La politique est question de temps. Deux ouvrages, l’un de Peter Sloterdijk, l’autre de Daniel Innerarity, analysent de façon originale les usages politiques du temps. Qu’en est-il de la colère comme moteur du temps politique ? Comment prendre au sérieux les temps futurs dans une démocratie moderne ? Ou de l’urgence d’inventer une véritable « chronopolitique »…
Vue comme art du nécessaire, la politique a longtemps été réduite à des rapports de force. Aujourd’hui, elle est temporalité, plus précisément une « climatologie », c’est-à-dire une étude du temps qu’il fait ou de ce que font les hommes à l’intérieur du temps. La politique contemporaine devient alors la sphère des actions à l’horizon du temps humain, qui est soit le beau temps (favorable à la communauté) soit le mauvais temps (le temps de la crise défavorable au bien commun). Or deux des plus grands penseurs vivants ont récemment tenté de repenser à nouveaux frais le temps du politique. Dans ce texte, nous présenterons les contributions importantes de Peter Sloterdijk (2007) et de Daniel Innerarity (2008) au problème de ce qu’il est convenu d’appeler « la politique du temps ».