In Educavox – le 11 mai 2013 :
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Il faut bien célébrer les anniversaires… Voilà un an, en effet, que la refondation de l’école est en route.
Voilà un an que l’on nous tient en haleine avec la réforme des rythmes scolaires. Ce qui avait pris une petite semaine à Xavier Darcos, réduire, au premier degré, la semaine de travail à quatre journées, n’est toujours pas complètement annulé et abouti, cinquante-deux semaines après. Je ne souhaite pas revenir sur ce sujet sinon pour faire remarquer, de manière accessoire, que l’affaire n’était guère aisée, d’abord, qu’on s’y est pris fort mal, sans doute aussi, qu’on a oublié enfin et surtout de lier le problème des rythmes à celui des horaires, des lieux et des contenus d’enseignement. Puisque le titre de ce billet commence par un cliché en forme d’image, continuons donc : cette réforme sera un coup d’épée dans l’eau.
Mon petit doigt m’a dit par ailleurs qu’il était question de faire bientôt, début juin, un point d’étape sur le numérique. Nous verrons bien… Mon autre petit doigt me dit qu’on n’aura guère avancé sur le sujet. Mais n’anticipons pas…
Puisqu’il s’agissait de construire de nouvelles fondations à l’école, j’ai cru sottement — je suis comme ça, un peu crédule et toujours optimiste, on ne se refait pas — que ce serait l’occasion de lancer d’autres chantiers, tout aussi importants que le premier, me semble-t-il, et dont l’aboutissement est, à mon avis, nécessaire à la réussite du deuxième.
Par exemple, où en est-on de la nécessaire réflexion à mener avec tous les acteurs concernés, au premier rang desquels les collectivités, des municipalités aux régions, pour changer de fond en comble l’architecture et le mobilier des écoles, collèges et lycées, définitivement inadaptés à un enseignement moderne et rénové ?
Par exemple encore, où en est-on du chantier à mener, et le plus tôt sera le mieux, sur la nécessaire redéfinition, tant en volumes horaires qu’en contenus d’enseignement, des champs disciplinaires dont beaucoup sont inadaptés à cette école du nouveau millénaire ? Puisqu’un nouveau Conseil supérieur des programmes se met en place, ce dernier saura-t-il, et quand, faire le ménage dans des contenus et des savoirs dont Pierre Frackowiak dit là, à juste titre, qu’ils sont souvent désincarnés et, surtout, inaccessibles et incompris des élèves ? Alain Boissinot, ancien recteur de l’académie de Versailles et qui y avait déjà compris l’essentiel de la collision entre l’école et le numérique, sera-t-il en capacité, au-delà de la simple mise en place de ce Conseil, d’en piloter aussi la réflexion et de l’adapter à ces nouvelles donnes ?
Par exemple encore, quand sera-t-il question de s’atteler à l’urgent chantier des nouvelles, résolument nouvelles, missions à donner à l’encadrement pédagogique ? Et peut-être de commencer à réfléchir à un nouveau référentiel pour leur formation, éclairé des profondes modifications engendrées par le numérique ?
Quid encore de la formation des maîtres ? Parce qu’on ne nous fera pas croire qu’il suffit de renommer les IUFM en ESPE (oui, je caricature) pour que ça change quelque chose… Je n’ai rien lu, dans ce qu’on nous promet, à propos de la formation des maîtres formateurs, à propos des contenus ou modalités mêmes de la formation des maîtres ou encore à propos d’une évolution des postures professionnelles, qui permette d’imaginer ou d’espérer quelque renouveau que ce soit. Rien de rien ! C’en est même assez désespérant .. Est-il même question de mettre un terme, et à quelle échéance, à ce double et stupide recrutement par concours ?
Quid encore de donner plus de responsabilités et d’autonomie à ceux des élèves, à commencer par les lycéens mais la question concerne aussi les collégiens, qui s’engagent ? Car, parmi d’autres problèmes qu’il relevait, c’est bien d’un manque de confiance à son égard, comme à l’égard de l’ensemble des élèves, que se plaignait Alexandre, un jeune collégien, dans ce billet…
Qui travaille encore à donner un peu de lustre et de modernité à nos examens du diplôme national du brevet ou du baccalauréat, comme l’ont déjà fait depuis belle lurette pour leurs propres examens équivalents d’autres pays européens, en imaginant, par exemple, de cesser d’évaluer la capacité à restituer sans comprendre des connaissances apprises par cœur ?
Bref, qui travaille vraiment à la refondation ? Ou, plutôt, puisqu’on m’en fait la remarque par ailleurs, qui veut encore y croire ?