PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

Selon Denis Merklen, le délitement progressif de la société salariale engendre de nouvelles formes d’individuation et de mobilisation politiques au sein des classes populaires, où le quartier tend, imparfaitement, à remplacer le travail comme support d’affiliation sociale. Une évolution que les sociologues sont souvent en peine d’apercevoir, faute de se départir d’une conception très normative de la citoyenneté.

Les discours sur les mouvements sociaux sont fréquemment empreints d’une normativité plus ou moins implicite. Les sciences sociales ne dérogent pas à la règle, comme le montre par exemple l’embarras des chercheurs à reconnaître le caractère politique des récentes « émeutes », ainsi que ces événements ont été étiquetés. L’affaiblissement présumé de la conflictualité du travail au profit des « nouveaux mouvements sociaux » aux revendications plus culturelles que matérielles constitue une bonne illustration de cet ethnocentrisme politique, qui voudrait notamment que la précarisation des classes laborieuses les ait détournées de l’action revendicative.

C’est à la correction de ce biais épistémologique que Denis Merklen s’attaque dans le présent ouvrage, à partir d’enquêtes minutieuses qu’il a pu mener dans des quartiers urbains pauvres en Haïti, au Sénégal, en France, et surtout en Argentine. Ses observations le conduisent en particulier à articuler la déstabilisation en cours de la société salariale, telle qu’elle a bien été analysée par Robert Castel, avec l’émergence de nouvelles formes de mobilisation au sein des quartiers populaires. Son ouvrage se situe ce faisant à la croisée de la sociologie du travail, celle des comportements politiques et de l’action publique, mais aussi de l’analyse de la stratification sociale et de la sociologie urbaine.

[Lire la suite…->http://www.laviedesidees.fr/La-politique-du-pauvre.html]

Print Friendly
Categories: Généralités

Répondre