PRomotion des Initiatives Sociales en Milieux Educatifs

En 2008, nous avions réalisé une étude, parue dans un ouvrage collectif intitulé « Parents et profs d’école : de la défiance à l’alliance ». La conclusion mettait en évidence que le « malentendu » entre les parents et les enseignants dénoncé par François DUBET en 1980 était toujours présent, que cette défiance réciproque nourrissait l’échec scolaire mais aussi la violence tant des adultes que des élèves et qu’elle entraînait un délitement des liens sociaux. En conclusion, l’importance bénéfique du partenariat famille / école était mise en évidence et cinq points d’ancrage partenariaux et bénéficiant d’une expérimentation étaient présentés.

Au moment où le rapport de la Concertation sur la refondation de l’école de la République prend en compte la nécessité de « redynamiser le partenariat parents- école » par quatre propositions pertinentes et où se déroule à Paris à l’initiative de l’association Ecole et Famille et de la Région ile de France le colloque « Ecole – Famille – Cité : la valeur des liens.», il nous est apparu tout à fait opportun de mieux connaître l’état actuel de cette relation.

Pour ce faire, nous avons choisi 3 approches qui nous semblent significatives de l’état des lieux de ce partenariat : côté parents d’une part le thème source de conflits de l’orientation des élèves et d’autre part les griefs et plaintes déposés auprès du Médiateurs de l’Education Nationale ; côté enseignants et chefs d’établissement, les agressions des parents dont ils sont victimes et la fréquence des difficultés rencontrées avec les parents.

1 – L’orientation des élèves

L’orientation étant souvent citée comme un des motifs importants du mécontentement si ce n’est de l’agressivité des parents vis-à-vis des enseignants il nous est apparu primordial d’approfondir ce point et de connaître plus précisément l’ampleur de ce phénomène.

D’abord un rappel : dans l’organisation de notre système éducatif, l’orientation « imposée » à un élève et à sa famille ne peut s’effectuer durant un cycle d’enseignement. En revanche, à la fin de la scolarité de la 6ème, 4ème, et 2de générale et technologique, la décision du chef d’établissement fait loi. Toutefois dans le souci d’offrir un dernier recours aux familles, a été instaurée la procédure de la commission d’appel. Cette dernière, départementale, qui réunit les représentants de la communauté éducative pour l’audition des élèves et des parents accorde ou non le changement d’orientation demandé par ces derniers.

En 2011, les taux d’appel nationaux et de satisfaction se présentent ainsi :
(sources : M.E.N et Académie de Grenoble ; CSAIO)

TAUX D’APPEL NATIONAL

TAUX DE SATISFACTION

0,57

30,69

NOMBRE D’APPELS

NOMBRE D’APPELS SATISFAITS

16100

4941

 

A noter que le taux d’appel varie de 0,2  pour les passages en fin de 5ème et de 3ème à 0,8 pour le passage en 2de et à 1,5 pour la fin de 2de générale et technologique. Quant au taux de satisfaction national, il s’échelonne de 60,6 % pour le passage en 5ème à 49,9 % pour le passage en 2de et 45,7 % pour le passage en 1ère.A noter ici que ce phénomène est relativement inégal selon les Académies .C’est ainsi que pour une Académie rurale et montagneuse le taux de satisfaction du passage en 5em est de 53% et que pour une Académie très urbaine le taux de passage en seconde est de 43%.

Pour aller plus loin, car « faire appel » est un processus administratif lourd et contraignant pour les parents et auquel souvent, ils renoncent (notamment dans les familles peu habituées aux codes de fonctionnement de notre école) les statistiques d’orientation nous permettent de comparer les demandes des élèves et de leur famille avec les décisions prises par l’administration avant la commission d’appel.

 

NIVEAU

DEMANDES

DECISIONS

NOMBRE DE REFUS

PASSAGE EN 2DE G et T

61,9 %

61 %

9120

PASSAGE EN 2DE LP

28,1 %

29,4 %

9880*

PASSAGE EN 17RE G et T

68 %

61 %

35000

TOTAL

 

 

53900

* : nombre d’élèves « orientés d’office »

Trois constats ressortent de ce tableau :

  • Le dispositif d’appel est utilisé par une minorité de familles « déçues » par la décision de l’administration. 7 parents sur 10 qui font appel sortent de ce processus insatisfaits

  • L’écart entre les demandes d’affectation des élèves et de leurs familles et les refus administratifs pour le passage en 2de générale et technologie est très faible (moins de 1 %). Il est plus important pour le passage en 1ère générale et technologique (7 %)

  • Cet écart est négatif pour les élèves affectés en lycée professionnel. Près de 10000 élèves sont scolarisés « d‘office »

En conclusion, près de 60000 familles ont été concernées par une décision contraire à leur demande de poursuite de scolarité de leur enfant. Plus d’une sur quatre a fait appel pour un taux de succès de 30 %.

Au regard de près des 3 millions d’élèves scolarisés à ces niveaux « d’orientation », ce phénomène apparait marginal. Et pourtant son impact au niveau des acteurs et usagers du système éducatif est considérable. Ce processus est mobilisateur plusieurs fois par an de milliers de responsables éducation et associatif. Il développe surtout un sentiment de défiance et parfois d’agressivité de la part des parents et dans une moindre mesure des enseignants.

Pour remédier à cette situation l’expérimentation mise en place par la Délégation Interministérielle à la Famille en Seine St Denis(1998-2002)reposant sur une véritable « Education à l’Orientation » visant la concordance en fin de scolarité de Collège du choix de l’élève et de celui de ses parents avec celui de l’établissement offre une réflexion prospective riche de potentiels (voir Annexe).

