HUMANITéS
Classes, dans les collèges et lycées, comprenant l’enseignement au-dessus de la grammaire jusqu’Ã la philosophie exclusivement, et dites aujourd’hui classes des lettres.
La culture générale désigne un ensemble de connaissances, d’attitudes et de valeurs qui dépasse les savoirs spécialisés pour échapper aux « idiotismes professionnels », K. Marx.
Les sciences ne peuvent nous dire où passe la frontière du licite et de l’illicite, du meilleur et du pire, de l’humain et de l’inhumain. Les humanités sont la mémoire vivante du passé : « Faire ses « humanités », savoir sa grammaire, sa rhétorique, son histoire, sa poésie, ses arts, sa philosophie, cela n’exclut nullement que l’on devienne ingénieur, technicien, physicien, biologiste, astronome, statisticien, informaticien et même Prix Nobel dans l’une de ces spécialités.
On est même en droit de penser que, parmi ces spécialistes, les inventifs, les plus créatifs, les adaptables au mouvement social et scientifique, aujourd’hui si évolutif, rapide et imprévisible, seront ceux qui se seront très tôt épanouis aux « humanités », et au discernement de l’univers humain concret, qu’elles développent et aident à mûrir », (M. Fumaroli, Le Monde du 21 novembre 2000).
Les humanités préparent à l’humanisme : « L’humanisme est ce pari sur l’homme qui se pose en anti-destin », P. Magnard, 2000. En philosophie, l’humanisme désigne toute théorie qui prend pour fin la personne humaine et son épanouissement. Ainsi pour érasme, « l’homme ne naît pas homme, il le devient », confiant à l’éducation un rôle central dans sa philosophie. L’humanisme croit en l’universalité de l’homme qui ne se réduit pas à l’appartenance de genre, de classe sociale ou de communauté ethnique et il ne confond pas l’homme et l’individu. Le véritable humanisme n’est pas une doctrine qui revendique une maîtrise totale qu’exercerait l’homme sur sa propre conduite. « L’homme – souligne E. Lévinas – est une énigme pour l’homme ».
Pour nous, l’humanisme consiste à accepter cette étrangeté que l’on peut tenter d’apprivoiser par un travail sur soi et dans sa relation à autrui.
Pour G. Gusdorf, 1990, « la disparition des humanités a créé un vide pédagogique (souligné par l’auteur). C’est cette carence fondamentale qui explique la désorientation de la culture actuelle, en l’absence de valeurs régulatrices reconnues par la majorité des individus. L’anarchie épistémologique est l’un des aspects de cette situation […]Autrement dit, il s’agit de définir un ensemble de fins et de valeurs qui puisse faire l’unité de la communauté humaine grâce à un consensus librement accepté. Reste à savoir si un tel ;projet est susceptible de se réaliser ».