Le gouvernement des hommes use et abuse de « l’argument statistique ». Avec l’émergence d’un Etat néo-libéral, l’action publique s’appuie de plus en plus sur des indicateurs chiffrés qui fournissent des évaluations de la performance des différentes actions politiques.
Des « palmarès » variés connaissent une grande diffusion (souvent sous l’appellation anglo-américaine de benchmarking), en hiérarchisant les lycées, les Universités, et même les nations. Ce passage par la quantification, loin de fournir une image neutralisée des phénomènes, les transforme et les performe.
Ce livre propose des études de cas précis, enquêtes sur le budget des familles, commissions du plan, statistiques locales ou comptabilité nationale, analysant la production des statistiques publiques et leur usage par les autorités publiques. Et l’on verra comment la statistique s’est imposée à la fois comme un outil de preuve, dans les sciences empiriques, et comme un outil de gouvernement, selon l’intuition que Foucault avait déjà présentée dès les années 1970 sous le nom de « gouvernementalité ».
Sommaire
* Les mots et les nombres : pour une sociologie de l’argument statistique
* L’administrateur et le savant : les métamorphoses du métier de statisticien
* Naissance d’un nouveau langage statistique entre 1940 et 1960
* Le territoire et la localité : deux langages statistiques
* Enquêtes versus registres administratifs : les deux sources de la statistique publique
* Les qualités des quantités
* La commission et l’équation : une comparaison des plans français et néerlandais entre 1945 et 1980
* Du travail à la consommation : l’évolution des usages des enquêtes sur le budget des familles
* Démographie, science et société : le cas français
* Du réalisme des objets de la comptabilité nationale
* Eléments d’histoire d’une grande école, l’ENSAE
* L’état et la formation des classes sociales. Quelques particularités françaises
Prix public : 29,00 EUR
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