Problématique reprise et amplifiée dans le Rapport récent de la « Concertation »qui préconise d’une part « d’associer davantage les parents aux choix d’orientation et de prévoir systématiquement un dialogue et une médiation en cas de désaccord »et d’autre part d’expérimenter la possibilité de laisser aux parents le dernier mot en matière d’orientation en fin de seconde (voire en fin de 3eme) et sur le redoublement à tous les niveaux de la scolarité.

2 – Les Différends des Parents avec L’Ecole (Rapport 2011 du Médiateur de l’Education nationale)

Ce document présente notamment une enquête commandée par la Médiatrice et pilotée par la DEPP(Direction de l’Evaluation ,de la Prospective et de la Performance du M.E.N)particulièrement instructive sur la nature des griefs et plaintes des parents envers l’institution éducative.

17% des parents d’élèves disent avoir eu au moins un différend au cours des trois dernières années avec des personnels de l’éducation nationale sur les sujets suivants.

Problèmes relationnels et comportements fautifs (conflits, discipline….) : 40%
Déroulement de la scolarité(notation, orientation….) 51%
Affectations(inscription, fermeture de classe, d’établissement….) 4%
Questions financières (frais de scolarité, de cantine,….) 4%
Examens(inscription, équivalence….) 1%

En complément les réponses données à la question « Avec qui avez-vous eu ce différend nous apportent des précisions qui s’inscrivent dans le sens de cette étude :

– Enseignants : pour 56% des problèmes relationnels et comportements fautifs
– Chefs d’établissement : pour20% ‘’ ‘’ ‘’
– Enseignants : pour 61% des problèmes de déroulement de la scolarité
– Chefs d’établissement : pour 33% ‘’ ‘’ ‘’

Quant à un chiffrage global de ce phénomène nous nous appuierons sur le nombre total de dossiers traités en 2011 par le Médiateur : 9329 ; 69% de ces « réclamations » proviennent des usagers (parents, élèves, étudiants) et 72% sont relatifs à l’enseignement scolaire ; cette approche permet d’évaluer à près de 4700 le nombre de familles concernées.

Ces chiffres nous confirment si besoin était que le « malentendu »est toujours présent et qu’au regard de la progression spectaculaire des dossiers traités par le Médiateur (près de100% en 10 ans) cette situation ne s’est pas améliorée.

Là aussi des solutions existent et ont prouvé leur efficacité (voir Annexe).A noter que les propositions du rapport de la « Concertation »relatives à l’évaluation des élèves, la suppression des redoublements, la « réelle participation des parents aux décisions et projets dans les différentes instances de représentation »devraient diminuer fortement ces « différends »si elles sont mises en œuvre…

LES CONFLITS PARENTS/ ENSEIGNANTS et PARENTS/CHEFS D’ETABLISSEMENT

La question que nous nous sommes posé était de savoir si dans certaines circonstances ce fameux « malentendu »se transforme en affrontements et agressions et si oui dans quelles formes et quelles proportions.
Désormais et depuis peu nous pouvons approcher de façon plus objective ce phénomène qui pendant longtemps faute d’enquêtes statistiques précises se rapprochait plus d’une opinion se construisant à partir de faits divers et de rumeurs.
Trois documents forment la base du constat qui suit. Le bilan d’activité 2010/2011 de la Fédération Autonome de Solidarité (protection professionnelle juridique des personnels de l’E.N ; 500.000 adhérents).Deux études portant,  la première sur le Climat des Lycées et Collèges et la Victimation des Personnels de Direction (2011),la seconde sur le Climat des Ecoles Primaires et la Victimation des enseignants et directeurs(2012) .

BILAN RAPPORT F.A.S : (5052 dossiers)

EVENEMENTS

RESPONSABLE LEGAL

PROCHE FAMILLE

Insultes / menaces

63 %

4 %

Agression physique légère

22 %

2 %

Diffamation

69 %

0 %

Dégradation de biens

1 %

0¨%

Harcèlement moral

23 %

0 %

Préjudice informatique

15 %

2 %

Ce tableau présente l’implication des tierces personnes dans les événements présentés dans ces dossiers .Il montre clairement les dysfonctionnements dans le trio, personnels de l’éducation/parents d’élèves et élèves. A noter la forte présence du responsable légal pour les insultes et menaces auteur à 63% de ce type d’agression(auquel il faut ajouter 4%(proche famille) ainsi que pour la diffamation 69% et dans une moindre mesure- mais dans certains cas avec des conséquences beaucoup plus graves pour l’enseignant et/ou le chef d’établissement- l’importance du harcèlement moral par ce type d’auteur 23%

RESPECT ET AGRESSIONS PAR LES PARENTS

(Sources : Enquête :Violence et Climat scolaire dans les établissements du second degré en France ;Eric Debarbieux et Georges Fotinos.   Observatoire International de la Violence à l’école (2011) 
Enquête :Climat de l’école primaire et victimation des enseignants et directeurs d’école.Eric Debarbieux et Georges Fotinos) ; Observatoire International de la Violence à l’école (2012).

Il faut préciser d’emblée d’une part que les données utilisées proviennent de deux enquêtes nationales importantes (11820 réponses des enseignants du 1er degré et 1542 de la part des chefs d’établissement) et d’autre part qu’elles reposent notamment dans sa partie victimation sur le ressenti des personnes.

Les questions pour cerner ce champ portent sur 2 registres : le sentiment d’être respecté par les parents et les agressions sur les personnels dont les parents sont les auteurs.

