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"Très performante pour l’élite mais médiocre pour les autres élèves, tel est le principal diagnostic des comparaisons internationales sur l’enseignement en France.
Le choc a été rude et la France a mis près de dix ans pour l’affronter ! On pourrait l’appeler « le choc Pisa ». Du nom de ces enquêtes désormais triennales auxquelles procède l’OCDE depuis 2000, et qui consistent à mesurer les compétences des jeunes de 15 ans dans un panel de pays de plus en plus vaste. Dans les trois domaines mesurés, la France se situe tout juste dans la moyenne des pays les plus avancés : 17e sur 29 en compréhension de l’écrit, 18e sur 60 en mathématiques, 19e sur 30 en culture scientifique.
Si la publication de ces évaluations passionne le débat public dans des pays comme le Japon, le Royaume-Uni ou l’Allemagne, elles ne sont guère en odeur de sainteté en France, un pays qui s’est longtemps targué de posséder « le meilleur système scolaire du monde », édifié en même temps que sa République. La résistance s’est alors organisée autour de la mise en cause de la validité de telles mesures qui ne prendraient pas en compte les singularités culturelles et institutionnelles nationales, ou sacrifieraient à des pratiques de benchmarking fleurant bon l’intrusion du néolibéralisme dans l’école…
Aujourd’hui pourtant, la plupart des experts s’accordent à reconnaître la mine d’informations que constitue le dispositif Pisa (1). Les leçons des comparaisons internationales pourraient bien avoir leur utilité, notamment en matière de politiques scolaires.
Hormis une notation et un classement, que nous enseignent ces enquêtes sur l’école française ? Les comparaisons s’articulent autour de deux valeurs : l’efficacité et la démocratie. Question efficacité d’abord : les élèves français sont deux fois moins nombreux que dans les autres pays de l’OCDE à « se sentir chez eux à l’école » ; et surtout, ils sont beaucoup plus à l’aise pour reproduire des connaissances apprises que pour les réutiliser lorsqu’elles sont sorties de leur contexte."