In Localtis.info – le 8 janvier 2014 :
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La nouvelle devrait intéresser les collectivités : une étude publiée par le ministère de l’Education nationale montre une légère hausse du taux de scolarisation des enfants de deux ans dans les écoles maternelles. Même modeste, cette progression est d’autant plus notable qu’elle intervient après dix ans de baisse continue, avec un taux de scolarisation des enfants de deux ans passé de 35% en 2002 à 11% en 2012, soit une division par trois en une décennie (voir nos articles ci-contre du 14 novembre et du 20 juin 2012). La natalité étant restée globalement stable sur la période, ce désinvestissement n’a pas manqué de se traduire par une pression accrue sur les modes de garde.
Un effort ciblé sur les ZEP
Les chiffres publiés par le ministère de l’Education nationale se fondent sur l’analyse du nombre d’élèves du premier degré accueillis dans les écoles publiques et privées à la rentrée 2013. A cette date, 97.200 enfants de deux ans étaient scolarisés en maternelle (à comparer à l’effectif total en préélémentaire, soit 2.267.145 enfants). Ce chiffre représente 6.200 enfants de plus qu’en 2012, ce qui permet de faire remonter le taux de scolarisation à 11,8%.
Pas question pour autant de revenir à une situation où l’école maternelle servirait de substitut ou de complément aux modes de garde de la petite enfance pour les moins de trois ans. L’effort en faveur de la scolarisation des enfants de deux ans est en effet soigneusement ciblé sur les zones d’éducation prioritaire (ZEP). L’objectif affiché est d’éviter ou atténuer d’éventuelles difficultés éducatives ultérieures en favorisant une scolarisation précoce. Le taux de scolarisation des enfants de deux ans progresse ainsi de 2,9 points dans les ZEP à la rentrée 2013 (au lieu de +0,8 point en moyenne nationale) et atteint désormais 20,4% (au lieu de 11,8% en moyenne nationale).
Ce taux de 20,4% en ZEP recouvre toutefois de fortes disparités régionales. Douze académies se situent d’ores et déjà au-dessus, dont certaines très fortement (47% à Besançon, 44% à Rennes, 41% à Nantes…), mais quatre académies affichent toujours un taux inférieur à 10% (Corse, Créteil, Guyane et Paris, qui ferme la marche avec 2,9%). La situation est d’ailleurs tout aussi inégalitaire si l’on considère la scolarisation des enfants de deux ans hors ZEP. Les taux vont en effet de 31,5% à Lille, 31,2% à Rennes et 22,8% en Martinique à 3,8% à Paris, 2,4% en Guyane et 2,2% à Créteil.
750 postes pour atteindre les 30%
L’objectif fixé par la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République est de parvenir à un taux de scolarisation de 30% pour les moins de trois ans au sein des ZEP. Cette priorité donnée à la scolarisation des enfants de deux ans en ZEP a été réaffirmée dans la convention d’objectifs signée, le 7 octobre dernier, par le ministre de l’Education nationale et le ministre délégué à la Ville (voir notre article ci-contre du même jour).
Pour atteindre cet objectif, la convention d’objectifs entre les deux ministères prévoit la création de 750 postes en maternelles dans les quartiers prioritaires. Selon une enquête menée par la DGESCO (direction générale de l’enseignement scolaire), près de 400 postes (397,5) ont déjà été créés à la rentrée 2013. Sur ce total, 248 postes ont été affectés à des classes spécifiquement adaptées à ce projet de scolarisation précoce, en accord avec la collectivité de rattachement. S’y ajoutent 113 créations d’emplois dans des classes maternelles ou enfantine traditionnelles et 36,5 emplois dans des classes associant école et services de la petite enfance.
Jean-Noël Escudié / PCA