En 2011 le sentiment d’être respecté par les parents est important pour les chefs d’établissement (86%) avec toutefois une baisse de 6 points en 6 ans ; pour les directeurs d’école ce pourcentage est de 81% avec cette fois ci une hausse de 8 points sur la même durée. Bien que très positif cela signifie que près de 14% et 19% de ces responsables d’établissement ne sont pas dans une situation propice pour établir un rapport de confiance et construire un partenariat de coéducation avec les familles.

Quant aux différentes agressions contre les personnels et dont les parents sont les auteurs elles se situent principalement sur les registres insultes, menaces et harcèlement ; la violence physique est extrêmement rare(0,6 pour les chefs d’établissement,0,2 pour les directeurs d’école)

AGRESSION

PERSONNELS DIRECTION

ENSEIGNANTS 1E DEGRE

DIRECTEURS D’ECOLE

 

 

TOTAL

PAR PARENT

TOTAL

PAR PARENT

TOTAL

HARCELEMENT

12,2 %

27,4 %

14 %

46,8 %

17,2 %

MENACES

20 %

10,5 %

17,2 %

12,7 %

23,5 %

INSULTES

40 %

16,1 %

36 ,2 %

20 %

40,5 %

Pour les trois types d’agression les parents sont en majorité les auteurs pour les directeurs d’école. Ils participent dans des proportions moindres au harcèlement des enseignants du premier degré (1 sur 2) et à celui des chefs d’établissement 1 sur 4).
A noter l’importance globale des insultes(au moins une fois dans l’année) qui touchent près d’un chef d’établissement et un directeur d’école sur 2 et un enseignant du premier degré sur 5.

La participation des parents bien qu’à priori paraissant importante doit être relativisée au regard du nombre de personnels concernés. En effet, le harcèlement par les parents concerne 3 % des chefs d’établissement, 6 % des enseignants du 1er degré et 9,5 % des directeurs d’école ; pour les menaces ce sont respectivement 2 %, 2 % et 18, 5 %. Enfin pour les insultes, 6,5 %,7 %, 25 %.Quant à la fréquence des difficultés rencontrées au cours de l’année 2011 avec les parents : 1 directeur sur 2 déclare avoir vécu cette situation 1 à 2 fois et près d’un directeur sur quatre, 4fois.

Au regard de ces chiffres il est difficile de convenir que la relation parents / enseignants est totalement sereine. Les conflits dans leur expression violente semblent toutefois peu nombreux et touchent plus les enseignants et directeurs du 1er degré que les chefs d’établissement. Selon les enquêtes présentées, ils sont principalement dus à la discipline, à l’évaluation et à l’orientation des élèves.

Nous manquons de recul et d’enquêtes pour apprécier l’évolution de ce phénomène. Toutefois au regard de témoignages d’acteurs du système éducatif contemporains du fameux « malentendu » il semble que cette situation soit le signe de comportements relativement récents qui peuvent s’expliquer aussi bien par le côté « consommateur » de certains parents, la course effrénée à la réussite scolaire que par la perte du « prestige social » de l’enseignant.

 

ANNEXE

Le texte présenté en Annexe date de 2008 ; Il prolonge et explique les chiffres « inquiétants »mis en évidence précédemment .Il analyse l’effet « Ecole » sur la relation avec les parents ainsi que l’effet « Parents » sur l’école .Il se termine par cinq propositions qui ont donné lieu à une brève expérimentation (1998-2002) pilotée par la Délégation Interministérielle à la Famille et évaluée par l’Institut National de la Recherche Pédagogique. A noter que le rapport de la « Concertation »sur la Refondation de l’école dans sa partie « Un partenariat Parents-Ecole redynamisé »reprend une partie de ces propositions.

EXISTE-T-IL UN EFFET PARENTS / ÉCOLE
ET / OU UN EFFET ÉCOLE / PARENTS ?

La question récurrente et abordée de mille façons par tous les observateurs de l’école et surtout par ses acteurs est celle-ci : le partenariat instauré institutionnellement depuis près de 30 ans a-t-il ou non une influence sur le mode, l’organisation, le fonctionnement, l’efficacité de l’école et in fine sur la réussite scolaire des élèves ? Si oui laquelle ?

Et pourtant avant d’aborder une réponse, ne peut-on penser qu’une des questions clés est peut être celle-ci : quelle est l’influence de l’école sur les parents et comment ses caractéristiques sont-elles propices ou non à ce partenariat ?

A travers l’enquête évoquée précédemment et dont un des objectifs était de mettre en évidence les facteurs participant le plus à l’instauration et l’évolution du climat d’école, nous avançons quelques éléments de réponse.

EFFET ÉCOLE / PARENTS

La première question que nous nous sommes posée était de savoir si les caractéristiques d’une école avaient une influence sur le nombre de réunions organisées.

Les réponses sont claires, les réunions sont plus nombreuses :

  • à l’école élémentaire qu’à l’école maternelle

  • si moins de 40% des enseignants ont une ancienneté professionnelle de plus de 10 ans

  • si les effectifs d’élèves sont nombreux

  • si le retard scolaire général concerne entre 10 et 20% des élèves

  • si ce sont des hommes qui dirigent l’école

A noter deux faits essentiels : un absentéisme plus important des élèves lorsque les réunions sont moins nombreuses et surtout le nombre de réunions, quel qu’il soit ne joue pas sur le climat de l’école.

