In Exclusion.be – avril 2014 :
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L’asbl Infor Jeunes Laeken tire la sonnette d’alarme : entre 2012 et 2013, 2.184 élèves mineurs ont été exclus définitivement de leur école. Un chiffre relativement stable, malheureusement. En 2011-2012, on enregistrait 2.078 exclusions définitives et 762 refus d’inscriptions (élèves qui terminent leur année dans une école mais ne peuvent plus s’y réinscrire à la rentrée ) signalés – sur base volontaire, ce qui nous laisse penser que tous les cas ne sont pas connus – dans les écoles organisées ou subventionnées par la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Un boom des exclusions après le mois de janvier
Ce qui inquiète l’association, c’est le moment que choisissent les écoles pour procéder à ces exclusions. Certaines attendraient le mois de janvier pour mettre les procédures en route. Les jours qui suivent les vacances de Pâques sont aussi très prisés.
Bien sûr, en théorie, l’école est tenue d’accompagner le jeune et ses parents dans la recherche d’un nouvel établissement scolaire. Dans la pratique, cela s’avère parfois plus compliqué. Certaines directions se contentent de communiquer une liste d’autres écoles situées dans le même réseau. Et après ? C’est bien souvent le parcours du combattant. Fort logiquement, ces enfants ne retrouvent pas facilement leur place dans le système scolaire, même si chaque chef d’établissement qui ne peut inscrire un élève qui en fait la demande doit lui remettre une attestation qui reprend les motifs de ce refus.
Notons qu’une copie du dossier disciplinaire de l’élève est systématiquement envoyée à la Commission zonale des inscriptions. Cette dernière pourra proposer l’inscription de l’élève dans une autre école. Elle peut également imposer à une école d’inscrire un élève. Mais cela prend parfois du temps… Tantôt quelques jours, tantôt un mois ou davantage. Conséquence : pour des centaines de jeunes, l’obligation scolaire n’est plus respectée.
Les écoles se montrent pourtant plus tolérantes
Mais sur quels motifs se basent les exclusions ? Les incivilités, tout d’abord. Et puis le refus de l’autorité, la perturbation systématique des cours, l’attitude négative face au travail et l’incitation à l’indiscipline. Il faut en général plusieurs faits (et donc une accumulation) pour motiver l’exclusion définitive d’un élève : 5,4 en moyenne en 2012-2013 (contre 3,9 l’année passée… ce qui nous laisse penser que, malgré ces chiffres sévères, l’école se montre plus souple et plus tolérante).
Les élèves ainsi éjectés le seraient donc pour de petits faits qui mériteraient d’autres types de réponses. Nombreux sont ceux qui pointent du doigt l’absence de toute vertu pédagogique dans cette sanction qui a pour seul avantage de déplacer le problème, en l’occurrence ici l’élève.
Pourquoi ne pas lancer le débat… et essayer de redéfinir la notion de « fait grave » ? Est-ce l’insulte, l’insolence, la violence physique, les intimidations verbales vis-à-vis des condisciples ou du professeur ? Certaines écoles mettent-elles en place des sanctions alternatives ? Ne devrait-on pas prévoir une date butoir après laquelle l’exclusion ne serait plus possible (une date connue des élèves ?)… et maintenir l’élève exclu dans l’établissement scolaire tant qu’il n’est pas réinscrit ? Quid de la formation des enseignants (et des futurs enseignants) à la gestion du stress et des situations de conflits ?