In Ludovia TV – le 26 mars 2013 :
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Alors que les différents modèles de généralisation sont bien établis pour l’enseignement secondaire, le premier degré doit encore inventer les modèles d’organisation et de financement qui permettront un déploiement massif des ENT. Retours d’expériences et échanges avec la Somme déjà bien engagée et le pays Nantais qui se lance dans l’aventure de l’ENT primaire.
Une forme de « coopérative de l’ENT » pour permettre à tous d’accéder à l’outil numérique
Dans la Somme, Yves Landos, animateur TICE de la DSDEN nous explique comment l’ENT premier degré s’est installé massivement dans 154 écoles et 494 classes, naturellement et sur l’engagement volontaire des enseignants.
Aujourd’hui, ce sont 9700 comptes élèves qui sont enregistrés.
La mise en place du projet a été portée par un syndicat mixte, « Somme Numérique », qui a notamment pour mission d’aider les collectivités dans le développement de la e-éducation.
Les collectivités font le choix ou non d’adhérer à « Somme Numérique ».
L’intérêt, en ce qui concerne l’ENT, est d’avoir la possibilité d’accéder à cet outil à un coût raisonné ; en effet, le principe est que la collectivité paie en fonction du nombre d’élèves (la facture s’établit sur la base des comptes élèves ouverts).
De cette façon, les communes, même les plus petites, ont la chance de pouvoir intégrer un ENT dans leurs écoles.
Une base de groupement « coopératif » qui s’avère efficient pour ce territoire, au regard des chiffres annoncés de comptes élèves opérationnels.
Un groupement de commandes pour intégrer l’ENT de manière progressive
Du côté de Nantes, le choix du modèle s’est porté sur la création d’un groupement de commandes pour permettre aux communes d’accéder aux services d’un ENT.
Alain Couëffé, ancien Conseiller TICE premier degré auprès du Recteur de Nantes, aujourd’hui à la retraite, nous donne quelques points clés du projet.
« Le projet vient d’une volonté forte du recteur d’opter pour une solution unique et d’inscrire l’ensemble des élèves dans un continuum numérique car l’ENT est déjà en place dans le second degré dans les collèges et lycées ».
Le recteur de l’académie vise une solution simple mais évolutive à but essentiellement pédagogique de manière à contribuer à améliorer les conditions d’apprentissage, la maitrise des connaissances et des compétences du socle.
Le financement sera double : d’une part, par l’académie pour tout ce qui est formation et donc non intégrée dans la solution ; d’autre part, par les collectivités qui paieront un abonnement puisque c’est le mode SaaS* qui a été retenu.
Le groupement de commandes a démarré avec 150 communes, sans obligation d’impliquer toutes leurs écoles en même temps, comme l’explique Alain Couëffé : « compte tenu de la taille de certaines collectivités, on peut comprendre que l’engagement d’une collectivité ne soit pas total au départ. Pour exemple, une commune comme Nantes qui regroupe plus de 60 écoles, ne peut pas, sur une seule année, engager l’ensemble de ses élèves ; c’est pourquoi nous leur avons proposé d’engager quelques écoles puis, à partir du moment où elles sont membres du groupement de commandes, elles peuvent plus tard, intégrer plus d’écoles ».
Dans certaines communes, seulement une ou deux classes se sont engagées au départ puis les autres suivront.
La solution juridique du groupement de commandes s’avère bien adaptée ; le seul bémol qu’émet Alain Couëffé est que c’est une entité fermée à savoir qu’une fois créée avec ses membres, aucune nouvelle commune ne peut adhérer, si ce n’est pas le biais d’une création d’un autre groupement de commandes. Il indique que le GIP (groupement d’intérêt public) aurait été plus ouvert mais le délai de sa mise en œuvre est long et cela ne pouvait pas convenir au vu des échéances politiques de 2014.
Une bonne entente entre les partenaires, un gage de réussite d’implantation d’un ENT primaire
Quelque soit le modèle, Alain Couëffé rappelle l’importance d’une bonne entente entre les deux partenaires que sont l’éducation nationale et les collectivités locales.
« Nous avons constaté qu’il y avait des volontés des écoles qui n’étaient pas forcément partagées par les communes et inversement, des communes qui étaient partantes et des écoles mal préparées à recevoir cet outil, ce qui débouchait sur un refus, soit de la collectivité, soit de l’école ».
Il insiste sur la communication qui doit s’établir à l’attention des différents partenaires pour que chacun comprenne ce qu’est un ENT et ses enjeux.
« En général c’est par un déficit de communication que les projets de déploiement n’aboutissent pas », conclut-il.
*Le mode SaaS (Software as a Service) est un concept assez récent qui permet aux entreprises de s’abonner à un logiciel à distance au lieu de les acquérir et de devoir les installer sur leur propre matériel informatique.
Interviews réalisées au cours des NetJournées d’ITOP éducation.