Chacun de ces points mériterait bien sûr une analyse approfondie – mais ce n’est pas ici le lieu – toutefois on peut relever que plus l’ancienneté dans le métier des enseignants est importante moins les réunions sont nombreuses et qu’à l’inverse plus le retard scolaire est important plus ces dernières sont fréquentes.

La seconde, troisième, quatrième et cinquième question concernait l’appréciation de la qualité des rapports avec les parents. En quoi ce sentiment était-il lié, comme précédemment, aux caractéristiques de l’établissement ?

Pour l’adaptation de l’organisation aux attentes des parents, on constate que la dégradation de cette situation est en relation avec l’importance des faits de violence et un mauvais climat scolaire. En revanche, meilleure est cette adaptation, meilleures sont la qualité de vie scolaire, la réussite scolaire, la satisfaction professionnelle du directeur(trice) ainsi que sa vision pour l’avenir du système éducatif.

En ce qui concerne la qualité des relations avec les parents, elle est meilleure si l’école n’offre pas de demi-pension, si le personnel enseignant est jeune, si la qualité de vie scolaire, la réussite scolaire, la satisfaction professionnelle du directeur(trice) ainsi que sa vision de l’avenir du système éducatif et le climat scolaire sont bons.

En revanche, cette qualité de relation est moins bonne si l’école présente plus de 10% de retard scolaire global et si le taux d’absentéisme et supérieur à 5%

Quant à l’évolution de l’image de l’école auprès des parents, on note que celle-ci est en amélioration dans les écoles situées en ZEP, dans les écoles sans demi-pension, lorsque les enseignants sont jeunes et lorsque la qualité de vie scolaire, la réussite scolaire, la satisfaction professionnelle du directeur(trice) ainsi que sa vision de l’avenir du système éducatif, le climat scolaire sont bons.

A noter que ces améliorations sont indiquées moindres par les directrices.

Enfin le respect des directeurs(trices) par les parents est plus important dans les écoles situées en ZEP, lorsque l’absentéisme des élèves est peu important, si c’est un homme qui dirige l’école et si comme pour les 3 précédentes variables, la qualité de vie scolaire, la réussite scolaire, la satisfaction professionnelle du directeur ainsi que sa vision de l’avenir éducatif, le climat scolaire, sont bons.

A partir de cette moisson d’informations inédites, il semble possible de tracer quelques lignes de force d’action et d’établir un début de constat.

D’abord l’âge des enseignants, le sexe du responsable d’école, le retard scolaire, le nombre d’élèves, l’absentéisme, la violence des élèves, la demi-pension sont des éléments importants qui sont en rapport avec la fréquence des réunions.

Ensuite, alors que dans l’enquête sur le climat scolaire plus de 60 variables jouaient sur ce climat on note bizarrement que le nombre de réunion avec les parents n’a aucun effet. C’est un premier constat qui ressort de l’analyse de ces variables quantitatives et objectives.

Le second constat concerne les variables subjectives, les opinions, avis, sentiments des directeurs(trices) d’école sur leur action et celle de l’école vis-à-vis des parents. Et là, les résultats présentés sont très clairs : meilleure est l’organisation de l’école pour répondre aux attentes des parents, meilleurs sont le fonctionnement de l’école, la réussite des élèves et la satisfaction professionnelle du directeur(trice).

On note que tous les efforts pour améliorer la qualité des relations parents/Ecole et celle de l’image extérieure de l’établissement jouent dans le même sens et avec les mêmes variables.

Enfin, il semble possible de synthétiser toutes ces influences à travers un résultat : le respect que portent les parents au directeur(trice) plus ce respect est fort, plus la confiance s’instaure, meilleures sont comme nous l’avons vu, la vie scolaire et la réussite scolaire des élèves.

EFFET PARENTS / ÉCOLE : LA RÉUSSITE SCOLAIRE

A remarquer que les résultats précédents qui cernent mieux et "objectivisent" la liaison école/parents, notamment le lien avec la réussite scolaire doivent être pour être mieux compris affinés à la lumière des pratiques familiales. D’une façon générale, ces dernières pondèrent "l’influence" de l’école. En effet, la plupart des résultats des recherches mettent en avant les avantages d’une éducation familiale basée sur l’autonomie et l’épanouissement de l’enfant. "La combinaison de la disponibilité affective et de l’encouragement a toujours un effet favorable sur le comportement de l’enfant et sur ses résultats aux évaluations, plus particulièrement à l’école (Bergonnier-Dupuy 2005).

Mais est-ce le cas pour tous les milieux sociaux ? Plusieurs études apportent des réponses

 

  • La première indique que les performances des enfants de milieux populaires seraient d’abord dépendantes de l’influence spécifique de l’école alors que celles des enfants de milieux favorisés seraient plus influencées par leur éducation familiale (Tazouti, Flieller, Vrignaud 2005).

  • La seconde précise que l’implication des parents dans l’éducation a un effet significatif sur le comportement et la réussite des enfants même quand l’influence d’autres facteurs, tels que l’origine sociale ou la taille de la famille a été neutralisée (Desforges, Abouchaar 2003).

  • La troisième met en évidence que les valeurs positives des parents envers l’éducation et leur intérêt pour l’école sont intégrées par les enfants et participent à leur motivation, même si la force de cette influence décroît avec l’âge et le niveau scolaire (Millet, Thin 2005).

  • La quatrième révèle que l’engagement des parents à la maison est largement plus efficace que leur engagement dans l’école et que les variations de résultats en fonction de cet engagement sont plus importantes que les variations dues aux caractéristiques de l’établissement scolaire (During 2006).

