécurité du Conseil Régional a sensiblement été renforcé au cours des dernières années en raison des demandes de financement de ce type de mesures de protection adressées par les proviseurs aux services de la Région.
Les demandes portent en particulier sur l’installation de systèmes de vidéosurveillance qui s’est banalisée au point qu’y recourir apparaît désormais "naturel". Il est à cet égard significatif qu’aujourd’hui plus de la moitié des 468 lycées publics de la Région soient dotés d’une ou plusieurs caméras.
En dépit d’un recours croissant à cette technologie de sécurité par les équipes de direction des lycées, on en connaît mal les motivations et la manière dont elle est perçue par les enseignants, et plus largement le personnel des établissements, et les lycéens. De même, on ne dispose que de peu d’éléments quant aux effets de l’installation de caméras de vidéosurveillance sur la sécurité des personnes et des biens aussi bien d’ailleurs dans les établissements scolaires que dans d’autres espaces publics ou privés. Contrairement aux travaux conduits dans d’autres pays européens, notamment en Angleterre par le Home Office qui a conditionné son aide aux collectivités pour l’installation de caméras à une obligation évaluative, rares sont en effet les études visant à mesurer l’impact des dispositifs de vidéosurveillance et à saisir pourquoi cela marche ou pas dans tel espace et face à tel type de délits. Ce déficit de connaissance a conduit les élus du Conseil régional d’Ile-de-France à solliciter l’IAURIF afin qu’il apporte un éclairage sur les usages et les impacts de la vidéosurveillance dans les lycées.
Dans cette perspective, l’IAURIF a réalisé une étude visant plusieurs objectifs :
– établir un état des lieux des dispositifs de vidéosurveillance financés depuis 1998 en mettant en évidence, sous forme cartographique, leur localisation dans l’espace francilien ;
– déterminer les mécanismes et les motivations qui conduisent les chefs d’établissement scolaire à recourir à des systèmes de vidéosurveillance, les finalités qui sont assignées à cette technologie (surveiller des lieux, détecter une infraction, identifier des auteurs d’actes délictuels ou qui transgressent les règles de vie d’un établissement scolaire, rassurer les enseignants, les élèves et le personnel technique et administratif) et les usages effectifs qui en sont faits ;
– identifier si les systèmes de vidéosurveillance contribuent à assurer la sécurité des biens et des personnes au sein et aux abords des lycées et à favoriser le sentiment de sécurité. Ceci implique d’être particulièrement attentif aux contextes physique, social et institutionnel du lycée mais aussi de prendre en considération les autres mesures développées conjointement dans un établissement scolaire susceptibles d’avoir contribuées à modifier les problèmes de sécurité ;
– encadrer les usages des dispositifs de vidéosurveillance installés dans les lycées en proposant, sur la base des observations et des enseignements tirés d’une analyse comparative entre plusieurs lycées disposant ou non de la vidéosurveillance, un cahier des charges pour toute demande de subvention de ce type.

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Categories: Généralités et ARF

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