PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Extrait des travaux :

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L’assemblée a été amenée à échanger autour des problématiques suivantes :
o Quels projets et méthodes pédagogiques développer pour redonner aux élèves les plus en difficulté le goût de l’école ?
o Comment mieux former et associer les enseignants au repérage des signes annonciateurs du décrochage ?
o Comment créer les conditions pour que chaque élève puisse construire son orientation à son rythme et que ses choix soient respectés ?
o Quelles mesures mettre en oeuvre, en partenariat avec l’ensemble de la communauté éducative, les collectivités locales et les représentants du monde professionnel pour qu’aucun jeune en voie de sortie du système scolaire ne soit laissé sans solution ?
– Les éléments du débat

La réunion est introduite par :
– l’exposé des enjeux et des modalités de la concertation engagée par monsieur le Ministre ;
– la présentation de données relatives à l’état du système éducatif et à la problématique du décrochage scolaire ;
– la présentation de dispositifs de prévention du décrochage scolaire mis en oeuvre dans le département.
 

Un constat s’impose à tous : malgré la prise en considération de plus en plus fine du décrochage scolaire, le phénomène perdure. Outre une réflexion sur l’efficience des actions menées, les énergies ne sont-elles pas à mobiliser dans le repérage et la prévention du « décrochage scolaire » ?

1) Les représentants des organisations syndicales enseignantes procèdent à des déclarations liminaires relayant les revendications de chacune de leurs organisations.
2) Madame la vice-présidente du Conseil général de Seine-et-Marne, chargée de l’enseignement, évoque la problématique du décrocheur du point de vue des élus : le décrocheur scolaire est celui qui ne va pas en classe et perturbe souvent la cité. Elle fait part du fait que le décrocheur est souvent issu de famille en difficulté, voire accueilli dans une famille d’accueil.
 

Elle fait le parallèle avec la désertification médicale qui touche le département. Les relais qui devraient être activés rapidement ne le sont pas. La problématique des enfants du voyage qui, en âge de fréquenter le collège, sont inscrits au CNED, mais ne bénéficient pas réellement d’un enseignement structuré, est abordée. Il y a là une superposition de difficultés
supplémentaires qui favorisent le décrochage.
3) Les représentants du milieu associatif (Focel, Francas) et de la Fédération du bâtiment rappellent leur rôle aux cotés de l’institution scolaire, des enseignants. Ils soulignent tous l’importance d’une approche partenariale.
4) La nécessité d’une plus grande transversalité au sein des équipes éducatives est fortement mise en avant par des personnels d’encadrement (IEN, chefs d’établissement).

Les différentes interventions peuvent être résumées en envisageant les problématiques de divers points de vue :
1) concernant l’élève décrocheur :
o les démarches pédagogiques et l’organisation du collège actuelle ne répondent pas à leurs attentes et à leurs envies. De plus, un certain nombre de compétences acquises en dehors de la sphère scolaire ne sont pas prises en compte.
o De ce fait peut-on parler d’ « élèves qui décrochent » ou de « jeunes qui n’accrochent pas »?
o Les intervenants ne s’accordent pas sur le fait de savoir s’il convient d’alléger les programmes ou s’il faut coûte que coûte conserver les ambitions des programmes actuels en termes de contenus, mais les étaler dans le temps.
o De la même manière, l’assistance ne tranche pas quant à la multiplication des intervenants face aux élèves (enseignants, équipes éducatives…).
Il est considéré que la globalité du jeune n’est pas suffisamment prise en compte.
o les pratiques d’évaluation ne visent que des compétences purement scolaires, mettant plus en exergue les lacunes de l’élève que les compétences acquises ;
o les parcours ne sont pas suffisamment adaptés aux rythmes d’acquisition et n’envisagent pas assez « les passerelles – les retours » ;
o dans les décrocheurs figurent un certain nombre d’élèves à besoins particuliers (dyslexie, phobie scolaire…) auxquels on ne répond pas toujours ;
o les parcours de vie sont prépondérants dans les trajectoires scolaires : les accidents, les ruptures personnelles, familiales, sociales, sont souvent à l’origine du décrochage, ce qui justifie un accompagnement social plus important que ce qu’il est
actuellement.
Dans la grande majorité, le