LES POURQUOI DE CE CONSTAT

D’une façon générale, les parents estiment être responsables de l’éducation de leurs enfants. Dans une enquête IFOP/Ecole des parents, pour 94%, il leur appartient de transmettre des valeurs à l’enfant et pour 75%, ils considèrent que c’est à eux de réagir lorsque l’enfant fait quelque chose d’interdit. Nous sommes ici assez loin du parent démissionnaire.

De plus, seulement un parent sur deux pense que les enseignants peuvent aider l’enfant à acquérir certaines valeurs.

Face à eux, des enseignants et des personnels d’éducation et de direction de l’Éducation nationale et non de l’instruction publique qui ont notamment pour mission d’enseigner et de transmettre les valeurs républicaines, les droits de l’homme (sans oublier les droits des enfants et jeunes), la laïcité…

Ces derniers jugent (dans cette enquête) et en majorité (58%) que les attitudes les plus fréquentes des parents face à leur mission éducative et aux difficultés que cela peut créer, sont de type "démissionnaire" et qu’ils s’en remettent trop facilement aux institutions. Toutefois, près de 30% viennent leur demander des conseils d’éducation.

Pour résumer, face à cette situation, les 75% des professionnels en charge des enfants et des adolescents déclarent avoir un rôle à jouer dans l’éducation et 60% sont d’accord dans certains cas pour réaliser des actions qui vont à l’encontre de l’éducation des parents.

Comment en sommes-nous là, face à ce "malentendu" bien spécifique à la France. Dans le plupart des pays de l’Union Européenne, mais aussi aux Etats-Unis et au Canada (l’exemple québécois est pour nous particulièrement intéressant), ce partenariat fonctionne jusqu’à confier la présidence des établissements scolaires à des parents ; en France, cette situation existe dans les lycées agricoles.

Face à ces positionnements, nous nous situons loin des explications conjoncturelles liées à une actualité "médiatique" à la recherche du fait divers à sensation, mais aussi des opinions tranchées des "deux partis" présentés.

En effet parmi toutes les analyses qui s’attachent à comprendre ce phénomène et elles sont très nombreuses – une récente bibliographie de la cellule «veille scientifique et technologique» de l’I.N.R.P. en présentait 45 parues depuis 2003 – nous retenons, pour notre part et dans sa plus grande partie, celle réalisée par la sociologue Françoise Lorcerie.

Pour ce chercheur la situation bien française ne trouve pas son origine dans des causes conjoncturelles mais est plutôt la résultante de l’histoire de l’évolution de notre système éducatif et de ses rapports avec les familles.

L’explication la plus objective provient de l’analyse de la force d’inertie de notre système éducatif qui entretient simultanément des formes de régulation héritées du passé tandis que l’évolution des "idées civiles" génère de nouvelles attentes.

Historiquement on perçoit trois époques de la relation parents-école : l’époque des "parents assujettis", celle des "parents partenaires" et celle des "parents clients".

 

  • L’époque des "assujettis" issue de l’empire napoléonien mais reprise par la République est fondée sur la relation autoritaire instaurée par l’État sur le citoyen en matière d’éducation. Les familles abandonnent au seuil de l’école toute prétention à faire valoir leurs demandes.

  • L’époque des "partenaires" initiée par la loi d’orientation sur l’éducation de 1989 qui légalise et institutionnalise la participation des parents à tous les niveaux du système.

  • Cette participation est dénoncée aujourd’hui par une majorité de parents comme excessivement formelle dans un système de représentation en crise qui ne concerne qu’une partie de la population culturellement favorisée.

  • L’époque des "clients" issue de la charte de 1992 sur le renouveau du service public qui affirme que l’usager doit être placé au centre de tous les services publics. Cette norme pose à l’administration une obligation de résultats et préconise des principes nouveaux : transparence et responsabilité, simplicité et accessibilité, participation et adaptation, compétence et fiabilité.

Cette philosophie néo-libérale appliquée à l’école accentue le consumérisme des parents. La réponse actuelle du système éducatif est double, d’une part développer le caractère autonome des établissements publics, d’autre part, associer de façon institutionnelle les établissements privés au service public.

Ce dispositif permet ainsi une régulation "naturelle" de demandes des parents qui peuvent "naviguer" alternativement sur ces deux systèmes tout au long de la scolarité de leurs enfants.

Les quelques "pourquoi" et explications avancées de la situation présente nous semblent être des éléments de clarification de cette problématique complexe – sujet politique récurrent et préoccupation de tout Ministre de l’Éducation nationale – la relation parents/école. Ils sont la base des propositions d’action qui suivent.

PROPOSITIONS

L’ensemble de ce travail nous a permis de structurer et de délimiter le champ dans lequel s’inscrivent nos propositions d’action et la problématique qui le sous-tend. En effet, il apparaît bien que le fonctionnement actuel de ce partenariat institutionnalisé à tous les niveaux d’organisation de notre système éducatif, classe, école, établissement, département, académie, ministère, soit loin d’"enclencher", dans la majorité des cas sur le fonctionnement réel des établissements dont l’objectif fondamental est, il faut le rappeler : la réussite des élèves.

Pour améliorer cette situation, qui perdure, une littérature très abondante existe. Toutefois, deux rapports ministériels issus d’enquêtes de terrain – dont l’un d’une consultation nationale des usagers et des acteurs – ressortent par la cohérence de leurs propositions.

Le rapport "Thélot" de 2004 et celui des Inspections Générales de l’Éducation nationale 2006.(1)

 

    • Le premier propose de "construire une éducation concertée avec les parents" fondée sur l’obligation, la personnalisation et la continuité. Il préconise notamment la création d’un Conseil de communauté éducative pour prévenir ou résoudre les conflits parents/éducateurs.

