PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

L’édito du café pédagogique ! Refondation : Déjà la fin de partie ?

L’écrasante défaite gouvernementale du dimanche 29 mars marque-t-elle la fin de la réforme de l’Ecole ? Une nouvelle étape s’ouvre-t-elle pour l’Ecole : l’attentisme. Alors que le ministère doit enchainer d’ici la fin de l’année le bouclage des nouveaux programmes et la fin de l’application de la loi de refondation de l’Ecole, les résultats des élections départementales semblent tout remettre en question.

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/03/31032015Article635633833272282935.aspx

La revue de presse des CRAP

Tard dans la soirée électorale d’hier, Marie-Caroline Missir n’y allait pas par quatre chemins : elle publiait, sur son blog de l’Express, un billet au titre évocateur : « Départementales : la gauche prend une claque, c’est l’école qui trinque ». Elle écrit :  » il n’est plus permis d’en douter : le rapport de force politique défavorable au gouvernement, cette faille spatio-temporelle qui rend 2017 imminent, le ronron syndical, tout cela a jeté sur le ministère de l’Éducation un voile d’immobilité. La Rue de Grenelle c’est la Belle au Bois Dormant : les années passent, les ronces envahissent le château et rendent impossible l’assaut d’un quelconque sauveur. J’ai sans doute vu trop de Disney, mais je n’ai pas trouvé mieux comme parallèle« . Elle va même plus loin : « Une fois de plus, les échéances électorales vont polluer le temps et les enjeux éducatifs. Rappelons que la ministre Najat Vallaud Belkacem a jusqu’au 10 avril pour négocier avec les organisations syndicales une réforme importante, celle du collège que l’on tente en vain de mettre à l’agenda politique depuis 15 ans. Au sein d’un gouvernement affaibli, aura-t-elle une assise suffisante pour imposer sa feuille de route originelle au Snes, le plus radical des syndicats, franchement moins proche du PS que ne l’est l’Unsa ? La réponse est non. »

La refondation est-elle morte ?

Si l’on admet que l’aménagement du temps scolaire et la juxtaposition d’activités péri éducatives à des activités scolaires qui n’ont pas changé (mêmes programmes, mêmes évaluations, même fonctionnement descendant de la pyramide, etc) n’est pas refondateur, si l’on a l’honnêteté de reconnaître que rien n’a changé pour les enseignants et notamment que l’autoritarisme hiérarchique avec le terrible pilotage par les résultats apparents n’a pas cessé de se développer depuis 2007 malgré l’alternance et les incantations, si l’on veut bien dire la vérité quant à la peur des ruptures au nom d’un réformisme mou et d’un électoralisme dépassé et vain,

On pensera peut-être, mais sans le dire évidemment, que ceux qui, comme Philippe Meirieu, Eveline Charmeux, comme moi-même, et tant d’autres pédagogues libres, ont sonné l’alerte dès la rentrée de 2012, n’avaient pas tort. L’enterrement de la loi Jospin (1989) aurait pu être une leçon notamment quant à l’absence de pédagogie de la réforme. Elle a été enterrée une nouvelle fois, voire incinérée. Personne n’en parle.

 

Que n’a-t-on pas dit pour déconsidérer et marginaliser les contestataires ? Eux qui avaient, avec les mouvements pédagogiques, devenus bien réservés d’ailleurs depuis 2012, lutté depuis plus de 40 ans pour changer l’école, ont rapidement été taxés d’emm… quand ils exigeaient une véritable définition du mot refondation lors de la concertation de juillet 2012, puis de complices des conservateurs et des réactionnaires opposés à toute réforme.

Aujourd’hui, on perd les élections, on continue, en fermant les yeux sur sa propre responsabilité, à fabriquer le terreau qui permet aux extrémismes de prospérer et on perd l’école. Emmanuel Davidenkoff pourrait réécrire son livre de 2003 (Hachette Littératures) : « Comment la gauche a perdu l’école », en sachant que bien au-delà de l’école, c’est l’avenir de notre société qui est en jeu.

Lire la suite : http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-frackowiak/310315/la-refondation-est-elle-morte

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