Le prochain best-seller promu par les médias et la grande distribution du livre avec le soutien des cafés du commerce, des nostalgiques de l’antiquité, de tout ce qui fleure bon le conservatisme et la démagogie, annonce que "la récréation est finie". Prétendre que 30 années de tentatives de rénovation pédagogique auront été une récréation est à la fois méprisant pour les gouvernants successifs de droite et de gauche de 1969 à 2002 qui ont eu à des degrés divers, hors la parenthèse Chevènement, le courage de tenter de transformer une école qui agonisait et qui tardait à s’inscrire dans la modernité, méprisant pour les milliers d’enseignants qui se sont engagés à modifier plus ou moins leurs pratiques pédagogiques dans des conditions souvent difficiles, insultant pour tous ceux qui ont élaboré les programmes, notamment ceux de 2002 que tout le monde ou presque considérait comme une bonne synthèse équilibrée des différents points de vue sur les disciplines. Prétendre que la responsabilité des difficultés actuelles de l’école d’aujourd’hui, qui sont incontestables mais que l’on se garde bien de comparer avec celles de l’école des années 60, incombe à ces acteurs du système alors que l’on est incapable de démontrer la réalité de la mise en œuvre des réformes et d’analyser la force d’inertie et la résistance au changement d’un corps complexe comme le corps enseignant, alors que l’on ne sait hélas bien peu de choses, et même quasiment rien, sur les rapports entre les pratiques pédagogiques et les résultats des élèves, est à la fois une preuve d’ignorance des réalités de la vie des classes et des écoles et une nouvelle manifestation d’une volonté de destruction de l’école accusée précédemment, par le même auteur, d’être une fabrique de crétins. On pourrait toutefois se réjouir du fait que les élèves aient pu être plus heureux dans cette école-récréation qu’au pensionnat de Chavannes, si l’on n’avait pas le sentiment que plutôt que la fin de la récréation, la convergence du triomphe éditorial des ouvrages réactionnaires, la relance exacerbée des procès et des menaces contre les "pédagogistes" et les tendances lourdes affichées au plus haut niveau de l’Etat n’annonçaient pas la fin de l’école avec la fin de la prétendue récréation. Lire la suite …..
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