    • Le second propose de développer une "culture du dialogue et du débat", d’améliorer les conditions pratiques d’exercice des parents, de créer des "ateliers" ou "école des parents", de former les enseignants à la relation parents…

Nos propositions s’inscrivent dans ce cadre en le diversifiant par des expériences pionnières qui nous semblent exemplaires. Elles possèdent les composants essentiels pour devenir de véritables points d’ancrage à partir desquels peut se créer une véritable politique de coopération capable d’irriguer l’établissement à tous les niveaux de son fonctionnement.

D’abord un préalable absolu. Toute action partenariale est fondée sur une reconnaissance réciproque des compétences et des apports de chacun, ainsi que sur la confiance et une égale dignité. Ensuite quels que soient l’importance et le caractère volontaire, incitatif des textes officiels, de l’organisation et des instances mises en place, la réussite de la coopération parents /enseignants est liée fondamentalement à la mise en œuvre de projets et d’actions réalisés en commun. L’information et la documentation des parents ainsi que leurs conditions pratiques d’exercice de cette responsabilité se révèlent, à la lumière des "expériences, nécessaires mais non suffisantes".

Ces propositions, dans le souci d’affronter le réel et d’apporter des améliorations à la situation actuelle, s’efforcent de prendre en compte les points où la rencontre parents/Ecole est frontale et provoque le plus de ressentiments si ce n’est dans certains cas de…violences.(2)

LES 5 POINTS D’ANCRAGE

 

  • La lutte contre la violence en milieu scolaire.

Comme il a été indiqué cette situation est la première préoccupation des parents et s’inscrit en tête de leur souhaits de participation au fonctionnement de l’école.

Deux pistes nous semblent pouvoir structurer ce partenariat préventif et curatif, l’une concernant les contenus, l’autre l’organisation.

Pour les écoles maternelles et élémentaires la priorité est à la prévention et concerne tous les enfants.

Elle repose essentiellement sur le développement des compétences sociales dont les objectifs généraux sont : affermir et affirmer la confiance en soi, savoir exprimer ses émotions et repérer celles des autres, aider et être solidaire, respecter les règles et les lois, savoir gérer les conflits pacifiquement(3) Enseignement auquel sont associés les parents qui peuvent disposer à la maison du livre (non "du maître" mais "des parents") pour comprendre et dispenser les mêmes principes et valeurs sociales en vigueur qu’à l’école. Dans certains cas, cette appropriation familiale nécessite la participation d’un médiateur, sorte de pont culturel entre l’école et la famille.

A noter que ce type de démarche existe aussi pour les collégiens et lycéens avec une orientation plus marquée vers le développement d’une citoyenneté active à laquelle les parents sont associés sous différentes formes dans les projets éducatifs.(4)

Toutefois pour atteindre toute son efficacité, ce type d’action nécessite de mettre en œuvre bien sûr une politique d’information et de documentation, mais aussi l’organisation régulière de rencontres bilan portant sur l’évolution du climat de l’école. Remarquons ici que la proposition de la Commission Thélot sur la création d’une Commission Educative et celle des IGEN sur la fonction d’un « médiateur parent » dans chaque école ou établissement renforcent ce dispositif.

 

  • Le deuxième point concerne les sanctions, l’évaluation et l’orientation des élèves.

Plus de la moitié des conflits parents/enseignants sont relatifs aux champs de l’évaluation des résultats, des punitions et des sanctions (mal comprises et souvent mal expliquées). A l’école primaire, ce sont les principales sources de difficultés.

Au collège bien que présentes, elles sont considérées comme secondaires face à la décision d’orientation vécue dans un certain nombre de cas comme "injuste", "inique " par les parents, et prise de façon "technocratique" et surtout informatique par les gestionnaires du système scolaire territorial.(5) Un des résultats de cette situation est d’"éloigner" encore plus certains parents de l’école publique, de ses valeurs et de la considérer comme un « monstre froid » qui ne tient compte en aucune façon du choix des enfants et de leur famille. Une autre conséquence est l’image négative et même répulsive qu’ont les parents des filières professionnelles et technologiques.

Pour atténuer ces chocs et amorcer une autre politique, la participation active des parents est indispensable. Sur le registre évaluation, punition, sanction, celle-ci peut se situer pour eux à deux niveaux : d’une part connaître les compétences à acquérir et leurs évaluations régulières, et d’autre part avoir été associés à la rédaction du règlement intérieur ou à la charte de vie de l’établissement.

Les techniques modernes de communication devraient permettre des échanges et un suivi réguliers entre l’établissement et les parents.

Quant aux problèmes récurrents de l’orientation et le système mis en place pour en corriger les "erreurs" – que certains qualifient au regard de la mobilisation et des moyens nécessaires et des… résultats obtenus, "d’usine à gaz"- certaines pistes déjà expérimentées pourraient offrir des perspectives intéressantes.

Elles tournent toutes autour de la mise en place d’une véritable éducation à l’orientation (qui peut commencer dès le cycle 3) construite sur un triangle d’acteurs interactifs, enseignants, élèves, parents. L’axe majeur est centré sur l’élève à travers la notion de psychopédagogie du projet personnel (connaissances de soi, découverte des métiers en liaison avec les stades d’apprentissage …). Projet qui nécessite pour sa réalisation, la programmation de cycles de formation et d’information (parents et enseignants) ainsi que la création d’un lieu permanent d’écoute et de dialogue. L’objectif final étant qu’en fin de scolarité, le choix de l’orientation de l’élève soit en parfaite concordance avec celui des parents et celui de l’établissement.(6)

 

Il faut noter que ce type de démarche est issu de réflexions et de propositions d’inspecteurs généraux responsables de ce secteur qui la considéraient comme la plus porteuse de progrès tant pour les individus que pour l’efficacité du système éducatif.

