Depuis toujours, les temps de crise économique et sociale mettent à l’épreuve le pacte républicain. Face au chômage, à la pauvreté, aux inquiétudes, les discours extrêmes trouvent un écho particulier auprès des citoyens les plus vulnérables quand bien même ces discours remettent en cause les fondements du vivre-ensemble : la liberté, l’égalité, la fraternité, la tolérance et la laïcité.
Ainsi, dans notre France traversée depuis plusieurs années par de fortes tensions sociales et animée de querelles sociétales, la laïcité est régulièrement piétinée, ou dévoyée pour stigmatiser et diviser. Des voix s’élèvent même pour la condamner, qui jugent la laïcité française inadaptée à la société moderne et la considèrent même comme un précepte liberticide. Il ne faut pas les laisser dire !
Je veux dénoncer très fermement tous les manquements au principe de laïcité dans notre pays. Nous devons contrer et punir toutes les atteintes à cette valeur humaine, morale, sociale, politique et constitutionnelle, afin d’empêcher les abus commis au nom de croyances religieuses ou philosophiques.
Nous ne devons rien laisser passer. Baisser les bras, ne rien dire des comportements dangereux, c’est ouvrir la porte à la banalisation et renforcer ceux qui transforment des cas particuliers en généralités, en s’appuyant sur les clichés les plus vils. Et ceux-là même qui piétinent ce fondement démocratique se défendent en se réclamant de la liberté d’expression. Seules les lois et la justice en décident, elles doivent être saisies à chaque manquement ; y renoncer, c’est perdre un peu plus de terrain.
Ainsi, les tombereaux de haine déversés autour de la nomination de Najat Vallaud-Belkacem sont très significatifs de méthodes condamnables : mensonges, rumeurs, calomnies les plus abjectes… Voilà les armes de ceux qui veulent nous faire croire qu’ils détiennent la vérité. Ce sont les mêmes qui flirtaient avec la légalité lors de manifestations ouvertement homophobes contre le mariage pour tous, qui insultent la Garde des Sceaux à Angers, qui mettent sous pression les enseignants de l’école publique pour surveiller le contenu de leur action…
Le combat contre les extrémismes n’est pas qu’affaire de vigilance et de justice : il est aussi et avant tout une affaire d’éducation. Si des lois existent pour juger et condamner les dérives et les excès, nous devons aussi faire comprendre à tous que la laïcité n’est pas une arme : c’est un pacte. La laïcité n’est pas l’athéisme, ni une religion alternative. Elle est un principe d’organisation collective qui garantit à la fois la liberté et l’émancipation individuelle et notre capacité à vivre ensemble.
La laïcité est un outil quotidien qui nous aide à dépasser nos différences pour construire ensemble notre avenir, en préservant la liberté de croire ou de ne pas croire, et en accordant le même statut et la même reconnaissance à toutes les religions. Et je suis tout aussi inquiet des actions de « la Manif pour Tous » dans les écoles, que des tentatives de groupuscules islamistes pour imposer à des femmes et à des jeunes filles des principes rigoristes qui n’ont rien à voir avec l’Islam de France. Comme je suis inquiet de la montée en Europe, mais aussi en France, de logiques identitaires qui brisent pareillement le pacte républicain.
Il est de la responsabilité de tous, responsables politiques, magistrats, ou simples citoyens de tenir bon, de ne pas baisser les bras devant la montée de pensées nauséabondes et de pratiques nuisibles. Il en va de l’avenir de notre République.
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