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Comment à partir d’un dispositif d’accueil d’élèves temporairement exclus est née une réflexion plus large sur la prévention du décrochage et l’amélioration des relations des élèves avec leur établissement ?
Depuis 3 ans, le collège Gustave Courbet de Pierrefitte (93) est l’établissement référent du Fil continu, un dispositif d’accueil d’élèves exclus temporairement ou définitivement du collège ou des collèges voisins Pablo Neruda et Lucie Aubrac. Le dispositif a été conçu en partenariat avec une association, l’AFPAD, la mairie et des intervenants du programme de réussite éducative.
Les élèves sont accueillis tous les jours sur le temps scolaire, avec l’accord des parents. Ils suivent des activités de travail scolaire le matin et des ateliers sur la citoyenneté l’après-midi. Le temps du déjeuner est une occasion de rencontres et d’échanges avec des adultes (enseignants, représentants d’institutions). Plus de 220 élèves ont été accueillis en 2009-2010, mais seulement 174 en 2010-2011. Un signe encourageant, d’autant que très peu d’élèves y reviennent une seconde fois.
Cette expérience, Thierry Chenaud, CPE à Gustave Courbet, l’a suivi de près. Elle lui a donné l’envie d’aller plus loin en offrant un module relais de « raccrochage pédagogique » à tous les élèves potentiellement décrocheurs, action qui fait désormais partie du projet d’établissement.
Le module se décline selon 3 axes, en fonction de la personnalité et du niveau des élèves, nous explique Thierry Chenaud.
Le premier axe, dit éducatif, s’adresse aux élèves de 4ème et 3ème qui semblent avoir peu d’appétence pour la vie et le travail scolaires. Une quinzaine d’élèves, repérés par les professeurs principaux, bénéficient ainsi d’un tutorat, de rencontres avec les personnels sociaux et de santé et sont accompagnés tout au long de l’élaboration d’un projet d’orientation.
L’axe pédagogique est assuré par des assistants pédagogiques hors temps scolaire, sur des horaires adaptés. Il propose aux élèves un soutien dans les disciplines où cela est nécessaire.
Dans l’axe culturel et sportif, organisé avec l’AFPAD, on rencontre à la fois des élèves absentéistes qu’on essaie de raccrocher au travers de divers projets, mais aussi des élèves « méritants » pour lesquels cette ouverture culturelle est un plus nécessaire.
Chaque mercredi après-midi, les élèves rencontrent des éducateurs et des journalistes professionnels, dans la perspective de travaux journalistiques. Cette activité est également développée dans les ateliers de l’école ouverte. Les élèves effectuent ainsi un travail sur la langue, écrit et oral, et font œuvre de création.
Le côté sportif est pris en charge par Raid aventure, une association qui travaille beaucoup sur le dépassement, la socialisation et l’estime de soi des jeunes. Dans leur domaine de Dreux, les élèves sont accueillis pour un week-end mensuel, également ouvert aux enseignants volontaires, ou un stage de cohésion d’une semaine. Ils organisent de plus au début de l’été un voyage en ULM Paris Berlin, avec un regard sur le déroulement de la 2ème guerre mondiale.
L’éventail des propositions est donc important, estime Thierry Chenaud. Il est vrai que les établissements de l’académie de Créteil ont une longue habitude du travail en partenariat et que ceux de la Seine-Saint-Denis, en particulier, ne manquent pas d’interlocuteurs. « Certes, les résultats ne sont pas à 100%, mais on a de plus en plus d’outils et les effets se font sentir à long terme. Il est important cependant, dans ces activités personnalisées, que les enseignants ne se sentent pas dépossédés et n’aient pas l’impression qu’on empiète sur leur territoire ».