Formation tout au long de la vie
Slogan lancé en 1995 par la communauté européenne (Life Long Learning) et qui exprime l’ambition de favorise le maintien de l’employabilité des salariés au cours de leur carrière professionnelle et l’adaptation des citoyens à la société de l’information.
Le pasteur et écrivain S .Grundtvig (1783-1875) est considéré dans l’Europe du Nord comme le père de l’éducation tout au long de la vie. Chez cet auteur danois, pour que l’éducation ait pleinement son sens, elle doit être à la disposition de tout le monde au cours de l’existence et elle doit englober non seulement la connaissance mais aussi la responsabilité civique et le développement personnel et culturel. « Les hommes se forment (ou se déforment) tout au long de leur vie, la formation se confondant, précisément avec la vie et l’histoire », A. .Boutin.
Pour Jacques Delors, UNESCO, 1996, « le concept d’éducation tout au long de la vie est la clé de l’entrée dans le XXI ème siècle. Il dépasse la distinction traditionnelle entre éducation première et éducation permanente. Il rejoint un autre concept souvent avancé : celui de la société éducative où tout peut être une occasion d’apprendre et d’épanouir. En somme l’éducation tout au long de la vie doit mettre à profit toutes les opportunités offertes par la société ». ce concept évolue et est défini par la commission des Communautés européennes, 2000, comme « toute activité d’apprentissage utile à caractère permanent visant à améliorer la connaissance, les qualifications et les compétences ».
Dans une société où les évolutions techn,ologiques se succèdent rapidement, l’accès au savoir est une des conditions d’insertion sur le marché du travail. Le constat établi par Nicole Péry, 1998, est sévère : la formation professionnelle ne permet qu’à une petite minorité de salariés (70 000par an) d’accéder à une qualification reconnue. Ceux qui profitent davantage de la deuxième chance, d’un droit à la requalification, à l’adaptation et à la promotion ne sont pas ceux qui ont eu une formation initiale insuffisante ; au contraire, ce sont d’abord les hommes qui ont la formation de base la plus élevée et qui travaillent dans les grandes entreprises. Pour ne prendre qu’un exemple, l’ouvrier non qualifié d’une entreprise de moins de 25 salariés 27 fois moins de chances d’a voir accès à une formation que le cadre ou l’ingénieur d’une grande entreprise, (R.Boyer, in Le Monde du 7 septembre 1999). L’éducation et la formation tout au long de la vie ne sont seulement nécessaires au maintien de l’employabilité et de l’adaptation des salariés sur le marché de l’emploi. Elles doivent viser des objectifs plus larges, à savoir promouvoir la citoyenneté active et renforcer la cohésion sociale (Conseil européen de Lisbonne, mars 2000).
Après avoir été fondés sur le rapport au cosmos, puis sur l’appartenance aux territoires, et finalement sur l’insertion dans le processus économique, l’identité des personnes et le lien social pourraient bientôt s’épanouir dans l’échange des savoirs dans le cadre d’une société dite d’économie cognitive ou apprenante.
D’un point de vue plus général, la notion de gestion de soi ou d’entreprendre de soi permet de comprendre l’apprentissage post-éducatif comme une stratégie personnelle de l’apprenant tout au long de sa vie. Cette stratégie globale rompt avec le cloisonnement entre l’éducation (Ã l’ Ecole), l’apprentissage (en alternance) et la formation (en entreprise). L’adolescence se prolonge, les études deviennent de plus en plus complexes, l’emploi de moins en moins garanti, la mobilité professionnelle augmente. Comme la santé s’améliore, l’espérance de vie s’allonge, tout plaide pour une formation et un développement continus des individus et pour une société globalement apprenante.
Nous allons vers une société apprenante, au sens où la soif d’apprendre devient une ressource vitale dans une société forcée d’innover. A nous de savoir saisir les opportunités. Le prochain siècle aura les contours d’un monde où les valeurs ne s’imposeront plus a priori mais réclameront d’être fondées. Le défi épistémologique est incontournable. Aujourd’hui, il nous faut faire face en permanence à l’inattendu, au paradoxal, au contradictoire et au complexe. Il importe également d’apprendre à apprendre. Apprendre a ne place centrale dans une dynamique sociale. Apprendre sur le plan personnel, c’est comprendre. Dans sa dimension sociale, c’est acquérir des compétences collectives pour participer à un projet de la Cité. « André Giordan, 1998.
L’expression « apprendre tout au long de la vie » – le savoir de l’humanité double tous les trois ou quatre ans – a aujourd’hui parfois pris le pas sur celle – d’éducation tout au long de la vie ». Il y a là un risque de confusion dans la mesure où l’éducation ne se résume pas à l’apprentissage.