 

  • L’école ouverte aux parents.

Cette proposition, déjà expérimentée avec succès, participe à la construction de la base préalable et fondamentale de toute coopération parents/école : la confiance et le respect réciproques. (7)

L’opération École ouverte est un dispositif qui incite surtout les collèges – mais pouvant accueillir les élèves des écoles primaires du même quartier -à ouvrir leur porte pendant une partie des vacances pour offrir du soutien scolaire mais aussi des activités sportives, culturelles et de loisirs. L’école s’inscrit ainsi comme un service public de proximité ouvert sur le quartier et les familles.

L’objectif est ici d’élargir cette démarche aux parents d’élèves pour leur permettre de découvrir de façon active et responsable l’école en dehors du strict temps scolaire.

Il ne s’agit nullement d’une école pour parents mais d’un lieu de rencontre, d’échanges, de soutien (gratuit) destiné à :

    • construire un corpus commun de valeurs éducatives à l’école et aux familles,

    • connaître le sens, les missions et le fonctionnement de l’établissement scolaire,

    • utiliser les compétences parentales pour l’organisation des activités proposées aux jeunes,

    • servir de relais et d’intermédiaire avec les professionnels, socio-éducatifs et de santé, partenaires de l’éducation,

    • initier ou développer des pratiques culturelles, sportives, technologiques pour les parents,

    • mettre en place des activités ludiques et récréatives communes aux adultes et aux jeunes qui soient des moments privilégiés de reconstruction ou d’affermissement des liens familiaux,

    • créer les conditions propices, pour certains parents, en voie de marginalisation à une requalification sociale et citoyenne,

    • rétablir ou établir pour les jeunes l’image parentale dans son statut de référent symbolique et de repère social et affectif,

– promouvoir l’école comme un espace de négociation et de lutte contre la ségrégation

– prendre en compte le rôle de l’école dans la construction de l’image de quartier et dans son action sur son peuplement et des relations entre groupes sociaux.

A noter toutefois pour le développement de cette politique deux obstacles de taille : des moyens financiers insuffisants et la responsabilité permanente du chef d’établissement.

 

  • Les lieux privilégiés de dialogues et d’échanges.

Quelles que soient la bonne volonté de chacun des partenaires et l’importance de leurs efforts pour créer ce partenariat, une condition quasi sine qua non s’impose. L’existence d’un ou de lieux permanents ou puissent non seulement se rencontrer les acteurs mais surtout d’élaborer, suivre et évaluer les actions décidées en commun. Sans cette permanence, les actions mises en œuvre ont tendance à perdre de leur cohérence et à s’étioler. De plus, le lien organique les rattachant à l’école s’effiloche progressivement jusqu’à se rompre, avec notamment pour conséquence et dans certains cas, le "retour à la case départ" et la déception, voire la frustration des acteurs qui réintègrent "leur camp" et pratiquent, au mieux, la norme relationnelle dominante.

Pour mettre en place ces lieux,(8) deux voies selon le contexte local et l’histoire de l’établissement, nous paraissent possibles. L’une extérieure à l’école, mais toute proche, tant par sa situation géographique que par ses objectifs, l’autre à l’intérieur même de l’établissement, non pas reléguée dans un "local", ou "réduit" mais (puisque reconnue comme "acteur éducatif" participant au fonctionnement de l’établissement et à la réussite des élèves) dans un espace suffisamment important et confortable pour créer les conditions optima de dialogues, d’échanges parents/enseignants. Une piste intéressante et à développer pour ce type de structure est la création à l’initiative conjointe des responsables des trois acteurs principaux, parents d’élèves, enseignants, équipe de direction, d’une association qui s’insère dans le dispositif officiel du "réseau d’appui, d’écoute et de soutien aux parents".

Quant à la structure extérieure, qui adhère aussi à ce réseau sur la base d’une Charte et concerne aussi bien les écoles que les établissements du second degré, son objectif est de "restructurer les liens école/familles". Sa spécificité et son efficacité résident dans son lien permanent avec les écoles et les établissements scolaires de proximité. Ce sont les directeurs d’école, les chefs d’établissement, les enseignants qui alertent, saisissent l’association des difficultés particulières d’un élève et ensuite s’engagent à participer à son suivi.

Les champs d’intervention s’organisent autour de trois pôles : mettre en place et animer un travail partenarial, offrir un espace de formations et de recherches, développer le travail de concertation et de prévention par une activité de réseau.

Ce type d’approche d’aide à la parentalité est propice à des accords conventionnels avec non seulement les établissements scolaires mais aussi les inspections d’académie et les rectorats.

Ils sont construits plus particulièrement sur deux axes :

    • le soutien au personnel de l’Éducation nationale (toutes catégories) dans leurs relations avec les familles centré sur l’acquisition des savoirs par l’élève ;

    • la formation de ces personnels sur le thème générique de la relation école/famille et de son importance pour les apprentissages scolaires. (9)

 

  • La formation des enseignants.

