En 1989, la France avait besoin de former 360 000 enseignants (élémentaire et secondaire confondus) sur une décennie pour faire face au défi d’une massification qui s’énonçait par le slogan des 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat. L’article 17 de la loi n] 89-486 du 10 juillet 1989 stipule que « sera créé, dans chaque académie, Ã partir du 1er septembre 1990, un Institut universitaire de formation des maîtres, rattaché Ã une ou plusieurs universités de l’académie…
Ces instituts conduisent les actions de formation professionnelle initiale des personnels enseignants… Ils participent à la formation continue des personnels enseignants et à la recherche en éducation. Ils organisent des formations de préparation professionnelle en faveur des étudiants ».
Depuis le rapport du recteur D. Bancel visant à créer une nouvelle dynamique de la formation des maîtres, les IUFM ont connu des crises de croissance, passant de la pénurie à la pléthore de candidats aux concours de recrutement, et restent au centre des critiques divergentes qui animent l’ensemble du débat éducatif au sein de la société. Les IUFM ont bouleversé un siècle de tradition en tenant d’instituer une culture professionnelle comme aux professeurs du primaire et du secondaire.
La première année d’IUFM est une période de formation où l’objectif prioritaire des candidats est obtention du concours. L’articulation entre les compétences disciplinaires et la dimension professionnelle du métier d’enseignant, notamment par les stages en responsabilité et la rédaction d’un mémoire professionnel, demeure un point de tension au sein d’instituts de formation qui peinent à devenir de véritables établissements universitaires. Ils manquent d’enseignants-chercheurs, les relations avec l’université sont réduites, la recherche en éducation étant insuffisamment reconnue.
La « pédagogisation » est souvent mise en couse, « l’universitarisation » reste à accomplir. Pour mieux lier la formation continue à la formation initiale, les IUFM ont repris en 1998, les Missions académiques à la formation des personnels de l’Education nationale, MAFPEN.
Idéalement, l’enseignant devrait maîtriser les enjeux disciplinaires et didactiques, mais aussi l’ensemble des processus d’apprentissage. L’épistémologie des disciplines scolaires, l’histoire et la place d’une discipline par rapport aux autres, la formation transversale sont indispensables, ainsi qu’une meilleure connaissance de la psychologie de l’enfant et de l’adolescent et du fonctionnement du système éducatif.
Pour que l’enseignant soit vraiment concepteur de son métier, il faudrait qu’il puisse tout au long de son parcours professionnel être en mesure d’analyser des pratiques professionnelles, personnellement et en équipe, de s’interroger sur la place de l’école dans la société, sur la déontologie de l’enseignant, les rôles qui lui sont dévolus dans l’évaluation et l’orientation des élèves, etc.
La professionnalité globale qui se construit dans la diversité des IUFM répond à une double mission : la préparation au métier d’enseignant et l’adaptation à l’emploi, c’est-à -dire au public scolaire, (Le Monde de l’éducation, n°275, novembre, 1999).
La formation des enseignants est la clef de voûte de toute évolution des systèmes éducatifs. En effet, l’action éducative dépend essentiellement de la qualité des pratiques professionnelles des enseignants, qui est fonction de culture, des représentations et des valeurs forgées lors de leur formation de la culture, des représentations et des valeurs forgées lors de leur formation initiale et continuée.
Entre des enjeux catégoriels et une recomposition culturelle, la formation des enseignants dont dépend l’avenir de l’école est confrontée au poids de l’histoire des institutions et des cultures enseignantes.
Pour M. Develay, 1994, s’il convient de développer une professionnalité adossée à une identité professionnelle forte chez les enseignants, cela passe par « une formation disciplinaire et didactique, une formation pédagogique et psychologique. Rien que cela et tout cela : mis en synergie, et non juxtaposé. »