In Le Monde.fr – le 6 septembre 2013 :
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Tout au long de la campagne présidentielle – et même bien avant – François Hollande a insisté sur la nécessaire priorité à donner à la jeunesse de notre pays, jeunesse trop souvent oubliée, voire méprisée. Au cœur de cette priorité, l’éducation. Depuis son élection à la présidence de la République et la constitution du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, François Hollande n’a eu de cesse de réaffirmer ce choix politique majeur. De ses prises de parole lors de son investiture aux premiers axes du projet de loi de finances pour 2014 en passant par le collectif budgétaire de juillet 2012 et le projet de loi de finances pour 2013, les décisions, les déclarations et les gestes forts n’ont pas manqué.
Rappelons-nous et accordons-nous, d’emblée, sur un constat malheureusement démontré depuis des années par les études nationales et internationales qui se succèdent : le décrochage s’accroit, la maîtrise des mathématiques, des connaissances scientifiques et de la langue maternelle s’affaisse dangereusement. Résultat : ce sont près de 20% des enfants qui chaque année sont en difficulté face à l’écrit en 6e et 20% qui quittent le système scolaire sans diplôme. Il y a là, bien souvent, une cristallisation des inégalités sociales, lorsque l’on sait que 33% de ces jeunes adultes, sept années après leur sortie du système scolaire, sont toujours sans emploi.
Force est de constater ces dernières années la dévalorisation, pour ne pas dire la négation, du métier d’enseignant : suppression de dizaines de milliers de postes jugés superflus, quasi-disparition des IUFM en passant par des propos mettant les instituteurs au même niveau que les curés, les enseignants de maternelle tout juste bons à changer les couches des petits : le moins que l’on puisse dire est que les nerfs des enseignants ont été soumis à rude épreuve. Cette incessante dévalorisation du métier d’enseignant a profondément traumatisé et humilié une profession aujourd’hui encore terriblement meurtrie.
LA RÉHABILITATION DE L’ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE
C’est un tout autre projet qui est lancé depuis mai 2012. Tous les choix portés et défendus avec ténacité par le ministre de l’éducation nationale, Vincent Peillon, n’ont eu de cesse de redonner confiance à la communauté éducative mais aussi et surtout à notre société en réaffirmant la capacité de l’école à donner à chaque enfant la possibilité de réussir son parcours quelle que soit son origine, quels que soient le lieu et le milieu socio-économique dans lesquels il vit. La Loi de refondation publiée le 9 juillet dernier au Journal officiel est bien l’instrument de cette réhabilitation de l’école de la République.
Instauration des Ecoles supérieures du professorat et de l’enseignement, priorité accordée au primaire (maîtres supplémentaires dans les écoles, relance de la scolarisation des enfants de moins de 3 ans…), mise en place des outils de suivi des politiques publiques de l’éducation, instauration d’un service public du numérique, refondation de l’éducation prioritaire, revalorisation de l’enseignement professionnel… De fait, il s’agit bien d’une loi d’orientation réaffirmant la priorité accordée à l’éducation nationale, notamment sur le plan budgétaire, avec la création de plus de 54 000 postes ces cinq prochaines années qui s’ajoutent au remplacement des personnels faisant valoir leurs droits à la retraite. Au total, d’ici la fin du quinquennat, ce sont près de 150 000 recrutements qui seront réalisés.
Cette loi est donc tout sauf une simple loi technique portant réforme du code de l’éducation, mais bien un texte législatif, au sens premier du terme, un texte politique mettant en œuvre une priorité majeure du quinquennat du président de la République.
Même si des ajustements bien légitimes seront nécessaires au regard de l’ampleur de la tâche, sa mise en œuvre dès la rentrée 2013 constitue une première étape suivie dans les mois qui viennent par les dossiers du secondaire.
Notre République a besoin de son école pour garantir sa promesse d’égalité et l’école a besoin que la République poursuive la mobilisation qui est la sienne depuis le mois de mai 2012. La loi de refondation porte en elle-même ce pari en faveur de l’avenir de chaque jeune, cette volonté de construire une société qui permette l’investissement dans la connaissance pour assurer la démocratisation de la réussite scolaire sur tout le territoire de la République, et participer à la reconquête de notre compétitivité économique.
Emeric Bréhier (Député de Seine et Marne, Secrétaire National PS à l’Education) et Yannick Trigance (Conseiller régional Ile-de-France, Secrétaire National Adjoint PS à l’Education)