s décrocheurs n’ont pas de projet.
o les professionnels s’accordent à dire que c’est pour eux une double difficulté : alors qu’ils sont en difficulté, les élèves devraient être en mesure d’élaborer un projet professionnel (souvent dans un temps très restreint), ce que l’on ne demande pas aux
élèves qui réussissent ;
o d’autre part ce projet n’est pas fondé sur une connaissance suffisante des champs professionnels ;
o ces éléments expliquent que l’on assiste parfois à un véritable "zapping" concernant le choix d’une orientation.
2) Du point de vue des enseignants,
Un besoin criant de formation se fait sentir. Plus que le contenu, c’est la méthode, la façon d’enseigner qui paraît être à réenvisager ; il convient de s’interroger sur les modalités d’enseignement (modules, petits groupes, une autre temporalité pour l’année scolaire…) et sur une plus grande ouverture sur le monde
o Au-delà de la formation purement disciplinaire, apparaît de plus en plus la nécessité d’une formation transversale de sensibilité à la diversité. Accompagner la réflexion sur le socle commun, voire même la multi culturalité paraît nécessaire. La
problématique de la transversalité des enseignements est évoquée : il y aurait besoin d’espace de réflexion et d’élaboration plus important au sein des équipes pédagogiques.
o Si des améliorations sensibles sont soulignées dans le domaine du repérage des élèves décrocheurs, le problème essentiel reste celui de la prise en charge effective et du suivi du jeune.
o Si cette problématique doit impérativement être abordée au niveau de la formation initiale, elle doit néanmoins être prise en compte dans le formation continue.
L’ensemble des participants s’est accordé à dire que c’est la spécificité du statut des enseignants qui est au coeur des dispositifs d’aide.
o Jusqu’à présent, les dispositifs institutionnels reposent le plus souvent sur le volontariat et sur l’investissement personnel des enseignants.
o Les chefs d’établissement émettent le souhait que ces missions soient désormais intégrées dans le statut des personnels.
o les enseignants que l’on arrive à mobiliser pour accompagner les élèves décrocheurs sont en nombre insuffisant.
o d’autre part ils sont souvent porteurs déjà de projets au sein de l’établissement ; on assiste alors à une surcharge inéquitablement répartie sur l’ensemble du corps enseignant.
3) Du point de vue de l’établissement
– le discours sur l’orientation adressé aux élèves en décrochage privilégie essentiellement la voie professionnelle : une adaptation des parcours individuels semble nécessaire.
En conséquence :
– une trop grande part des élèves en établissement d’enseignement professionnel se trouve affectés par défaut ;
– cette orientation, même lorsqu’elle est choisie, se fait sans réelle connaissance de la part des élèves de tous les aspects de la branche professionnelle ;
– les professionnels mentionnent une grande difficulté à organiser des passerelles, des allers et retours entre le milieu professionnel et l’Ecole, pendant et après la scolarité obligatoire.  Bilan : les points à retenir
o Quels projets et méthodes pédagogiques développer pour redonner aux élèves les plus en difficulté le goût de l’école ?
– Développer et privilégier la mise en place de projets, engager des actions fondées sur l’interdisciplinarité qui permettent à l’élève d’être appréhendé dans sa globalité.
– Engager des modalités d’apprentissage plus adaptées (modules, petits groupes, ateliers, travail collaboratif…) et proposer une adaptation des parcours, en introduisant une approche plus personnalisée.
– Prendre en compte les besoins particuliers des élèves (dyslexie, phobie scolaire…) et y apporter de véritables réponses avec l’aide de professionnels.
– L’amélioration du climat scolaire semblait être un élément important de la réussite de tous les élèves.
– L’évaluation, tel qu’elle est pratiquée actuellement, semble être une cause endogène du décrochage. Il conviendrait de s’interroger sur des modalités d’évaluation des compétences des élèves qui valorisent davantage les réussites, les acquis que les lacunes.
– Cela implique de développer une culture nouvelle de l’évaluation.
o Comment mieux former et associer les enseignants au repérage des signes annonciateurs du décrochage ?
– Prendre en compte cette problématique dans la formation des enseignants, de manière plus affirmée, sous forme de modules faisant intervenir des experts de la lutte contre le décrochage et formant à des gestes professionnels tels que le tutorat et la conduite d’entretiens d’explicitation ou de motivation.
– Ces dispositions seraient à poursuivre dans le cadre de la formation continue.
– Cette problématique du décrochage scolaire doit être partagée avec les milieux professionnels.
o Comment créer les conditions pour que chaque élève puisse construire son orientation à son rythme et que ses choix soient respectés ?
– Il conviendrait de travailler davantage sur la base de projets ou les finalités seraient plus nettement connues des élèves. Ce projet doit être partagé avec l’élève, et non pas lui être imposé.
– Réaffirmer la mise en oeuvre du parcours de découverte de métiers et des formations à destination de tous les élèves, tout au long du cursus, et en s’appuyant sur des outils numériques.
– Favoriser les interventions de professionnels qui pourraient témoigner de leur métier et en présenter les spécificités.
– Multiplier les dispositifs d’accès à l’information, favoriser la découverte de situations professionnelles par le biais de périodes de d’observation et de formation dont l’organisation serait facilitée par la constitution de banques de stages, construites
localement, en s’appuyant sur un réseau de partenaires élargi. Quelles mesures mettre en oeuvre, en partenariat avec l’ensemble, de la communauté éducative, les collectivités locales et les représentants du monde professionnel pour qu’aucun jeune en voie de sortie du système scolaire ne soit laissé sans solution ?
– S’appuyer davantage sur les métiers, sur les professionnels praticiens.
– Renforcer les dispositifs actuels (plates-formes multi partenariales de district) en :

-simplifiant leur fonctionnement ;
– améliorant la lisibilité de l’offre et des actions conduites ;
– évitant l’effet d’empilement des dispositifs.

La problématique transversale évoquée tout au long de cette réunion a été celle du statut des enseignants. Il apparaît clairement que les missions des enseignants attachés à cette problématique« décrochage scolaire » restent encore trop dépendantes du volontariat et de l’investissement personnel des enseignants. Un certain nombre de participants souhaiteraient que ces missions soient plus explicitement prises en compte dans le cadre des obligations réglementaires de service des
enseignants.

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