In JR CYTERMANN, Séminaire EHESS :
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Séance du 19 janvier 2012
"La séance d’aujourd’hui avec comme intervenant le Président de la nouvelle Université fusionnée de Strasbourg présente un cas particulièrement riche et intéressant de mise en œuvre des réformes des dernières années : fusion des trois universités , passage rapide aux compétences élargies de la loi de 2007, université bénéficiaire du Plan Campus , université candidate et lauréate des initiatives d’excellence , université pionnière dans le rapprochement avec le CNRS avec la création d’une plate-forme de services partagés de gestion de la recherche .La fusion des trois universités a été d’une certaine manière symbolique parce qu’à la fois elle a été le signal d’un mouvement de regroupement et aussi parce qu’elle marque la fin de la période post 1968 de division des universités .
Notons d’abord que l’université de Strasbourg, vieille maintenant de plus de 350 ans est une université atypique ; atypique par son histoire puisqu’elle a vécu les vicissitudes de l’Alsace et de l’alternance entre les périodes françaises et allemandes avec comme conséquence qu’après chaque guère (1871,1918, 1946), les autorités françaises comme allemandes ont voulu en faire une vitrine. Ceci explique en partie la position particulière de l’Université dans le paysage français : première université française non parisienne au classement de Shanghai et université se considérant comme intensive en recherche, université aux nombreux Prix Nobel, français et allemand, université ouverte sur l’international, université disproportionnée dans une certaine mesure par rapport au poids de sa région d’implantation.
L’Université de Strasbourg, a, comme les universités des grandes métropoles régionales, a subi les divisions post68 avec un éclatement sur des bases n partie idéologiques entre trois universités : scientifique et médicale (Strasbourg I, Louis Pasteur), sciences humaines et sociales (Strasbourg II- Marc Bloch), sciences juridiques (Strasbourg III Robert Schumann). On notera l’éclatement des sciences humaines et sociales entre les trois universités puisque l’Université Louis Pasteur comportait en son sein l’économie , la psychologie et la géographie ) .Des trois universités ,seule L’Université louis Pasteur a gardé son rayonnement grâce à sa recherche marqué par la forte présence des organismes come le CNRS et des prix Nobels dans des secteurs forts de l’Université ( chimie et sciences de la vie ) et une faiblesse relative en sciences de l’ingénieur .Elle est devenue rapidement l’Université dominante .
Dès les années 1990 l’idée d’une recomposition a fait son chemin. La création du Pôle Universitaire européen en était u ersatz et les présidents ont commencé à aborder la question vers la fin des années 1990, sans aboutir, peut –être en raison de la peur de la puissance de l’Université Louis Pasteur
L’idée a néanmoins fait son chemin et s’et imposée peu à peu dans les esprits les plus réticents et notamment les juristes .C’est pourquoi lorsqu’a démarré en 2005 la mise en place des PRES, la proposition de Strasbourg a été rapidement la fusion , prenant à contrepied la position du ministère plutôt réticent au départ .et s’y ralliant sans restriction après 2007, dans un processus qui allait conduire à la publication d’un décret de fusion en 2008 suivi du passage aux compétences élargies . Contrairement à ce qui allait être fait par la suite pour l’Université de Lorraine, c’est le statut d’une université classique, qui allait être choisi
Cette université devient ainsi la plus grande université française (maintenant dépassée par celle nouvellement fusionnée d’Aix Marseille) avec 42000 étudiants, 6000 personnels, 432M€,38 composantes et 77 unités de recherche. La question essentielle qui se pose est l’articulation entre la Présidence de l’Université et les très nombreuses composantes, dont beaucoup à statut dérogatoire, puisque le choix a été fait de ne pas remembrer l’université dans un premier temps. L’autre question, classique en cas de fusion est l’harmonisation des règles et procédures de gestion et surtout les politiques de ressources humaines dans le contexte de passage aux compétences élargies. . C’est sur ces points que portera d’abord l’intervention du Président Alain Beretz
.En même temps la configuration simplifiée du système d’enseignement supérieur et de recherche a Strasbourg et même en Alsace -forte prédominance de l’université de la métropole , ,ce qui a poussé la seconde Université ,Mulhouse à s’y rattacher , peu d’écoles d’ingénieurs autonomes et de petite taille , une recherche totalement imbriquée avec le CNRS Et l’INSERM mais avec la tradition d’un dialogue à égalité avec ces organismes – été un atout dans la réponse avec succès de l’Université aux nombreux appels d’offre du Plan Campus et des investissements d’avenir Il est plus facile de monter des dossiers à Strasbourg qu’à Saclay ! Cette capacité de réponse et de montage de projets sera le deuxième point de l’intervention d’Alain Beretz."