Dans une école primaire, des femmes viennent améliorer leur maîtrise des savoirs de base, chaque après-midi. Elles suivent une formation relevant de la lutte contre l’illettrisme et visant à suivre plus efficacement la scolarité de leurs enfants.
Ecole des Bergers, 6e arrondissement de Marseille, 3e étage, 14 h. Onze mamans entourent leur formatrice, Violaine Brutsaert, salariée de l’association et organisme de formation spécialisé depuis 1994sur les publics en difficulté EPFF (Espace Pédagogie Formation France). Aujourd’hui, elles étudient l’emploi du temps d’un élève de 6e. Comment le lire ? Combien d’heures ? Que sont les SVT,le carnet de correspondance ? Etc. La parole circule, les mots difficiles sont répétés et écrits dans le grand cahier que ces femmes apportent ici quatre fois par semaine, sauf pendant les vacances scolaires. Un dispositif plutôt pratique puisque, aussitôt leurs enfants déposés à l’école, elles rejoignent la salle de classe où elles étudieront jusqu’à 16 h 20. Assidues, elles s’engagent à suivre cette formation toute l’année, sans contrepartie financière. A la fin, certaines passeront le Dilf (diplôme initial de langue française) ou le CFG(certificat de formation générale). Leurs motivations ? « Pouvoir aider mon gosse à l’école H, « obtenir un travail plus tard )1, « reprendre une formation professionnelle, quand mes enfants auront grandi Il ou encore, comme l’explique Zineb, « parce que lire, c’est voir, c’est ne plus être aveugle H. Une formation en prise avec la vie scolaire Cette « formation de base à visee parentale Il (FBVP) a été conçue par l’EPFF. Repérée par lJ\gence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) comme pratique exemplaire pour prévenir l’illettrisme des enfants dans le cadre de ses « actions éducatives familiales H, elle est déjà déclinée dans plusieurs établissements à Marseille et devrait essaimer ailleurs dans l’hexagone. L:idée : s’appuyer sur l’envie que tout parent a de voir son enfant réussir à l’école pour remettre les parents en difficulté avec l’écrit en situation d’apprentissage. Les modules tournent tous autour de l’école. Dans le cahier de Safia, les leçons se calent sur le calendrier de l’école: elle y a collé un bulletin scolaire, une fiche-navette, un courrier sur les élections de parents d’élèves, un petit document sur Noël et le Carnaval, etc. Chaque cours permet d’acquérir du vocabulaire et de mieux comprendre les rouages et concepts fondamentaux de l’école. Une façon de faire émerger des comportements efficaces de soutien à la scolarité des enfants. Un coup de pouce donné à leurs enfants « Ces publics sont souvent mal à l’aise et mal intégrés dans l’école, on a du mal à les atteindre. Les mamans qui sont inscrites ici, au contraire, me parlent facilement et sont demandeuses d’échange sur leur enfant. C’est un sacré coup de pouce qu’elles lui donnent ! H, constate Francine Pessemesse, enseignante en grande section de maternelle à "école des Bergers. C’est d’ailleurs parce qu’elle est convaincue de l’efficacité de cette action, qu’elle a accepté de monter avec la formatrice un module sur les albums de jeunesse. Les jeunes femmes choisissent des albums à la bibliothèque de l’école, travaillent leur lecture en cours, ramènent les livres à la maison pour les lire à leur enfant et. une fois qu’elles se sentent prêtes, vont lire le livre à un petit groupe d’enfants de la classe de grande section. La maîtresse vient ensuite dans le cours des adultes pour savoir si les femmes ont réussi à intéresser leur jeune public. « L’an dernier, une action équivalente a été conduite autour du jeu de société, explique Amande de Blanc, coordinatrice à l’EPFF. Les mamans avaient peur de ne pas savoir expliquer les règles aux enfants mais tout s’est bien passé. A la fin de l’année, elles ont fabriqué elles-mêmes leurs jeux pour y jouer avec leurs enfants chez elles. Il Laurence Bernabeu
DES OUTILS POUR PARTAGER LES BONNES PRATIQUES
Depuis deux ans,l’ANLCI a mis en place un " Forum permanent des pratiques" de prévention et de lutte contre l’illettrisme. Objectif: valoriser, mieux faire partager et connaître celles qui réussissent sur le territoire. L’ANLCI s’est associée pour cela aux décideurs et acteurs de terrain de "éducation, de la formation, de l’entreprise, de l’insertion, de l’emploi, du monde associatif. Nouvelle étape dans cette démarche: la mise à disposition via Internet de « Kits du praticien « sortes de modes d’emploi pour agir dans les domaines de l’insertion des jeunes, de la prévention et de l’évolution professionnelle.