In Educavox – le 24 avril 2013 :
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Non, il ne s’agit pas de l’Egypte, ni du Louvre, ni de gymnastique… Il ne s’agit pas des âges, ni d’une représentation des rapports alimentaires entre proies et prédateurs, ni des présentoirs du marchand de fruits…
Rien de tout cela. Quoique !
Il s’agit de la pyramide de l’Education Nationale. Elle présente la même solidité que les pyramides d’Egypte. Elle a été construite en même temps que l’école et paraît éternelle. Quelque soient les époques, du 19ème au 21ème siècle, la couleur politique des gouvernants, de droite ou de gauche, elle dure et perdure. Quand elle s’effrite, on la répare, on décape et on restaure les faces, mais elle résiste au temps et aux révolutions. Il est impossible de bouger sa base, le poids du dessus étant trop écrasant.
Tout part toujours du haut. Par un système de tuyaux d’orgue immuable, le sommet impose ses vues, ses notes de service, ses contrôles de conformité et d’obéissance, sa pensée unique. La concertation, c’est au sommet, et tout le monde joue le jeu. La démocratie représentative est tellement sûre d’elle qu’elle permet à tous les sommets de penser qu’ils représentent légitimement et réellement la base. Si bien que lorsque l’on a consulté le sommet, il semble inutile de consulter la base. Elle a été consultée au sommet.
Les ordres dégringolent du haut à une vitesse devenue vertigineuse au point qu’il est banal de dire que cela va directement du bureau du ministre au bureau de l’enseignant. Les chefs des étages tentent de rattraper au vol, soit pour expliquer car la base ne comprend pas, soit pour compléter et alourdir la paperasse car il faut toujours contrôler. C’est évident, d’ailleurs, pourquoi faudrait-il des chefs aux étages si la base se mettait à comprendre ?
Il est donc impossible ou illusoire de refonder car on ne peut pas toucher aux fondations…Et surtout, on ne peut pas retourner la pyramide. L’équilibre serait trop fragile et ce serait du cul par-dessus tête ! Vous imaginez ? La base faisant des projets adaptés aux réalités locales dans le respect rigoureux des finalités définies par l’Etat et dans le cadre de programmes plus souples ?! Vous n’y pensez pas ! Tous les enseignants, à bac plus 5 et plus, qui se mettraient à penser librement, sans entrer dans des usines à cases imposées ?
Des pilotes qui ne piloteraient plus mais accompagneraient les enseignants en faisant le pari de l’intelligence et de la confiance.
Des petits chefs qui ne pourraient plus « cheffer » mais essaieraient de comprendre en se souvenant de leurs propres difficultés et de la réalité de leurs performances réelles avant qu’ils ne se mettent à « cheffer » ! Vous n’y pensez pas ! Recrutés à bac + 5 et plus, ils sont incapables de penser et d’expérimenter ! Sauf pour donner quelques alibis afin de justifier la pérennisation d’un fonctionnement séculaire.
D’ailleurs, on s’est bien gardé de mobiliser la base pour penser les réformes. Tout vient du sommet avec ses castes de hauts fonctionnaires et d’inspecteurs généraux interchangeables au gré des alternances, avec un haut conseil de l’innovation qui valide et qui choisit les pratiques qui peuvent paraître bonnes du haut de la pyramide.
Grande nouvelle : on va accroître le nombre des inspecteurs ! Ce qui fait rire ou pleurer les enseignants !
Et moi, je pense que l’on ne peut pas refonder l’école si l’on ne refonde pas le fonctionnement du système. On n’est pas du tout parti dans cette direction. Quel dommage !