Horaires réduits, absence d’examens jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire, redoublement inexistant, taux de réussite impressionnant aux évaluations internationales … Éducation Magazine a voulu en savoir plus sur le modèle éducatif finlandais. Reportage dans la région d’Helsinki.
Fin mai, à l’école Linsimaki de Vantaa, dans la grande banlieue d’Helsinki. Les élèves entament leurs deux dernières semaines de cours avant les grandes vacances. Au total, deux mois et demi de coupure pour une reprise prévue le 17 août. À l’heure où le débat sur les rythmes scolaires s’ouvre en France, les jeunes Finlandais sont non seulement les Européens qui bénéficient des vacances : d’été les plus longues, mais ils font également partie de ceux qui comptent les journées les plus : courtes. Et preuve que quantité ne rime pas forcément avec qualité: les performances des élèves : finlandais dans toutes les comparaisons internationales sont excellentes. Ainsi, selon la dernière : étude PISA menée par l’OCDE en 2006, non seulement les jeunes Finlandais de 15 ans arrivent : en tête du classement parmi cinquante-sept pays évalués, mais la Finlande est le pays où le niveau : est le plus homogène, et où les élèves en difficulté sont les moins nombreux. Mais comment ce petit pays de 5,3 millions d’habitants niché dans les contrées septentrionales de l’Europe obtient-il de si bons résultats? Le système éducatif finlandais, tel qu’il existe aujourd’hui, est relativement jeune. C’est, en effet, dans les années 70 que l’école jugée trop inégalitaire et trop sélective est profondément remise en cause. L’éducation finlandaise subit alors une refonte complète dont le principe directeur est d’offrir à tous un niveau d’éducation élevé, quels: que soient le sexe, l’origine sociale, la langue malternelle, le domicile et la situation économique. Concrètement? Un enseignement de base de neuf ans, identique pour tous les enfants du territoire, constitue désormais le cursus de la scolarité obligatoire et gratuite. Cet enseignement est dispensé par les écoles dites «fondamentales », où les élèves restent ensemble de l’âge de 7 à 15 ans, et où le redoublement est inexistant.«Nous sommes très fiers de notre école) Pour bâtir le système éducatif actuel, plusieurs mesures d’envergure sont progressivement adoptées au cours des trois décennies suivantes: décentralisation des décisions au niveau local, large autonomie accordée aux enseignants, suppression du corps d’inspection, abolition des notes et des examens jusqu’en septième (équivalent de notre quatrième), aide ciblée et immédiate pour les élèves en difficulté, rénovation de la formation des professeurs, etc. «Tout cela ne s’est pas fait en un jour, indique Leo Pahkin, expert à la Direction nationale de l’enseignement basée à Helsinki. Cela fait trente-cinq ans que nous faisons évoluer notre système pour qu’il fonctionne le mieux possible. Aujourd’hui, nous sommes très fiers de notre école.» L’établissement Lansimaki est l’une des 3000 écoles fondamentales du pays. Elle regroupe 690 élèves dans deux bâtiments principaux. Le premier accueille les enfants de 7 à 12 ans (niveaux 1 à 6), qui ont des enseignants polyvalents. Le second, les enfants de 13 à 15 ans (niveaux 7 à 9) dont les enseignants sont spécialisés dans une ou deux matières. Ici, la journée commence à 8 heures et finit entre 12 et 15 heures. Elle est découpée en leçons de 45 minutes chacune. Les deux premières années, les élèves n’ont pas plus de 19heures de cours par semaine. Toutefois, l’école a l’obligation de proposer des activités l’après-midi, comme le sport. Ensuite, selon le niveau, les cours occupent entre vingt-quatre et trente heures hebdomadaires. Chaque fin de cours est automatiquement suivie de quinze minutes de détente. Les enseignants profitent eux aussi de ces moments de pause pour boire un café ou bavarder avec leurs collègues. Les salles dédiées aux professeurs sont confortables: tables, chaises, ordinateurs, machine à café, coin-cuisine, canapés, mais aussi casiers, toilettes et vestiaires sont à leur disposition. Un environnement chaleureux. D’une manière générale, tous les locaux sont lumineux et agréables avec de larges couloirs, où trônent les affaires éparpillées des élèves. Les plus grands bénéficient en plus de tables, de chaises et de casiers. Les salles de classe sont plus ou moins spacieuses, mais toujours très bien équipées, notamment en matériel informatique et audiovisuel. L’établissement comprend également des salles spécifiques pour les activités manuelles comme le travail du bois et les cours de cuisine. C’est l’une des caractéristiques du système finlandais:le bien-être des professeurs comme celui des élèves est une véritable préoccupation. Tout est fait pour que chacun se sente bien à l’école
L’ENQUÊTE PISA: COMMENT ÇA MARCHE?
Tous les trois ans depuis 2000,le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), mené par l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique), évalue les compétences des jeunes de 15 ans de différents pays du monde. Trois domaines sont concernés: la compréhension de l’écrit, la culture mathématique et la culture scientifique. En 2006, 57 pays ont participé à cette évaluation. Pour la réaliser, plus de 400000 élèves ont été sélectionnés aléatoirement. L’objectif de PISA est de mesurer la capacité des adolescents à utiliser les savoirs acquis à l’école pour faire face aux défis de la vie réelle. Pour chaque cycle, l’un des domaines évalués est mis en avant et fait l’objet de tests plus poussés que les autres. En 2006, les sciences étaient à l’honneur.