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Extrait : "Longtemps écartés de l’école, les parents sont désormais sollicités pour l’aider dans ses missions. Bien que reconnus comme partenaires par les textes depuis plus de vingt ans (loi d’orientation de 1989), ils peinent à trouver leur place dans l’institution. Or, viser la promotion collective exige une mobilisation conjointe des acteurs de l’éducation.
Avec la montée en puissance de la demande de qualification imposée par le contexte économique, les parents sont passés de l’intérêt distant à l’inquiétude voire à l’angoisse vis-à-vis de la scolarité. Leur confiance à l’égard de l’école n’est plus automatique et, dans le contexte d’une concurrence sociale exacerbée, la figure du « parendélève » s’est pluralisée.
Les mieux pourvus en capital économique et culturel, encouragés par les discours critiques à l’égard du système scolaire, continuent de jouer en stratèges, ici pour le choix d’établissement et de filières de formation, là en colonisant l’école pour mieux en saisir les codes, infléchir voire en contester les options pédagogiques.
Les parents de milieux populaires sont, pour beaucoup, victimes d’une « désorientation scolaire » consécutive aux changements incessants d’organisation et de programmes. Plus captifs de l’offre locale de formation, moins familiers de l’univers scolaire, ils sont plus fréquemment dans le retrait, parfois désabusés (quelle valeur des diplômes face au chômage ?) et souvent par délégation, font confiance aux professionnels. Mais quand la promesse n’est pas tenue, quand les difficultés se révèlent et qu’ils ont le sentiment d’en être rendus responsables, le ressentiment est vif, source de tensions et de conflits."