Sur la base d’un diagnostic d’un absentéisme important des agents des lycées, la région Rhône-Alpes a lancé un plan innovant en faveur de la santé et de la sécurité au travail.
La région Rhône-Alpes a lancé une opération inédite de réduction et de prévention de l’absentéisme des agents des lycées, observée avec intérêt par le réseau des DRH des Régions de France et les préventeurs d’autres collectivités. Ces personnels de restauration, entretien et maintenance – 5000 en Rhône-Alpes – sont sous la responsabilité des Régions depuis le 1 el’ janvier 2007. Mais dès 2006, la DRH de la collectivité Rhône Alpes avait étudié les chantiers à ouvrir, avec les organisations syndicales et les gestionnaires administratifs des établissements (qui dépendent, eux, de l’État). « Nous nous sommes engagés à mieux assurer les remplacements, explique Christel Bonnet, DRH, à condition de lancer un diagnostic sur l’absentéisme. » Une cellule santé-sécurité, tout juste créée au sein de cette direction, a monté un groupe de travail avec des représentants des syndicats et des gestionnaires. Le constat global d’un absentéisme parfois important a été dressé par tous. « J’ai trouvé intéressant d’avoir l’occasion d’entendre les syndicats sur ce sujet », note Odile Asselineau, participante en tant que gestionnaire de la cité scolaire Lacassagne à Lyon. « Je partage le constat global, confirme son confrère Emmanuel Pellet, du lycée Jean-Puy, à Roanne: il s’agit d’un personnel vieillissant faisant un travail pénible. Par ailleurs, les années de débats qui ont précédé la décentralisation n’ont sans doute pas été très motiivantes: ils ont pu se sentir rejetés. »
Pour aller cependant au-delà des ressentis sur les causes de ce phénomène, le groupe de travail a réalisé une évaluation statistique précise des arrêts de travail, établissement par établissement. « Nous avons ensuite comparé nos statistiques mensuelles avec celles de l’Inserm, commente Christel Bonnet. Comme nos « pics» correspondaient à ceux de la grippe et de la gastro-entérite, nous avons commencé par agir sur ce levier simple, en rappelant, par l’intermédiaire du médecin de prévention, les consignes d’hygiène, particulièrement importantes dans des lieux recevant du public. » Par ailleurs, "; l’alcool ayant souvent été cité comme cause d’absentéisme et de conflits, un groupe de travail spécifique s’est constitué autour du médecin du travail.
DES ACHATS « SÉCURITÉ» CENTRALISÉS
Les membres de la DRH se sont également rendus dans chaque établissement pour poursuivre cette analyse partagée du diagnostic: « Nous nous présentons comme une aide, notamment pour apporter des conseils en organisation, explique David Forest, chargé de mission santé-sécurité. Après une observation générale, nous recevons tous les agents, ce qui permet de croiser les visions, de voir les petits problèmes … Nous incitons d’ailleurs les gestionnaires d’établissements à généraliser ces réunions. »
L’axe central de ce plan global est la sécurité. « Nous avons dénombré 250 accidents du travail en 2007, dont un mortel, dû à une glissade sur une échelle, déplore Christel Bonnet. Il fallait donc agir vite. » Premier moyen: les achats d’équipements, auxquels la Région a consacré trois millions d’euros en deux ans (2007 et 2008). Parallèlement, sur les quelque 2000 agents formés en 2008,1300 l’ont été à des questions de santé et sécurité : habilitation électrique, hygiène alimentaire, Acmo, conduite d’engins, gestes et postures … En 2009, l’effort de formation se poursuit, notamment avec une expérimentation en Drôme et en Ardèche d’initiation à la manipulation d’extincteurs, ou encore une formation lors de la livraison de matériels électriques. Ce vaste plan de lutte contre les causes d’absentéisme porte déjà ses fruits: « Entre 2007 et 2008, le taux de fréquence des accidents est passé de 35 à 23 et leur taux de gravité a baissé de 1,61 à 0,54, assure la DRH. La nature de ces accidents change: en 2007, il s’agissait surtout de chutes de plain-pied, tandis qu’en 2008, ils étaient liés à la manutention manuelle (brûlures, coupures, maux de dos). Cela nous pousse cette année à agir sur de nouveaux fronts: achat de gants en kevlar, fourniture d’un kit d’isolation à chaque électricien … ». La communication interne sur ces sujets est aussi développée, à travers l’intranet ou encore, en 2008, la tenue de 32 réunions avec les agents.
