PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

In Bref Céreq :

Accéder au site source de notre article.


"Les parcours scolaires des jeunes ruraux se distinguent de ceux des urbains par des études moins longues, une préférence marquée pour le professionnel, des ambitions scolaires plus réduites. Ces disparités s’expliquent par l’environnement socioéconomique et la faiblesse de l’offre de formation en zone rurale. La mobilisation de multiples sources, nationales et régionales pour un éclairage bas-normand, permet de dessiner le portrait scolaire de ces jeunes, rarement sous les feux de l’actualité depuis longtemps : sur les 36 400 communes françaises, seules 1 400 disposent d’un établissement d’enseignement secondaire. Les formations suivies dans les établissements ruraux sont plus souvent à visée professionnelle, en particulier pour les garçons. Ceux-ci se destinent plus que les urbains aux métiers du BTP et de la mécanique (automobile et maintenance), alors que les filles vont choisir les spécialités du secteur sanitaire et social et des services à la personne. Le secteur de l’hôtellerie est aussi remarquablement attractif, probablement dans les zones touristiques. En parallèle, le déséquilibre traditionnel selon lequel les filles se dirigent plus que les garçons vers les études générales est beaucoup plus accentué dans les établissements ruraux.

Mais les disparités de l’offre ne suffisent pas à elles seules à expliquer le clivage aussi net des parcours d’orientation. La probabilité d’une orientation vers la voie professionnelle est plus élevée en zone rurale, et ce une fois neutralisés les facteurs principaux d’orientation dans cette voie en fin de collège, comme le retard scolaire ou le moindre capital social. Ces orientations vers les filières courtes semblent en accord avec les vœux émis par les élèves et leurs familles. Les jeunes ruraux estiment à 81 % (contre 75 % en moyenne) que leur orientation après la troisième a été conforme à leur demande. Parmi ceux ayant suivi la voie professionnelle, ils sont significativement plus satisfaits de ce choix. La prédilection pour les études professionnelles courtes peut s’expliquer aussi par le modèle éducatif prévalant dans l’environnement où se déroule le parcours, ainsi qu’on le verra avec l’exemple bas-normand. Après le bac, choisir entre études courtes et migration vers les villes.

La préférence pour les formations professionnelles courtes dans les zones rurales va de pair avec un taux moins élevé de poursuites d’études post-bac. Les jeunes ruraux ne se voient pas entreprendre des études de longue durée : l’âge considéré comme souhaitable pour arrêter les études augmente avec la taille de la commune de résidence.

Si on se limite aux bacheliers généraux, les étudiants originaires des zones rurales envisagent moins de s’engager dans des études longues que leurs homologues urbains. Ils se dirigent plus volontiers vers les filières technologiques courtes, DUT ou BTS (47 % contre 38 % pour les urbains). Cela se vérifie même chez les bacheliers dont le père occupe une position de cadre ou de profession intermédiaire : ceux habitant un pôle urbain vont plus souvent s’orienter vers les classes préparatoires aux grandes écoles et autres cursus sélectifs, ou sinon vers l’université, alors que les résidents de l’espace rural vont choisir les IUT. Ainsi, globalement, les niveaux de sortie sont moins élevés pour les jeunes d’origine rurale que pour les jeunes des milieux urbains."

Print Friendly
Categories: 4.2 Société

Répondre