L’ensemble des dispositifs précités dépend en bonne partie pour sa mise en œuvre et sa réussite de la connaissance qu’ont les futurs enseignants du « Monde des parents d’élèves »de leurs attentes, de leurs besoins ainsi que du niveau de connaissance des «  codes »de fonctionnement du système éducatif. Dans ce but il est apparu nécessaire de construire un module de formation sur ce champ avec la collaboration étroite des formateurs de l’I.U.F.M avec les Fédérations de Parents d’élèves ainsi que des représentants de personnels de terrain les plus concernés chefs d’établissement, enseignants, personnels d’éducation et médico-social ,conseiller d’orientation psychologue…la première expérimentation de ce dispositif a été mise en œuvre à l’I.U.F.M de Créteil.

Enfin dans un souci de faciliter la mise en œuvre de ces propositions dans le paysage actuel et flou des pratiques arborescentes parents/école, il nous a semblé pertinent des présenter une grille d’analyse, sorte de guide qui pourrait d’une part permettre aux acteurs concernés de mieux appréhender le mode de collaboration sur lequel ils fonctionnent et d’autre part, après cette prise de conscience et clarification, leur offrir la connaissance d’évolutions possibles.

Pour ce faire, nous nous appuyons, en l’adaptant à la culture française, au modèle théorique de relations "parents-école-communauté", élaboré par Joyce L.Epstein (2004). Six modes de coopération sont répertoriés :

 

  • le mode « parental » (parenting) pour aider les familles dans leur rôle de soutien et les écoles dans leur compréhension des familles ;

  • le mode « communicant » (communicating) pour informer les familles sur les progrès de l’élève et les programmes ;

  • le mode « implicant » (volunteering) pour impliquer les familles et organiser le soutien aux élèves ;

  • le mode « répétiteur » (learning at home) pour aider les familles à s’impliquer dans les apprentissages à la maison ;

  • le mode « participatif » (décision making) pour inclure les familles dans les prises de décision, à l’école, dans l’administration et dans toute structure associative ;

  • le mode « coordonnateur social » (collaborating with community) pour coordonner les ressources et les services aux élèves, aux familles et à l’école, avec les entreprises, services et groupes. (Epstein,2004)

CONCLUSION

En réponse à la question du titre, il paraît maintenant possible de répondre que l’évolution actuelle tend vers la notion de «parent client». Ne serait-ce pas, faute pour ce dernier, de pouvoir être un partenaire à part entière de l’Ecole ?

Toutefois avant de conclure, une précaution fondée sur une réalité et un constat s’impose : la population de parents d’élèves est loin d’être homogène et «le parent d’élève» tel qu’il apparaît dans les enquêtes ou sondages n’existe pas. Tous ces travaux en donnent une image moyenne quasiment abstraite. Et pourtant, ils nous sont particulièrement utiles car ils indiquent des tendances et enregistrent des évolutions de pratiques et de comportements.

Cette précision faite, il nous semble avoir apporté quelques "éléments de preuves" à l’origine de ce fameux "malentendu" et de ses conséquences, d’une part sur le comportement des trois principaux acteurs de l’école (élèves, enseignants et familles) : démotivation, perte de repères, du sens des valeurs de la société, repli "communautaire" et d’autre part, sur la légitimité et la crédibilité du système éducatif public.

Face à cette situation, qui nourrit particulièrement l’échec scolaire et le développement de la violence à l’école mais aussi un certain corporatisme et un délitement des liens sociaux nous avons modestement proposé quelques pistes d’action concrètes ayant prouvé leur efficacité.

Toutefois pour comprendre le véritable enjeu que représente ce partenariat, il faut le resituer au niveau sociétal. La relation famille/école est devenue un "fait signifiant" de l’évolution de la société française. Ce phénomène émergent marque le besoin de responsabilisation des parents dans l’éducation de leurs enfants et la nécessité d’établir un véritable dialogue avec les enseignants. C’est un signe fort de l’élévation du niveau d’éducation, de conscience et de compétence des parents. Ne pas le prendre en compte, risque de fragiliser la cohérence du lien social qui trouve (encore) sa source dans l’école publique, les principes de la République, en un mot dans la laïcité.

1) "Les Français et leur École, le miroir du débat" Dunod 2004

"La place et le rôle des parents dans l’école" (IGEN/IGAEN 2006)

2) Ces propositions sont issues d’une expérimentation nationale menée par la mission interministérielle chargée de la relation Famille/École, suivie et évaluée par l’I.N.R.P.

3) "Une École sans violences ?" Georges FOTINOS, Jacques FORTIN – Hachette éducation 2000

4) L’expérimentation précitée concernait Epinay sur Seine (les classes de grandes sections des six écoles maternelles). Noisy le Grand un groupe scolaire (maternelle et élémentaire et un Collège), Champigny, (un Collège)

5) La loi d’orientation sur l’éducation de juillet 1989 stipule que "le choix de l’orientation est de la responsabilité des familles ou de l’élève quand celui-ci est majeur et dans son rapport annexé affirme la primauté de l’élève "nul ne peut décider à sa place"

6) L’expérimentation de ce dispositif s’est déroulée à Montreuil (un Collège), Aulnay sous bois (un Collège), District scolaire de Guingamp (huit Collèges, deux Lycées)

7) Expérimentation à Champigny sur Marne (un Collège), Paris (un Collège), Gonesse (un Collège)

8) Expérimentation à Saint Ouen l’Aumône par le Centre de proximité de ressources "Ecole et Famille" (primaire et secondaire) et par la Municipalité de Saint Fons (primaire), Sarcelles (un Collège), Champigny sur Marne (un Collège)

9) Expérimentation du 1er module de formation à la relation avec les parents IUFM Créteil/Bonneuil

 

Print Friendly

Répondre