Peut-on continuer à masquer les immenses périls que font courir à notre société, avec la précarisation de l’emploi, celle des liens et des repères ? Chacun se sent de plus en plus vulnérable, de plus en plus seul, et donc de moins en moins enclin à engager avec confiance sa relation aux autres. La peur endurcit l’individualisme, stimule la violence, dénature la solidarité, pervertit la démocratie. Or, une société désunie est une société désarmée. Sauf à transformer l’énergie du rejet en énergie du changement.

Et c’est possible, car déjà aux quatre coins de l’hexagone, se dressent, comme autant d’actes de résistance, des initiatives qui entravent le repli sur soi, la stigmatisation de la différence, la stérilisation du dialogue. Bien qu’encore marginales, ces actions prouvent que rien n’est irréversible lorsqu’à l’échelle d’un territoire on cesse de s’indigner pour agir. L’habitant n’est plus seulement un consommateur mais aussi un producteur de liens, le retraité peut être aidé mais il peut surtout aider, le jeune des quartiers ne veut plus être un problème mais un atout quand s’effacent les frontières.

Cet ouvrage s’attache à montrer que ces signes ne peuvent plus être ignorés. Ils doivent au contraire être une inspiration pour engager une véritable révolution de nos conceptions et de nos postures, à condition de passer du stade de l’expérience isolée à la diffusion et à la reproduction massive sur tous les territoires des pratiques favorisant le retour de la confiance en l’autre. Et cela ne concerne pas que notre rapport à la citoyenneté et à la solidarité, mais aussi notre approche de la démocratie. Celle-ci doit urgemment s’ouvrir à de nouvelles perspectives en responsabilisant les élus locaux, en donnant toute leur place aux acteurs associatifs et aux habitants, en revitalisant le service public pour qu’il cesse de faire prévaloir ses propres intérêts sur ceux du public.

En somme, Jean-Louis Sanchez nous invite à bâtir un nouveau contrat social dont il propose non seulement les grandes lignes mais aussi les axes opérationnels. Avec le souci constant de restaurer la tradition démocratique de notre pays dans son aspiration la plus décisive : celle de mettre la liberté et l’égalité au service de la fraternité.

Une ambition qui requiert de profonds changements car la fraternité ne se décrète pas, elle nécessite le concours de chacun pour s’épanouir. Et c’est chose possible, car à un moment où tout vole en éclat, la promesse de l’autre n’obéit pas à une quête d’excellence, mais bien à une quête de survie.

Éditions Les Liens qui Libèrent. Sortie librairie : 9 octobre 2013.
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Jean-Louis Sanchez, expert en sciences sociales et politiques a exercé diverses responsabilités dans le secteur public – université et collectivité locale – et dans le secteur associatif avant de fonder l’Observatoire national de l’action social (Odas) en 1990 dont il est toujours délégué général. Parallèlement, il a fondé l’institut national du développement social ainsi que le Journal de l’action sociale dont il est directeur de la publication. Il est par ailleurs président du Collectif Appel à la Fraternité, qui a eu la responsabilité d’animer la Grande cause nationale de l’année 2004 consacrée à la fraternité, et dorénavant les Ateliers du vivre ensemble qui ont vocation à se dérouler dans toutes les grandes villes de France.