Problématique de la Séance
La question de la démocratisation dans l’enseignement supérieur , devant une certaine massification de l’ université , reprend en partie les termes du débat relatif à la démocratisation de l’enseignement en général : tels que les résume le livre de Pierre Merle sur la démocratisation de l’enseignement .
Il part de la distinction proposée par Antoine Prost entre démocratisation qualitative et démocratisation quantitative .La démocratisation qualitative implique l’affaiblissement du lien entre origines sociales et destin scolaire ; la démocratisation quantitative se mesure par l’ extension de la durée des études et l’augmentation de l’accès à un niveau avec déplacement ou translation des écarts .
Goux et Maurin parlent à ce propos de démocratisation uniforme .Pierre Merle considère que le terme « démocratisation quantitative est imprécis et préfère parler de démocratisation uniforme et ségrégative constatée par exemple à propos du recrutement social entre les différentes séries de bac ;Plutöt que de démocratisation , on devrait parler plutôt de diffusion de l’ accès à l’enseignement , en l’occurrence l’enseignement supérieur. Pour Pierre Merle , l’enseignement supérieur come les lycées sont plutôt marqués par une démocratie ségrégative .
A ce constat pessimiste sur la démocratisation , on peut ajouter celui sur le caractère antiredistributif de l’enseignement supérieur évoqué par Pierre Merle mais aussi par les travaux du CERC qui montrent que l’enseignement supérieur , contrairement à l’enseignement supérieur n’est pas redistributif ( Education et redistribution , CERC , Rapport n°3) .
Des questions sont plus spécifiques à la démocratisation dans l’enseignement supérieur , notamment celles autour de la question de la dévalorisation des diplômes , alimentée aussi par les travaux de Stephane Beaud et de Marie Duru –Bellat ( l’inflation scolaire ) , ce qui fait dire , de manière sans doute excessive à Frédéric Neyrat dans un article des Temps modernes (n° 637-639 )intitulé le « retour du sélectionnisme »pour qui les thèses précédentes reviendraient à justifier la sélection à l’université et à faire le procès de l’ université « ouverte et massifiée » .
Une autre question spécifique et objet de nombreuses controverses est celle du recrutement des élites et de l’ éventuelle démocratisation de son recrutement autour de la spécifité françaises que sont les CPGE et les grandes écoles.
Nombre de questions tournent autour de la mesure de la démocratisation ou de la non démocratisation , tant les conclusions divergent parfois à la fois sur l’ ouverture des grandes écoles et sur la démocratisation de l’ensemble des filières d’enseignement supérieur, certaines concluant à un resserrement des écarts , d’autre plutôt un accroissement .
Les données accessibles se sont néanmoins multipliées , Ã partir des grandes enquêtes de l’INSEE « Emploi et Formation et Qualification professionnelle ) et des données de la DEPP , et notamment celles extraites du panel d’ élèves et d’ étudiants .
Un document ci-joint de la DEPP « la démocratisation de l’enseignement supérieur : évolution comparée des caractéristiques sociodémographiques des élèves et des étudiants et l’ étude qui vous est présentée à cette séance « Accès à l’enseignement supérieur en France : une démocratisation réelle mais de faible ampleur » font le point sur les dernières recherches empiriques .Ce sera Chloe Tavan , une des coauteurs de l’ étude menée avec Valérie Albouy ,qui présentera ses travaux .Une bibliographie importante sur le sujet figure en fin de cette étude .
[Une démocratisation de l’enseignement supérieur à relativiser->http://www.senat.fr/rap/a01-088-5/a01-088-53.html]
La démocratisation de l’enseignement
supérieur : évolution comparée des
caractéristiques sociodémographiques
des bacheliers et des étudiants
Accès à l’enseignement supérieur
en France : une démocratisation réelle
mais de faible ampleur
Quelques éléments sur l’orientation en classe préparatoire